Le 02 Octobre 2008
Il y a vraiment des fois ou je me demande comment je fais pour avoir : soit autant la tête en l’air soit autant la poisse. Nous sommes le 2 Octobre 2008, par une fraîche soirée d’automne (j’ai rallumé le chauffage aujourd’hui) et j’ai envie de jeter mon ordinateur par la fenêtre. Disons plutôt que j’ai envie de lui ouvrir le ventre pour récupérer mon carnet de route.
Il n’y a rien de pire, pour les gens qui aiment écrire, que de perdre le fruit de leur travail. Bien que je ne considère pas cela comme un travail; ce serait plutôt une passion (ou une drôle d’habitude selon certains), bref, ce soir j’ai envie de hurler car je suis incapable d’ouvrir le carnet de route de mon voyage en Roumanie. Bien sur l’histoire ne débute pas là. Ayant emmené avec moi mon inséparable ordinateur portable, tout a commencé là bas. En effet, ce dernier ayant déjà bien bourlingué, et dans des conditions plutôt inadéquates pour ce genre d’appareil, Môsieur a décidé de rendre l’âme un soir de septembre. Bon vent mon ami tu auras été d’un très grand soutien. Heureusement mon amie Sanda avait chez elle un ordinateur en état de marche et c’est donc sur ce dernier que j’ai tapé mon récit.
Juste avant de rentrer je me suis envoyé ce dernier par mail afin de pouvoir récupérer les données en France pour pouvoir l’achever. Par sécurité (d’autres expériences malheureuses dues à de mauvaises manipulations m’ont désormais rendues plus prudente) j’ai sauvegardé le ficher sur ma clef USB …. Juste au cas où.
Grand bien me fasse aujourd’hui car ni l’une ni l’autre des solutions n’a fonctionné et je me retrouve avec un fichier illisible en «.docx » je ne sais quoi. Impossible de l’ouvrir, même en recherchant sur Internet et me voila donc l’écran rempli de petits cubes narquois qui me donnent autant la nausée que si j’étais restée trop longtemps devant un tableau de Vasarely. Non pas que je n’aime pas cet artiste, artiste talentueux, aixois de surcroît, c’est juste que la fois ou j’avais visité son musée j’en était ressorti avec un terrible mal de tête à force d’obliger mes yeux à voir des choses si différentes.
Mais revenons en à nos moutons, ou plutôt, à nos cubes. Je reste coi devant cet écran idiot qui ne me révèle rien. Où est donc la clef ? Ma mémoire étant ce qu’elle est, je serais bien incapable de retaper exactement le même texte. Hors, c’est dans l’instant que l’on écrit le mieux, au plus proche de nos émotions.
Me voilà condamnée aujourd’hui à fouiller dans ma mémoire ce que j’avais bien pu écrire à ce moment là. Une matinée de perdue … à moins que !!!
Flash back ….
Le 26 Septembre 2008, Marseille – Paris – Bucarest
Comme toute les fois où je pars en voyage mon corps se réveille à 4h du matin. Une habitude incontrôlable et un peu idiote. Ayant rendez vous à l’aéroport à 9h, je suis sortie dans la nuit prendre mon café et fumer ma cigarette. J’aime ce moment. Tout est paisible et les bruits de la nuit m’entourent. Il fait bon. Dans quelques heures, lorsque le soleil se lèvera, les températures chuteront et j’aurais froid. Là, maintenant, tout de suite, il fait doux, et une légère brise agite les feuilles encore présentes des platanes. L’écureuil doit dormir paisiblement. Il est trop tôt pour l’apercevoir.
Lentement je me prépare pour finalement arriver à l’aéroport en à l’heure pile. Pas de stress, pas de problèmes. Je suis sereine. Le reste du groupe est déjà là et je sens l’effervescence du stress pre-voyage monter. Les vols ne sont pas bons et on ne nous a finalement accordé que 50 kilos d’excédent de bagages au lieu des 150 prévus à l’origine. Mr Vouriot repartira donc avec 9 paquets. Ca fait mal au cœur, surtout à tous ceux qui ont mis toute leur énergie à faire ces colis.
Pour cette mission nous sommes 9. Il y a bien sur Paolo et Laurent, Patricia, Sonia, Marie-Pierre, Christophe, Alix, Yoann, moi (et madame Malchance qui est arrivée sans crier gare). On s’en serait bien passé mais que voulez vous, elle n’est pas du genre à céder la place. Donc, avec notre lot de malchance nous avons du (en plus de laisser plusieurs colis sur place) nous séparer car il y avait des problèmes de charge. 3 d’entre nous sont donc partis sur le CDG de 10h45. Quant au reste du groupe, nous avons du transiter par Orly. Transiter par Orly ça sous entend récupérer ses bagages à l’arrivée (180 kilos), les mettre dans le bus qui fait la liaison Orly-CDG, prier pour que le bus ne tarde pas trop à venir et ne soit pas complet. Une fois dans le bus, croiser les doigts pour qu’il n’y ai pas trop d’embouteillages.
Ca n’est qu’une fois arrivés à CDG que l’on peut commencer à souffler (enfin pas encore puisqu’il faut encore s’enregistrer sur le vol CDG-Bucarest. Il faut donc : refaire la queue, réenregistrer les bagages, aller à la cantine acheter un sandwich (mais les employés sont en grève), opter pour un café-clope au lieu d’un sandwich à 10€ (et oui, les finances sont ce qu’elles sont) et ça n’est qu’une fois tout cela terminé que l’on peut respirer un peu …. Juste avant de passer la douane, la sécurité, et attendre de savoir si nous pouvons partir (ou pas) sur le vol tant attendu. Une fois confirmés on nous annonce 20 minutes de retard. Les corps s’affaissent et les yeux deviennent vitreux. Tout le monde a un coup de barre, moi la première. On est encore en France et ça fait bientôt 12h que je suis debout ! Je profite d’être assise dans le bus pour faire une micro sieste réparatrice ce qui fait que je n’ai plus du tout sommeil une fois à bord.
Le voyage me semble long alors qu’il ne dure que 2h30. Nous arrivons à 20h20 heure locale à Bucarest, il fait 15°C.
Le frère Anton et la sœur Lucia nous attendaient à l’arrivée. Le transfert des bagages dans les véhicules est rapide. Nous sommes estomaqués par la réactivité du frère Anton. Si nous avions été à Ouaga, on en serait encore à se souhaiter la traditionnelle « bonne arrivée ».
Nous nous répartissons dans les différents logements prévus après avoir récupéré Sanda qui avait les clefs.
Samedi 27 Septembre 2008, Bucarest
Nous avions RDV avec le Frère Anton à 9h45 afin d’aller voir son centre. Tous les enfants ayant participé à la colonie d’été à Bucarest étaient présents. Ce sont des enfants issus de quartier défavorisés de Bucarest qui trouve dans ce foyer du réconfort à travers les amitiés qui se tissent et les activités qu’ils peuvent réaliser avec ce groupe. Aujourd’hui ce sont 30 jeunes qui profitent de ce centre géré par les Frères Franciscains. Parmi tous ces jeunes, 2 frères sont parrainés par GDJ due à l’extrême précarité de leur cellule familiale. Nous avons passé une excellente journée avec tous ces enfants. Nous avons passé la matinée à visionner les photos de leur camp de cet été puis, après avoir un peu joué ensemble nous avons déjeuné dans le centre. On nous avait préparé un beau buffet et les enfants se sont jetés sur le coca bien sur.
Le frère Anton avait tout prévu pour que nous partions visiter la maison du peuple et un RDV avait été fixé mais bien évidemment comme cette fois ci il semblerait que rien ne soit simple (que ce soit en France ou en Roumanie), il a reçu un appel ce matin disant que nous ne pouvions venir aussi nombreux, que le groupe devait être composé de 20 personnes maximum et qu’il fallait envoyer un fax …. Bien évidemment la visite fut annulée! Le plan B du Frère Anton à été de nous emmener visiter une église orthodoxe puis d’aller faire un tour au musée d’histoire roumain …. Nous voilà donc tous partis en tram direction le centre …. Pour finalement nous retrouver au musée qui exceptionnellement était fermé car il y avait une foire/exposition sur le tourisme roumain dans le hall central. Nous avons fait un petit tour puis sommes partis dans le parc qui jouxte la maison du peuple. Les enfants y ont joué un moment jusqu’à ce que le froid commence à s’infiltrer et nous avons alors emprunté le chemin du retour. Enfin Christophe et moi car les plus courageux sont partis rendre visite aux sœurs Félicitas et Stefania pour lesquelles GDJ a financé la colonie de Parul Rece, au mois d’août. Les sœurs gèrent le centre social « Casa Geppetto », situé à Radauti, au nord du pays (à la frontière ukrainienne), il a pour mission, d'aider les enfants pauvres, d’améliorer leur qualité de vie et de diminuer l'abandon scolaire. Il propose également aux enfants et à leur famille plusieurs services : des activités éducatives, scolaires, la possibilité de prendre une douche, un repas, la possibilité de laver leurs vêtements, ainsi qu’une assistance médicale. Moi je meure littéralement de sommeil et en profite pour faire une méga sieste.
Le soir nous nous sommes tous retrouvés pour un petit apéro dans un des appartements puis nous sommes allés manger dans un restaurant de cuisine traditionnel un peu ... disons ... spécial! Visiblement grand amateur de chasse et de Moyen-Âge le restau est rempli de tapisseries (d’origine ?), de peaux de bêtes étalées au sol ou placardées au mur et d’animaux empaillés. Heureusement nous n’avions pas la table de l’ours qui est si proche qu’il semblerait qu’il pourrait manger dans votre assiette. Un groupe de musiciens roumains est venu jouer pendant le dîner. Nous sommes rentrés à pied dans le froid un peu piquant. Petit verre de vin tranquille dans la cuisine à papoter avec Sanda avant d’aller se coucher.
Dimanche 28 Septembre 2008, Bucarest
Aujourd’hui nous sommes allés acheter des cigarettes au Salegros pour tout le groupe pendant que ce dernier partait avec le frère Anton visiter un monastère qui se trouve dans la périphérie de la ville. Je me met à taper mon journal (il était temps!) et cela m’occupe le reste de la matinée. Petit tour dans le vieux centre avec Christophe et Sanda puis nous rejoignons les autres pour le dîner.
Lundi 29 Septembre 2008, Bucarest – Paris – Marseille
Je passe ma matinée à régler différents détails comme faire des photos d’identité pour que Paolo puisse faire faire mon visa pour le Burkina, continuer mon carnet et me l’envoyer par mail, faire ma valise, aller dans la rue après avoir laissé les clefs de chez Sanda, remonter en courant car je me suis aperçue que j’étais sortie avec ses tongs et que j’avais laissé mes chaussure en haut (heureusement Filip était là !) … tout ça pour être à midi pétante au RDV fixé avec les autres. Nous empruntons le chemin du retour en direction de l’aéroport … ce fût un très bref voyage. Le voyage de retour sera long car avec le retard du premier avion nous raterons tous (sauf Alix et Yoann qui ont courus comme des dératés) le vol de correspondance et nous devrons zoner dans CDG pendant plus de 3h. Résultat, 12h de voyage aussi au retour.
samedi 8 novembre 2008
Brésil - Mission Mai 2008 1ère partie
Mardi 6 mai 2008, Marseille – CDG – Rio de Janeiro, Brésil
Parce qu’il y a des jours ou rien ne va … parce que ce matin, à part le fait que je me sois réveillée naturellement à 3h51, juste un peu avant que mon portable ne sonne, tout allait de travers. Parce que pour des raisons peu raisonnable j’ai le cœur en berne, parce que ce matin en voulant ne pas faire de bruit tout m’a échappé des mains, parce que même le temps, à l’égal de mon humeur était maussade et qu’il pleuvait sur les toits comme sur mon cœur. Pour toutes ces raisons je suis arrivée d’une humeur peu agréable à l’aéroport.
J’ai donc rejoins Paolo, Laurent et Patricia et nous nous sommes envolés pour Rio via CDG avec 250 kilos de bagages. Grâce aux nombreuses connaissances de Paolo nous avons été surclassés en business ce qui, pour un vol de 11h est un élément non négligeable. J’ai fait plus ample connaissance avec Patricia car lors de notre première rencontre à Ouagadougou, le nombre important des participants ne permettait pas d’apprendre à tous se connaître. Nous nous sommes découvertes et elle m’a surtout écouté car, comme si le flot de mes mots pouvait faire disparaître mon mal être, j’ai ouvert les robinets, noyant ainsi le poisson. C’était un peu un comme fuir le fait que je ne voulais pas parler et aurais préféré restée prostrée dans mon moi si triste. J’ai essayé de dormir mais mes larmes ont pris le relais et j’ai passé une bonne partie du vol à pleurer.
A l’arrivée à Rio nous avons passé plusieurs contrôles. Le premier un rayon X contrôlant les bagages à main, le classique passage de douane, la récupération des bagages puis un autre rayon X qui contrôlait tous les bagages en soute. Le tout prenant 2h. Un van nous attendait car avec tous ces bagages il aurait été trop compliqué de prendre des taxis et surtout moins sure. Il nous faudra environ 40 mns de route pour rejoindre la favela de Pavãosinho (le petit paon) ou nous attendait Sœur Marie Rose (carmélites du troisième ordre). Deux personnes ont transportés sur leur dos les 14 paquets que nous leur avions préparés pour les monter à la mission. Ensuite Alejandro nous a emmené chez Margarida chez qui nous avions fait une réservation. Sa pousada n’étant finalement pas libre elle nous emmena dans un de ses appartements. Le grand luxe, nous avons chacun notre chambre, cuisine lave linge et tutti quanti ! Pour le prix à payer nous verrons demain. Margarida nous a prêté 300.000 Reals pour pouvoir payer Alejandro (180.000 R) et voir venir demain matin puis elle a filé car elle était pressée.
Il est 21h, nous sommes tous dans nos chambres respectives, trop fatigués pour redescendre manger quoi que ce soit. On verra bien demain.
Le 7 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
La nuit fût parfaite. Réveillée sans aucune notion du temps je me suis levée car il faisait jour et que j’entendais du bruit. Il était 7h et tout le monde venait de se lever. Nous nous sommes préparé un bon petit déjeuner. Une jeune femme s’est présentée très étonnée de nous voir déjà attablés. Elle était là pour nous, nous apportant petits pains chauds et croissants locaux. Nous avons donc mangé avec plaisir avec vue sur un Corcovado ensoleillé. Un de ces petits moments de bonheur que nous offre la vie. Avec les premiers rayons du soleil mon cœur s’est un peu réchauffé et l’envie de descendre dans la rue est montée en moi. L’envie d’affronter Rio et ses rues bruyantes, d’être habillée en tenue estivale, d’entendre parler une langue étrangère que je ne comprends que vaguement. Vouloir découvrir la favela, envie d’autre chose, envie de ne plus penser à moi mais aux autres.
Nous descendons dans la rue vers 9h. Il fait 21°C. C’est parfait ! Nous allons tout d’abords faire du change. 1€ vaut 2.60 Reals et le 1$ vaut 1.60 ®. Nous avons rendez vous avec Sœur Marie Rose à 14h ce qui nous laisse tout le temps d’effectuer nos premiers achats. En effet Paolo veut ramener des maillot et des tongs pour les revendre afin de récolter l’argent dont nous avons besoin pour boucler nos divers projets notamment celui de Kamzaka. Nous allons donc Rua Santa Clara, 33 chez By Dina Maia. Là s’en suit une loooooooooooongue série d’essayage pour Patricia et moi …. Chacun y allant de son choix et préférence. Le prix moyen d’un bikini nous revenant à 11.5€. Monica la gentille vendeuse est bien contente de sa journée et du coup elle a fermé le magasin pour nous faire les paquets. Un problème de payement nous obligera à revenir et de toutes les façons nous avons terriblement faim et il est déjà 13h. Nous laissons donc un acompte et partons nous restaurer dans un Rodizio. Pour 17.9O® (boisson non inclue) on peu manger à volonté. Dans un rodizio le principe est simple. Chacun se sert au buffet puis se présente à votre table des jeunes gens munis de brochettes énormes de viandes. Les viandes sont juteuses à point et le ballet des serveurs incessant. C’est idéal pour les gros mangeurs ou les gens faisant un régime hyperprotéiné J !!!
Une petite marche digestive nous amène au pied de la favela où nous avons rendez vous avec Sœur Marie Rose car il faut absolument être accompagné pour pouvoir pénétrer dans le Moro (ce mot (mont) est utilisé pour désigner les favelas qui sont toutes construites sur le même modèle c’est à dire un enchevêtrement de maison construites à flan de colline). Le mot favela est très péjoratif ici et il faudra donc lui préférer celui de Moro afin de ne pas froisser la population locale.
Sœur Marie Rose est au rendez vous et nous pénétrons donc dans le Moro. Les premières marches passées nous franchissons le premier poste de « sécurité ». Je mets ici le mot sécurité entre parenthèse car en fait il s’agit de jeunes de la favela, armés, qui fument des pétards et sont en poste afin de prévenir leurs collègues de l’arrivée de la police. Ils sont deux et l’un d’entre eux porte un revolver dans son caleçon. Quelques marches plus haut, en jetant un coup d’œil furtif sur la gauche nous en verrons 4 de plus (dont un armé d’une kalachnikov) et il en est ainsi jusqu’aux dernières maisons de la favela.
Les rues ne sont qu’un dédale de bric et de broque, étroit et insalubre où cours des égouts noirs dont l’odeur vous saute à la gorge. Nous rentrons chez les sœurs, à l’abri, enfin si tant est que l’on puisse y être, à l’abri. En effet, ici rien n’est moins sure car d’un moment à l’autre tout peut basculer, comme il y a 15 jours : le mercredi Marie Rose nous a raconté que les policiers sont rentrés dans la favela et on tiré sur les réverbères afin de plonger le moro dans l’obscurité. Il paraît que l’on ne voyait plus que les flashs des tirs et de grenades. Le BOPE (bataillon des opérations policières spéciales) appelé ici la tropa de elite est un bataillon composé d’une centaines d’homme qui ont subit un entraînement impitoyable tant physique que moral afin de lutter contre le trafique de drogue omniprésent ici à Rio et plus particulièrement dans les favelas. La sœur nous a raconté la peur de cet intrusion, le bruit de l’hélicoptère qui sert à la traque et celle de la vue de l’imposant camion blindé estampé de la tête de mort aux deux pistolets, symbole plutôt évocateur de cette troupe sensée protéger les habitants de Rio. Chaque intrusion de ces policiers dans la favela évoque la mort qui, avec un peu de chance, atteint l’objet convoité (le caïd ou le trafiquant recherché) et avec moins de chance celles de personnes « innocentes ». En effet les balles perdues ne sont pas rares et de nombreuses personnes sont blessées ou tuées lors de ces raids. Au mois de février c’est 6 petites filles qui ont péri lors des affrontements entre la police et les trafiquants dans diverses favelas de la ville.
15 jours ce sont donc passés depuis cette « attaque » et depuis la sœur n’ose plus trop sortir quand la nuit tombe. Mais dans cette communauté extrêmement pauvre il semble que tous les malheurs du monde se soient rassemblés. En plus de la pauvreté, la drogue et les armes il y a en ce moment une épidémie de dengue. Il faut dire que toutes les conditions sont réunies pour que les moustiques prolifèrent dans l’opulence. Et comme si cela ne suffisait pas, le seul dispensaire qui pouvait offrir des soins a été fermé car les subventions du gouvernement ont été coupées. Il n’y a donc plus rien ici pour soigner les gens de cette communauté. Il ne leur reste plus qu’à mourir.
J’ai fait la connaissance de Sœur Marie Joseph qui est burkinabé. Les sœurs ne sont plus que 2 dans cette communauté car la troisième a été envoyée au Pérou dû à une santé fragile. Sœur Marie Jo vit ici depuis 11 ans et sœur Marie Rose depuis 2 ans (cette dernière est de Wallis et Futuna). Le départ de la 3ème sœur leur porte vraiment préjudice car le travail est immense et il est beaucoup plus difficile à gérer à deux. Elles ont demandé à Rome de leur envoyer quelqu'un mais il semblerait que leur communauté rechigne à envoyer plus de renfort, principalement à cause du manque de sécurité. Travailler ici n’est pas une sinécure.
J’aime le langage franc de sœur Marie Rose. Elle n’a pas la langue dans sa poche et la gestuelle appuie souvent sont découragement. Elles forment une équipe peu orthodoxe. Elles sont curieuses de tout, attendent des nouvelles avec l’avidité d’un enfant qui attendrait le père Noël et l’on sent bien que notre venu leur fait extrêmement plaisir. En effet, mis à part lorsqu’elles sont à l’extérieur, elles vivent en microcosme complet. Les visites sont rares (et aujourd’hui j’ai vraiment compris pourquoi), pour ne pas dire inexistantes. Elles posent donc des dizaines de questions et reconnaissent, non sans demander pardon à leur dieu, qu’elles sont curieuses comme des pies. Elles n’arrêtent pas de se charrier et de rire. C’est un plaisir de partager un moment avec ses femmes. Elles se livrent et nous parlent du découragement qui les assaille parfois, de leur envie parfois de tout envoyer balader, de leur impuissance par rapport à pleins de choses et puis aussi de leur force intérieur, force qu’elles puisent dans leur prières. Je n’ose imaginer dans quelle état elle peuvent être à certaines périodes et je les plaint.
Elles nous ont parlé de la PAC (Projet d’Aide aux Communautés), projet gouvernemental visant à modifier la favela. Ce projet par exemple vise à détruire des dizaines de maisons (dont la leur) afin de construire une route qui traverserait la favela, jetant ainsi des centaines de personnes à la rue. Elles nous ont raconté la loi du silence, la non communication entre le gouvernement et leur communauté (cette favela compte environ 25000 personnes), leur impuissance face à cette situation. Elles nous ont raconté les maternités précoces des filles de la favela. Il n’est pas rare de croiser une fille de 13 ans enceinte …. Du deuxième ou troisième enfant. Ici être grand-mère à 30 ans est presque une règle ….
Elles nous ont aussi parlé d’un projet (baptisé UNICOM) qu’elles ont mis en place avec une jeune fille de la favela (Vanessa) qui suit des cours de psychologie à l’université et qui, grâce à son acharnement, à réussi à faire venir des professeurs bénévoles dans la favela afin qu’ils assurent des cours de soutien scolaire, d’anglais, d’espagnol et de portugais. Les sœurs donnant des cours de persévérance (catéchisme pour ceux ayant effectué leur première communion afin qu’il puissent se préparer à la profession de foi). Ca fait 1 an déjà qu’elles ont mis le projet sur pied, seules, et que les cours sont dispensés 4 jours par semaine. Seulement elles manquent cruellement de soutien car leurs ressources sont maigres et, même si les professeurs sont bénévoles, elles mettent un point d’honneur à leur donner 50® (20€) par mois afin de participer symboliquement à leurs frais de déplacement et de communications téléphoniques. En effet ici personne de rentre dans la favela sans être accompagné et il faut qu’ils les appellent quand ils sont en bas afin que l’une d’entre elle viennent les escorter. Aujourd’hui 50 enfants et 30 adultes profitent de cet enseignement. Les sœurs se sont organisées pour trouver 3 salles afin de pouvoir accueillir ces derniers. Elles ont fourni chaises et tableau mais elles manquent de fournitures et matériel scolaire. Ce projet leur tient vraiment à cœur et c’est probablement pour cela qu’elles ont eu tellement de mal à nous demander notre aide. Nous leur avons assuré que si nous pouvions les aider nous le ferions mais pour cela il faut connaître les besoins réels et faire un devis. Elles étaient ravies de savoir que, même si nous ne pouvions pas leur assurer à 100% que nous pourrions les aider, nous ferions de notre mieux. Elles ont confiance en l’association et je suppose que le fait de savoir que oui, nous sommes là, derrière elle pour les soutenir, doit être un grand soulagement. J’essaye d’imaginer à quel point ça doit être dur et gênant d’avoir à demander de l’aide car, même si l’orgueil est un pêché capital je suppose que dans ce genre de situation on ne doit pas pouvoir s’empêcher d’en ressentir une pointe, pointe qui leur sera probablement pardonné … enfin … si jamais … bien sur !!!! Alors plus que de l’orgueil je considère ça comme un acte de courage.
Le 8 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Ce matin nous sommes allés un peu à la plage car nous n’avons rendez vous avec les sœurs qu’à 15h. Nous allons donc nous étendre sur la plage d’Ipanema chez Jorge et Cris à qui nous louons des chaises. Il fait un temps magnifique et le cadre est idyllique. L’eau bien que froide au début est délicieuse. C’est incroyable comme la mer est un élément apaisant. A chaque fois je suis envahie par une sorte de paix intérieure. En plus la compagnie des autres m’est fort agréable. Nous trinquons à la santé de Maya qui aurait aimé être avec nous pour cette mission et la caipirinha fini de nous plonger dans un état de béatitude presque total. Les garçons remontent à l’appartement pour préparer le déjeuner pendant que Patricia et moi profitons encore un peu de la plage. J’apprécie vraiment sa compagnie et bavarder avec elle.
Après le déjeuner nous allons à la favela. Les sœurs n’étant pas au rendez-vous nous devrons les appeler. Aujourd’hui au « poste de vigilance N°1 » c’est un garçon qui doit avoir à peine quinze ans munit d’une mitraillette qui nous décroche un grand sourire. Il a eu l’aval de ses frères qui squattent derrière un mur. Je me permets un « bonjour » auquel il répond volontiers. Je préfère encore me le mettre dans la poche et surtout qu’il grave nos visages dans son cerveau au cas où, pour X ou Y raisons nous serions amenés à le recroiser sans la présence des sœurs. C’est assez curieux comme sensation, je veux dire le fait de dire bonjour à un gamin armé trafiquant de drogue afin de s’en faire un « ami ». En fait ici ceux qui pourraient nous causer le plus tords sont les policiers car ici nous sommes sous la « protection » du caïd. En effet ils ont ordre de ne pas nous toucher puisque nous venons pour le bien de leur communauté. Donc, une fois qu’ils ont scannés nos visage nous sommes supposer ne plus rien risquer. Il en est tout autrement de la part des policiers pour plusieurs raisons. En effet nous pouvons très bien être pris pour des trafiquant, surtout que nous nous baladons souvent avec des sacs afin d’amener des choses aux sœurs. Donc, nous avons pour consigne, au cas on se retrouverait avec un flingue dans la nuque de crier que nous sommes « gringos » (c’est ce qui est arrivé à Laurent l’année dernière). Personnellement je me balade avec une photocopie de mon passeport afin de pouvoir prouver ma nationalité.
A peine arrivés chez les sœurs nous repartons à la découverte de la favela afin de pouvoir rendre visite aux familles qui connaissent l’équipe. Il paraît qu’ils appellent tous pour savoir si on est arrivés ou quand est ce qu’on repart car tout le monde veut nous voir.
Nous commençons donc notre ascension vertigineuse à travers des ruelles sombres et malodorantes. On monte des centaines de marches nous arrêtant dans diverses maisons dans lesquelles chacun met un point d’honneur à nous offrir un petit café, un gâteau, un coca ou n’importe quoi qui puisse nous montrer à quel point nous sommes les bienvenus.
Et c’est ainsi que je fais la connaissance de ces personnes merveilleuses, accueillantes et sympathiques. Chaque famille nous ouvre leur très humble demeure afin de nous garder l’espace d’un instant, instant qui sera gravé dans leur mémoire et dans nos cœurs. Chacun évoque le passé et les moments exceptionnels qu’ils ont passés lors des différentes missions de graine de joie ici ; comme par exemple cette excursion au Corcovado (ils avaient emmené plus de 60 enfants et adultes), cette journée à la plage ou n’importe quel geste ou attention qu’on ai pu leur prodiguer. Chacun de ces moments si particuliers est évoqué avec nostalgie mais surtout avec une immense gratitude. Comment ne pas tomber sous le charme de ses gens si simples et chaleureux !
Nous passerons environs 5h dans la favela profitant d’un point de vue magnifique une fois arrivés presque en haut du Morro. Nous n’irons pas jusqu’en haut car la nuit est tombée et l’on y voit rien. Au cours de notre « balade » nous rencontrerons plusieurs « postes de sécurité » mais celui qui m’a fait le plus rire est le jeune homme adossé au mur (toujours avec son flingue dans le caleçon) qui, avec la plus grand naturel nous dit « vous pouvez y aller, la zone est sécurisée ». C’est le monde à l’envers ! Plus nous montons plus nous apercevons de guetteurs mais notre œil novice a bien du mal à les repérer parfois. Celui des sœurs lui est affûté… à moins que ça ne soit parce qu’ils occupent toujours les même poste. Ils sont munis de talkie walkies.
Leur présence plus accrue me semblera plus évidente une fois que l’on m’aura expliqué pourquoi. En effet nous sommes presque au sommet maintenant et nous allons rendre visite à une certaine Maria. C’est une femme d’un certain âge et il y a chez elle 5 enfants plus mignons les uns que les autres. Nous sommes accueillis comme le messie. Maria est très contente de nous voir et sa joie m’impacte beaucoup. Je suis surprise par ma capacité à communiquer avec les brésiliens. Je ne me souvenais pas que nous nous comprenions si bien. Le petit dernier est un enfant magnifique, presque blanc avec de grandes boucles cuivrées. Paolo discrètement m’explique une fois sur la terrasse que la maison qui est juste à côté est celle du parrain actuel de la favela et qu’en fait, cet enfant si beau n’est autre que le fils de ce dernier qu’il a eu avec la fille de Maria. C’est donc pour cela qu’il y a tout ce confort à l’intérieur et que la petite nous mitraille avec son appareil photo numérique dernier cri. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il n’y ai pas de descente de la BOPE ce soir pendant que nous sommes là !
On passe un bon moment chez elle puis elle nous accompagne un petit bout de chemin. Nous empruntons donc le chemin du retour, de nuit et dans le noir. Il faut faire extrêmement attention car les escaliers sont raides, il n’y a que très rarement de rampes et les marches sont irrégulières. Nous passons par un « couloir » que Paolo déteste car en effet il a de cet endroit un très mauvais souvenir. Il y a deux ans un des trafiquants ayant pris Laurent pour cible s’était énervé et c’est grâce à l’intervention de la sœur que tout s’est arrangé. Partout dans la favelas les odeurs se mélangent mais mis à part celle des égouts la plus prédominante reste quand même celle de l’herbe ou du shit. Nous passons ce couloir sans encombre surtout que nous a rejoins Juliana et, comme elle fit partie de la famille du parrain c’est une protection supplémentaire. Je ne sais pas combien de marches nous avons gravit aujourd’hui, des centaines …. Et une fois arrivés chez les sœurs nous continuons notre descente afin de visiter d’autres familles. Nous allons voir Solayana, jeune fille de 18 ans. Elle s’est mariée samedi dernier avec un homme de 28 ans car elle est enceinte de 4 mois. Elle nous met le DVD de son mariage qui a été célébré dans la chapelle des sœurs, la fête ayant lieu dans la salle d’en bas. Cette fille est magnifique. Nous nous entassons donc tous sur le canapé ou parterre afin de regarder le film et je sens bien que les autres sont dans le même état que moi c’est à dire plus morts que vivants. Je me liquéfie sur place. Cette journée a été épuisante tant sur un plan physique que moral car marcher dans la favela est épuisant mais surtout parce que nous avons fait énormément de rencontres et que cela demande de l’énergie. Je suis vidée de mes forces et commence à me décrocher la mâchoire. C’est à celui qui baillera le plus. De retour chez les sœurs ces dernières nous offrent un encas sur lequel je me jette car non seulement j’ai un peu faim mais c’est surtout que je sais que je n’aurais pas la force de ressortir avec les autres puisqu’il faut que j’écrive mon carnet et que la tâche me semble insurmontable ce soir. Je sais qu’il faut que je le fasse car sinon il sera trop tard et je regretterai de ne pas avoir partagé cette expérience fantastique sur le plan humain avec ceux qui me lisent.
Il est 23h, les autres ne sont pas rentrés et je crois que je vais aller me coucher.
Parce qu’il y a des jours ou rien ne va … parce que ce matin, à part le fait que je me sois réveillée naturellement à 3h51, juste un peu avant que mon portable ne sonne, tout allait de travers. Parce que pour des raisons peu raisonnable j’ai le cœur en berne, parce que ce matin en voulant ne pas faire de bruit tout m’a échappé des mains, parce que même le temps, à l’égal de mon humeur était maussade et qu’il pleuvait sur les toits comme sur mon cœur. Pour toutes ces raisons je suis arrivée d’une humeur peu agréable à l’aéroport.
J’ai donc rejoins Paolo, Laurent et Patricia et nous nous sommes envolés pour Rio via CDG avec 250 kilos de bagages. Grâce aux nombreuses connaissances de Paolo nous avons été surclassés en business ce qui, pour un vol de 11h est un élément non négligeable. J’ai fait plus ample connaissance avec Patricia car lors de notre première rencontre à Ouagadougou, le nombre important des participants ne permettait pas d’apprendre à tous se connaître. Nous nous sommes découvertes et elle m’a surtout écouté car, comme si le flot de mes mots pouvait faire disparaître mon mal être, j’ai ouvert les robinets, noyant ainsi le poisson. C’était un peu un comme fuir le fait que je ne voulais pas parler et aurais préféré restée prostrée dans mon moi si triste. J’ai essayé de dormir mais mes larmes ont pris le relais et j’ai passé une bonne partie du vol à pleurer.
A l’arrivée à Rio nous avons passé plusieurs contrôles. Le premier un rayon X contrôlant les bagages à main, le classique passage de douane, la récupération des bagages puis un autre rayon X qui contrôlait tous les bagages en soute. Le tout prenant 2h. Un van nous attendait car avec tous ces bagages il aurait été trop compliqué de prendre des taxis et surtout moins sure. Il nous faudra environ 40 mns de route pour rejoindre la favela de Pavãosinho (le petit paon) ou nous attendait Sœur Marie Rose (carmélites du troisième ordre). Deux personnes ont transportés sur leur dos les 14 paquets que nous leur avions préparés pour les monter à la mission. Ensuite Alejandro nous a emmené chez Margarida chez qui nous avions fait une réservation. Sa pousada n’étant finalement pas libre elle nous emmena dans un de ses appartements. Le grand luxe, nous avons chacun notre chambre, cuisine lave linge et tutti quanti ! Pour le prix à payer nous verrons demain. Margarida nous a prêté 300.000 Reals pour pouvoir payer Alejandro (180.000 R) et voir venir demain matin puis elle a filé car elle était pressée.
Il est 21h, nous sommes tous dans nos chambres respectives, trop fatigués pour redescendre manger quoi que ce soit. On verra bien demain.
Le 7 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
La nuit fût parfaite. Réveillée sans aucune notion du temps je me suis levée car il faisait jour et que j’entendais du bruit. Il était 7h et tout le monde venait de se lever. Nous nous sommes préparé un bon petit déjeuner. Une jeune femme s’est présentée très étonnée de nous voir déjà attablés. Elle était là pour nous, nous apportant petits pains chauds et croissants locaux. Nous avons donc mangé avec plaisir avec vue sur un Corcovado ensoleillé. Un de ces petits moments de bonheur que nous offre la vie. Avec les premiers rayons du soleil mon cœur s’est un peu réchauffé et l’envie de descendre dans la rue est montée en moi. L’envie d’affronter Rio et ses rues bruyantes, d’être habillée en tenue estivale, d’entendre parler une langue étrangère que je ne comprends que vaguement. Vouloir découvrir la favela, envie d’autre chose, envie de ne plus penser à moi mais aux autres.
Nous descendons dans la rue vers 9h. Il fait 21°C. C’est parfait ! Nous allons tout d’abords faire du change. 1€ vaut 2.60 Reals et le 1$ vaut 1.60 ®. Nous avons rendez vous avec Sœur Marie Rose à 14h ce qui nous laisse tout le temps d’effectuer nos premiers achats. En effet Paolo veut ramener des maillot et des tongs pour les revendre afin de récolter l’argent dont nous avons besoin pour boucler nos divers projets notamment celui de Kamzaka. Nous allons donc Rua Santa Clara, 33 chez By Dina Maia. Là s’en suit une loooooooooooongue série d’essayage pour Patricia et moi …. Chacun y allant de son choix et préférence. Le prix moyen d’un bikini nous revenant à 11.5€. Monica la gentille vendeuse est bien contente de sa journée et du coup elle a fermé le magasin pour nous faire les paquets. Un problème de payement nous obligera à revenir et de toutes les façons nous avons terriblement faim et il est déjà 13h. Nous laissons donc un acompte et partons nous restaurer dans un Rodizio. Pour 17.9O® (boisson non inclue) on peu manger à volonté. Dans un rodizio le principe est simple. Chacun se sert au buffet puis se présente à votre table des jeunes gens munis de brochettes énormes de viandes. Les viandes sont juteuses à point et le ballet des serveurs incessant. C’est idéal pour les gros mangeurs ou les gens faisant un régime hyperprotéiné J !!!
Une petite marche digestive nous amène au pied de la favela où nous avons rendez vous avec Sœur Marie Rose car il faut absolument être accompagné pour pouvoir pénétrer dans le Moro (ce mot (mont) est utilisé pour désigner les favelas qui sont toutes construites sur le même modèle c’est à dire un enchevêtrement de maison construites à flan de colline). Le mot favela est très péjoratif ici et il faudra donc lui préférer celui de Moro afin de ne pas froisser la population locale.
Sœur Marie Rose est au rendez vous et nous pénétrons donc dans le Moro. Les premières marches passées nous franchissons le premier poste de « sécurité ». Je mets ici le mot sécurité entre parenthèse car en fait il s’agit de jeunes de la favela, armés, qui fument des pétards et sont en poste afin de prévenir leurs collègues de l’arrivée de la police. Ils sont deux et l’un d’entre eux porte un revolver dans son caleçon. Quelques marches plus haut, en jetant un coup d’œil furtif sur la gauche nous en verrons 4 de plus (dont un armé d’une kalachnikov) et il en est ainsi jusqu’aux dernières maisons de la favela.
Les rues ne sont qu’un dédale de bric et de broque, étroit et insalubre où cours des égouts noirs dont l’odeur vous saute à la gorge. Nous rentrons chez les sœurs, à l’abri, enfin si tant est que l’on puisse y être, à l’abri. En effet, ici rien n’est moins sure car d’un moment à l’autre tout peut basculer, comme il y a 15 jours : le mercredi Marie Rose nous a raconté que les policiers sont rentrés dans la favela et on tiré sur les réverbères afin de plonger le moro dans l’obscurité. Il paraît que l’on ne voyait plus que les flashs des tirs et de grenades. Le BOPE (bataillon des opérations policières spéciales) appelé ici la tropa de elite est un bataillon composé d’une centaines d’homme qui ont subit un entraînement impitoyable tant physique que moral afin de lutter contre le trafique de drogue omniprésent ici à Rio et plus particulièrement dans les favelas. La sœur nous a raconté la peur de cet intrusion, le bruit de l’hélicoptère qui sert à la traque et celle de la vue de l’imposant camion blindé estampé de la tête de mort aux deux pistolets, symbole plutôt évocateur de cette troupe sensée protéger les habitants de Rio. Chaque intrusion de ces policiers dans la favela évoque la mort qui, avec un peu de chance, atteint l’objet convoité (le caïd ou le trafiquant recherché) et avec moins de chance celles de personnes « innocentes ». En effet les balles perdues ne sont pas rares et de nombreuses personnes sont blessées ou tuées lors de ces raids. Au mois de février c’est 6 petites filles qui ont péri lors des affrontements entre la police et les trafiquants dans diverses favelas de la ville.
15 jours ce sont donc passés depuis cette « attaque » et depuis la sœur n’ose plus trop sortir quand la nuit tombe. Mais dans cette communauté extrêmement pauvre il semble que tous les malheurs du monde se soient rassemblés. En plus de la pauvreté, la drogue et les armes il y a en ce moment une épidémie de dengue. Il faut dire que toutes les conditions sont réunies pour que les moustiques prolifèrent dans l’opulence. Et comme si cela ne suffisait pas, le seul dispensaire qui pouvait offrir des soins a été fermé car les subventions du gouvernement ont été coupées. Il n’y a donc plus rien ici pour soigner les gens de cette communauté. Il ne leur reste plus qu’à mourir.
J’ai fait la connaissance de Sœur Marie Joseph qui est burkinabé. Les sœurs ne sont plus que 2 dans cette communauté car la troisième a été envoyée au Pérou dû à une santé fragile. Sœur Marie Jo vit ici depuis 11 ans et sœur Marie Rose depuis 2 ans (cette dernière est de Wallis et Futuna). Le départ de la 3ème sœur leur porte vraiment préjudice car le travail est immense et il est beaucoup plus difficile à gérer à deux. Elles ont demandé à Rome de leur envoyer quelqu'un mais il semblerait que leur communauté rechigne à envoyer plus de renfort, principalement à cause du manque de sécurité. Travailler ici n’est pas une sinécure.
J’aime le langage franc de sœur Marie Rose. Elle n’a pas la langue dans sa poche et la gestuelle appuie souvent sont découragement. Elles forment une équipe peu orthodoxe. Elles sont curieuses de tout, attendent des nouvelles avec l’avidité d’un enfant qui attendrait le père Noël et l’on sent bien que notre venu leur fait extrêmement plaisir. En effet, mis à part lorsqu’elles sont à l’extérieur, elles vivent en microcosme complet. Les visites sont rares (et aujourd’hui j’ai vraiment compris pourquoi), pour ne pas dire inexistantes. Elles posent donc des dizaines de questions et reconnaissent, non sans demander pardon à leur dieu, qu’elles sont curieuses comme des pies. Elles n’arrêtent pas de se charrier et de rire. C’est un plaisir de partager un moment avec ses femmes. Elles se livrent et nous parlent du découragement qui les assaille parfois, de leur envie parfois de tout envoyer balader, de leur impuissance par rapport à pleins de choses et puis aussi de leur force intérieur, force qu’elles puisent dans leur prières. Je n’ose imaginer dans quelle état elle peuvent être à certaines périodes et je les plaint.
Elles nous ont parlé de la PAC (Projet d’Aide aux Communautés), projet gouvernemental visant à modifier la favela. Ce projet par exemple vise à détruire des dizaines de maisons (dont la leur) afin de construire une route qui traverserait la favela, jetant ainsi des centaines de personnes à la rue. Elles nous ont raconté la loi du silence, la non communication entre le gouvernement et leur communauté (cette favela compte environ 25000 personnes), leur impuissance face à cette situation. Elles nous ont raconté les maternités précoces des filles de la favela. Il n’est pas rare de croiser une fille de 13 ans enceinte …. Du deuxième ou troisième enfant. Ici être grand-mère à 30 ans est presque une règle ….
Elles nous ont aussi parlé d’un projet (baptisé UNICOM) qu’elles ont mis en place avec une jeune fille de la favela (Vanessa) qui suit des cours de psychologie à l’université et qui, grâce à son acharnement, à réussi à faire venir des professeurs bénévoles dans la favela afin qu’ils assurent des cours de soutien scolaire, d’anglais, d’espagnol et de portugais. Les sœurs donnant des cours de persévérance (catéchisme pour ceux ayant effectué leur première communion afin qu’il puissent se préparer à la profession de foi). Ca fait 1 an déjà qu’elles ont mis le projet sur pied, seules, et que les cours sont dispensés 4 jours par semaine. Seulement elles manquent cruellement de soutien car leurs ressources sont maigres et, même si les professeurs sont bénévoles, elles mettent un point d’honneur à leur donner 50® (20€) par mois afin de participer symboliquement à leurs frais de déplacement et de communications téléphoniques. En effet ici personne de rentre dans la favela sans être accompagné et il faut qu’ils les appellent quand ils sont en bas afin que l’une d’entre elle viennent les escorter. Aujourd’hui 50 enfants et 30 adultes profitent de cet enseignement. Les sœurs se sont organisées pour trouver 3 salles afin de pouvoir accueillir ces derniers. Elles ont fourni chaises et tableau mais elles manquent de fournitures et matériel scolaire. Ce projet leur tient vraiment à cœur et c’est probablement pour cela qu’elles ont eu tellement de mal à nous demander notre aide. Nous leur avons assuré que si nous pouvions les aider nous le ferions mais pour cela il faut connaître les besoins réels et faire un devis. Elles étaient ravies de savoir que, même si nous ne pouvions pas leur assurer à 100% que nous pourrions les aider, nous ferions de notre mieux. Elles ont confiance en l’association et je suppose que le fait de savoir que oui, nous sommes là, derrière elle pour les soutenir, doit être un grand soulagement. J’essaye d’imaginer à quel point ça doit être dur et gênant d’avoir à demander de l’aide car, même si l’orgueil est un pêché capital je suppose que dans ce genre de situation on ne doit pas pouvoir s’empêcher d’en ressentir une pointe, pointe qui leur sera probablement pardonné … enfin … si jamais … bien sur !!!! Alors plus que de l’orgueil je considère ça comme un acte de courage.
Le 8 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Ce matin nous sommes allés un peu à la plage car nous n’avons rendez vous avec les sœurs qu’à 15h. Nous allons donc nous étendre sur la plage d’Ipanema chez Jorge et Cris à qui nous louons des chaises. Il fait un temps magnifique et le cadre est idyllique. L’eau bien que froide au début est délicieuse. C’est incroyable comme la mer est un élément apaisant. A chaque fois je suis envahie par une sorte de paix intérieure. En plus la compagnie des autres m’est fort agréable. Nous trinquons à la santé de Maya qui aurait aimé être avec nous pour cette mission et la caipirinha fini de nous plonger dans un état de béatitude presque total. Les garçons remontent à l’appartement pour préparer le déjeuner pendant que Patricia et moi profitons encore un peu de la plage. J’apprécie vraiment sa compagnie et bavarder avec elle.
Après le déjeuner nous allons à la favela. Les sœurs n’étant pas au rendez-vous nous devrons les appeler. Aujourd’hui au « poste de vigilance N°1 » c’est un garçon qui doit avoir à peine quinze ans munit d’une mitraillette qui nous décroche un grand sourire. Il a eu l’aval de ses frères qui squattent derrière un mur. Je me permets un « bonjour » auquel il répond volontiers. Je préfère encore me le mettre dans la poche et surtout qu’il grave nos visages dans son cerveau au cas où, pour X ou Y raisons nous serions amenés à le recroiser sans la présence des sœurs. C’est assez curieux comme sensation, je veux dire le fait de dire bonjour à un gamin armé trafiquant de drogue afin de s’en faire un « ami ». En fait ici ceux qui pourraient nous causer le plus tords sont les policiers car ici nous sommes sous la « protection » du caïd. En effet ils ont ordre de ne pas nous toucher puisque nous venons pour le bien de leur communauté. Donc, une fois qu’ils ont scannés nos visage nous sommes supposer ne plus rien risquer. Il en est tout autrement de la part des policiers pour plusieurs raisons. En effet nous pouvons très bien être pris pour des trafiquant, surtout que nous nous baladons souvent avec des sacs afin d’amener des choses aux sœurs. Donc, nous avons pour consigne, au cas on se retrouverait avec un flingue dans la nuque de crier que nous sommes « gringos » (c’est ce qui est arrivé à Laurent l’année dernière). Personnellement je me balade avec une photocopie de mon passeport afin de pouvoir prouver ma nationalité.
A peine arrivés chez les sœurs nous repartons à la découverte de la favela afin de pouvoir rendre visite aux familles qui connaissent l’équipe. Il paraît qu’ils appellent tous pour savoir si on est arrivés ou quand est ce qu’on repart car tout le monde veut nous voir.
Nous commençons donc notre ascension vertigineuse à travers des ruelles sombres et malodorantes. On monte des centaines de marches nous arrêtant dans diverses maisons dans lesquelles chacun met un point d’honneur à nous offrir un petit café, un gâteau, un coca ou n’importe quoi qui puisse nous montrer à quel point nous sommes les bienvenus.
Et c’est ainsi que je fais la connaissance de ces personnes merveilleuses, accueillantes et sympathiques. Chaque famille nous ouvre leur très humble demeure afin de nous garder l’espace d’un instant, instant qui sera gravé dans leur mémoire et dans nos cœurs. Chacun évoque le passé et les moments exceptionnels qu’ils ont passés lors des différentes missions de graine de joie ici ; comme par exemple cette excursion au Corcovado (ils avaient emmené plus de 60 enfants et adultes), cette journée à la plage ou n’importe quel geste ou attention qu’on ai pu leur prodiguer. Chacun de ces moments si particuliers est évoqué avec nostalgie mais surtout avec une immense gratitude. Comment ne pas tomber sous le charme de ses gens si simples et chaleureux !
Nous passerons environs 5h dans la favela profitant d’un point de vue magnifique une fois arrivés presque en haut du Morro. Nous n’irons pas jusqu’en haut car la nuit est tombée et l’on y voit rien. Au cours de notre « balade » nous rencontrerons plusieurs « postes de sécurité » mais celui qui m’a fait le plus rire est le jeune homme adossé au mur (toujours avec son flingue dans le caleçon) qui, avec la plus grand naturel nous dit « vous pouvez y aller, la zone est sécurisée ». C’est le monde à l’envers ! Plus nous montons plus nous apercevons de guetteurs mais notre œil novice a bien du mal à les repérer parfois. Celui des sœurs lui est affûté… à moins que ça ne soit parce qu’ils occupent toujours les même poste. Ils sont munis de talkie walkies.
Leur présence plus accrue me semblera plus évidente une fois que l’on m’aura expliqué pourquoi. En effet nous sommes presque au sommet maintenant et nous allons rendre visite à une certaine Maria. C’est une femme d’un certain âge et il y a chez elle 5 enfants plus mignons les uns que les autres. Nous sommes accueillis comme le messie. Maria est très contente de nous voir et sa joie m’impacte beaucoup. Je suis surprise par ma capacité à communiquer avec les brésiliens. Je ne me souvenais pas que nous nous comprenions si bien. Le petit dernier est un enfant magnifique, presque blanc avec de grandes boucles cuivrées. Paolo discrètement m’explique une fois sur la terrasse que la maison qui est juste à côté est celle du parrain actuel de la favela et qu’en fait, cet enfant si beau n’est autre que le fils de ce dernier qu’il a eu avec la fille de Maria. C’est donc pour cela qu’il y a tout ce confort à l’intérieur et que la petite nous mitraille avec son appareil photo numérique dernier cri. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il n’y ai pas de descente de la BOPE ce soir pendant que nous sommes là !
On passe un bon moment chez elle puis elle nous accompagne un petit bout de chemin. Nous empruntons donc le chemin du retour, de nuit et dans le noir. Il faut faire extrêmement attention car les escaliers sont raides, il n’y a que très rarement de rampes et les marches sont irrégulières. Nous passons par un « couloir » que Paolo déteste car en effet il a de cet endroit un très mauvais souvenir. Il y a deux ans un des trafiquants ayant pris Laurent pour cible s’était énervé et c’est grâce à l’intervention de la sœur que tout s’est arrangé. Partout dans la favelas les odeurs se mélangent mais mis à part celle des égouts la plus prédominante reste quand même celle de l’herbe ou du shit. Nous passons ce couloir sans encombre surtout que nous a rejoins Juliana et, comme elle fit partie de la famille du parrain c’est une protection supplémentaire. Je ne sais pas combien de marches nous avons gravit aujourd’hui, des centaines …. Et une fois arrivés chez les sœurs nous continuons notre descente afin de visiter d’autres familles. Nous allons voir Solayana, jeune fille de 18 ans. Elle s’est mariée samedi dernier avec un homme de 28 ans car elle est enceinte de 4 mois. Elle nous met le DVD de son mariage qui a été célébré dans la chapelle des sœurs, la fête ayant lieu dans la salle d’en bas. Cette fille est magnifique. Nous nous entassons donc tous sur le canapé ou parterre afin de regarder le film et je sens bien que les autres sont dans le même état que moi c’est à dire plus morts que vivants. Je me liquéfie sur place. Cette journée a été épuisante tant sur un plan physique que moral car marcher dans la favela est épuisant mais surtout parce que nous avons fait énormément de rencontres et que cela demande de l’énergie. Je suis vidée de mes forces et commence à me décrocher la mâchoire. C’est à celui qui baillera le plus. De retour chez les sœurs ces dernières nous offrent un encas sur lequel je me jette car non seulement j’ai un peu faim mais c’est surtout que je sais que je n’aurais pas la force de ressortir avec les autres puisqu’il faut que j’écrive mon carnet et que la tâche me semble insurmontable ce soir. Je sais qu’il faut que je le fasse car sinon il sera trop tard et je regretterai de ne pas avoir partagé cette expérience fantastique sur le plan humain avec ceux qui me lisent.
Il est 23h, les autres ne sont pas rentrés et je crois que je vais aller me coucher.
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Brésil - Mission Mai 2008 2ème partie
Le 9 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Levée aux aurores (6h15) j’ai traîné jusqu’à ce que les autres se lèvent. Après un bon petit dej nous partons à l’assaut des boutiques du centre. C’est monstrueux l’énergie qu’il faut déployer pour faire les boutiques. Entre les transports et le shoping nous passerons 6 heures à piétiner. Mon dos cri « au secours » et nous rentrons, Laurent et moi, complètement liquéfiés, pendant que Paolo et Patricia finalisent leurs emplettes.
« El Centro » c’est le royaume du brouhaha où se bouscule une foule frénétique venue pour faire des affaires car ici on peut acheter de tout pour pas cher. Entre autre il y a le magasin Caçula, enseigne mythique pour les cariocas car ici on trouve TOUT pour faire les costumes pour le carnaval, des chaussure aux paillettes en passant par les plumes, plus magnifiques les unes que les autres. Une odeur saisissante de naphtaline règne au rayon plume et ses dernières sont gardées comme un trésor digne des rois d’Espagne. Les vieilles maisons du XVIII sont en souffrance et de gros travaux de restauration des façades seraient bénéfiques. De part le monde qui circule, les rues ressemblent aux avenues françaises à la veille de Noël. Nous nous arrêtons dans un des traditionnel lanchonete, pour siroter un de leur délicieux jus de fruit.
Après le déjeuner tardif nous faisons une tentative pour aller à la plage mais il y a du vent et nous avons froid. Retour au bercail pour faire les comptes et préparer les bagages afin de ne pas être pris de cours ce week-end.
Après un petit apéro qui finira de nous achever nous ressortons juste en bas de la maison au Via Sete, afin d’y manger un excellent filet de bœuf. Je rentre à la maison tandis que les autres partent se balader à Copacabana.
Le 10 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Nous avions rendez vous à 17h à la paroisse de la Resureção car le père Roberto souhaitait nous voir. Finalement nous ne l’apercevrons que quelques minutes avant qu’il ne célèbre la messe. MarieJo demande à Patrick, un des enfants de la favela de nous accompagner là-haut afin que nous puissions assister à l’office de 18h30 car les enfants de la chorale seront présents. Comme nous sommes en avance, nous allons voir le marché artisanal. En fait ce sont des mamans de la favela qui se sont regroupées et ont investi l’ancien dispensaire. Chacune fabrique des petits objets selon ses moyens et son talent afin de toucher quelques revenus. On y trouve des figurines en pâte à sel, des boucles d’oreille, des chaussons en crochet, des savons etc. Je trouve ça chouette que chacune se mobilise pour essayer de s’en sortir et, même si cela reste dérisoire, au moins elles s’occupent et cela leur permet de sortir un peu de leur quotidien souvent morose, parfois violent.
Alors que nous étions à l’intérieur il y a un ado armé qui est rentré. Il nous a surveillé un moment puis est ressorti sans rien dire. Après avoir acheté 3 babioles nous sommes rentrés dans l’église pour assister à la messe qui n’a rien à voir avec les célébrations catholiques en France. On est loin des chichi-ponpons des messes françaises. Ici tout le monde chante, tape dans les mains et participe. C’est fou le nombre d’enfants qui participent à cette célébration. L’église est pleine, c’est un peu le foutoir comparé à la France, il y en a qui sortent, d’autres qui rentrent, ici on ne se retourne pas pour voir qui arrive en retard. Chacun vient quand il veut et surtout quand il le peut. D’ailleurs, pendant la messe, le garçon armé de tout à l’heure est venu faire un tour et je ne suis pas sure que ce soit pour y communier.
Nous sommes à l’honneur ainsi que les mères de familles car demain c’est la fête des mères au Brésil. A la sortie nous saluons beaucoup de monde. Des enfants que connaissent Paolo et Laurent arrivent pour les saluer. Ils ont visiblement bien grandi. Ca doit être chouette effectivement de suivre le parcours de ses gosses.
Paolo m’a parlé de William : un jeune footballeur très prometteur qui a été repéré par les belges. Ils croyaient tellement en lui qu’il se sont débrouillés pour le faire venir en Europe. Malheureusement il a été contrôlé positif (drogue) lors de la visite médicale et ils l’ont renvoyé au Brésil. Le gosse a mal tourné et fait désormais parti de la bande qui contrôle aujourd’hui la favela. Ici c’est vraiment le problème majeur. La misère est telle que les gosses ne veulent pas s’ennuyer à faire des études pour s’en sortir et, quand bien même le voudraient-ils ils n’en auraient pas les moyens financièrement. Donc, comme ici on vit au jour le jour, le plus simple est encore de dealer. L’argent et rapide et « facile » mais on-t-ils seulement conscience du danger ? Ils savent que leur amis meurent, qu’ils sont même parfois torturés (j’ai entendu des choses horribles comme ces gens que l’on met dans des bacs remplis d’eau et que l’on électrocute ou encore les méthodes peu orthodoxes des BOPE qui étouffent leurs victimes avec des sacs en plastique pour leur faire cracher le nom de leur chef) …. Et pourtant … rien ne pourrait les empêcher de gagner 3 sous rapidement.
Après la messe le père et Marie Rose décident de nous sortir. Nous passons à l’église de la Resureção afin qu’il se change et hop le col blanc disparaît). Nous rencontrons le père Roberto qui est en réunion chez lui avec des jeunes puis nous repartons en direction de Copacabana. Nous sommes au Barril 1800, un restaurant de cuisine traditionnelle où ils jouent de la musique. Le père nous choisi plusieurs plats typiques et on arrose le tout allègrement de Caipirinha. Arrivés à la moitié Paolo et moi sommes saouls. C’est la première fois de ma vie que je mange du cœur de palmier frais c’est à dire présenté dans le tronc coupé en deux et grillé au barbecue. Nous rentrons à pied afin de digérer (non sans avoir souhaité une bonne nuit à nos deux compères). Je m’écroule comme une masse.
Le 11 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Paolo et Laurent sont partis assister à la messe de 9h. En bonne feignante laïque que je suis j’ai préféré rester à la maison. Patricia s’étant proposé de me ternir compagnie (c’est beau la solidarité féminineJ). Nous avions donné rendez vous en bas de la favela à 10h15 afin qu’on vienne nous chercher. C’est un jeune garçon qui passe nous prendre.
Aujourd’hui c’est le grand bazar au sens propre et figuré du mot. En effet, avec tous les bagages que nous avons emmenés, plus tous ceux que Graines de joie leur fait passer via des amis qui viennent à Rio, les sœurs se sont constitué un véritable trésor de vêtements et ont organisé un grand bazar. Cet évènement à plusieurs atouts. Le premier et majeur et de permettre aux gens de la favela de s’habiller pour pas cher. Les revenus étant faibles voir quasi inexistant, il est toujours difficile pour eux de se fournir en vêtements. Ici tout coûte entre 2 et 5 ® (entre 1 et 2€). L’autre avantage non négligeable est celui de permettre aux sœurs de se constituer un petit pécule qui les aidera dans leurs projets. Rien que la journée a rapporté 640® (246€). A l’ouverture à 10h c’était paraît-il comme les jours des soldes aux galeries Lafayette. Tout le monde se bousculait à la porte. Il y a avait de tout et pour tout le monde : des vêtements de bébés en passant par les chaussures et les sacs. Ils avaient tous l’air content !
Après le bazar nous avons été invités à un churrasco. Une partie des femmes de la communauté nous ont préparé un repas délicieux et c’est Rogelio, le mari de Wanda qui préparait le barbecue. Nous avons donc partagé un excellent moment avec eux. A 15h nous avons du nous échapper car nous devions partir pour l’aéroport. Nous avons donc pris le taxi pour l’appart ou nous attendait Maragarida. A 16h nous quittions la rue Visconte do Piraja en direction de l’aéroport. Les autres sont en R1. En ce qui me concerne je ne sais pas si je pars alors Laurent me donne le numéro des sœurs au cas où. Elles m’ont dis que je pouvais rester chez elles sans aucun problème au cas où je ne partirai pas. Il n’y a pu qu’à croiser les doigts !
Le 12 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Comment pourrais-je trouver les mots pour décrire l’angoisse, la peur et cette sensation d’impuissance que j’ai pu ressentir hier soir. Comment peut on expliquer aux autres véritablement ce que l’on ressent quand on ne sait plus quoi faire. Quand toutes les idées qui traversent notre esprit ne sont plus qu’un sac de nœud … quand on a l’impression que rien ne va et qu’on n’arrive pas à trouver une solution ! Pour la première fois de ma vie je me suis sentie vraiment mal par rapport à une situation que je ne savais pas gérer. Mais plus que cette situation en soi je me suis surtout sentie très très seule. Si encore j’avais eu quelqu'un à mes côtés …
Paolo et les autres ayant embarqué je me suis retrouvée toute seule. Non pas que la chose en soi m’effraye, j’en ai l’habitude. C’est plutôt de ne pas savoir où j’allais qui commençait à m’angoisser. Les sœurs m’avaient bien proposé de m’héberger dans la favela au cas où je ne pourrais embarquer mais je n’arrivais pas à les joindre depuis l’aéroport. Hors, je ne pouvais me présenter seule avec ma valise à roulette qui me donnait cet air de « allez y dépouillez moi ». En plus de nuit ! Je discute avec 4 garçons qui eux aussi se sont fait débarquer mais ils font leur vie et prennent un taxi pour aller dans un hôtel à Flamengo. Je me retrouve donc complètement seule et les options qui se présentent à moi n’ont pas lieu de me rassurer. La première serait d’arriver à joindre les sœurs, de prendre un bus et qu’elles viennent me chercher … mais elles ne répondent ni au fixe ni au portable … la deuxième serait de retourner à l’église car le père m’a aussi proposé de m’héberger mais je n’ai pas de contact téléphonique et je ne sais pas si l’église est encore ouverte à cette heure ci …. Il ne me resterait plus qu’à me présenter directement avec l’espoir accroché au cœur qu’elle le soit. La troisième serait de contacter Margarida, qui nous a loué l’appart mais elle est injoignable et je ne peux même pas me pointer chez elle puisque je n’ai pas prêté attention à son adresse. C’est ça le problème de voyager en groupe, j’ai baissé mes défenses et mon attention, mon sens de l’orientation a été réduit à néant et j’en suis devenue distraite. Dieu sait que je m’en suis voulu ce soir de m’être laissée bercer par la facilité. Résultat je suis dans la merde jusqu’au cou et je ne peux m’en prendre qu’à moi même.
Au fur et à mesure de mes essais téléphoniques pour joindre les uns et les autres mon désespoir prend place. J’essaye de garder la tête froide et de penser à d’autres solutions. Il y aurait bien ce type d’hospitality club mais je n’ai pas son téléphone, le guide du routard ... je l’ai laissé à l’appart car je ne pensais pas en avoir besoin …. Aller au Sofitel et demander de l’aide à la réception … bof … mais ça aurait été l’option en dernier recours car je ne voulais absolument pas traîner mes guêtres la nuit seule dans Rio sachant que je ne peux faire confiance à personne qu’à moi même. J’ai le moral dans les chaussettes et décide de prendre le bus pour Copacabana. 6.5®, envie de pleurer incluse. Pendant l’heure et demi de trajet j’essaye comme une frénétique de joindre les sœurs … en vain.
Plus le bus roule plus je suis angoissée. Que vais-je faire une fois arrivée. J’aimerais pouvoir dormir dans ce bus. Je voudrais juste ne pas être dans la rue à cette heure tardive. Je maudis ma valise cabine. Une larme s’échappe de mes yeux et le monsieur a côté de moi me demande ce qui se passe. Je lui raconte mes malheurs et je lui dis que la seule solution serait d’aller à l’église en espérant qu’elle soit ouvert et il me demande quelle église …. Nostra Senhora da Copacabana … mais je ne connais pas l’adresse exacte. Il me propose de m’y emmener puisqu’il ne descend pas loin. Nous voilà donc partis à pied pour finalement arriver en 5 minutes sauf que là, je réalise que je ne suis pas à la bonne église … mais alors pourquoi lui ai-je donné se nom puisque je n’y ai jamais mis les pieds ??? je suis stupéfaite et à la fois surprise quand à ce qu’il a pu penser de moi … cela restera un grand mystère. Quoi qu’il en soit je réfléchi un peu et le nom de la bonne église me revient en mémoire … Igleja da Resurreçao … mais je ne connais pas l’adresse exacte. Des vieilles dames qui étaient là lui donnent l’adresse tant recherchée et me proposent de prendre le bus numéro 455 …. Je ne tiens plus en place et ne désire qu’une chose c’est monter dans un taxi et filer là-bas voir si mon calvaire pouvait s’achever. Je ne veut plus perdre de temps avec encore des bus qui prennent trois plombes … au plus tôt j’arriverai au plus j’aurais de chance de trouver les portes de l’église ouvertes. Le jeune homme me fait monter dans un taxi et parle avec le chauffeur … La course ne l’intéresse pas et il me fait sortir de sa voiture. Il négociera ferme avec un deuxième taxi qui finira par m’emmener au point voulu mais il se trompe en tournant dans la rue et je fais le reste du chemin à pied, en « priant » pour qu’il ne m’arrive rien …. Je retiens ma respiration pour faire les 10 derniers mètres … mon cœur est prêt à lâcher … ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii … il y a de la lumière et les portes sont ouvertes !!!!! MERCI MERCI MERCI !!! J’explique tant bien que mal la situation au gardien mais c’est quand je vois arriver le mari de Christiana que je mes nerfs lâchent et que je met a pleurer de soulagement …. Je pleure et rigole en même temps trop heureuse de me savoir entre de bonnes mains. Nous rigolons de l’absurdité de cette expérience. Tout se règle rapidement : après avoir réussi à joindre les sœurs, c’est Marie Rose qui viendra me chercher. Je passerai la nuit chez elles bien au chaud après avoir dîné avec elles et papoté jusqu’à minuit.
J’ai dormi comme un bébé me sachant en lieu « sur » … oui petite recommendation quand même, si jamais j’entend des affrontements ou des tirs il faut que je reste allongée dans ma chambre car c’est la pièce la plus sure de la maison. Rassurant tout ça ! Mais hier j’étais loin de penser à tout ça.
Levée à 8h30 j’ai pris le petit déjeuner avec les sœurs puis je suis descendue au bazar pour aider Marie Jo à sortir de nouveaux vêtements et à remettre de l’ordre. Hier elle a vendue pour 100€ de marchandises. Après le déjeuner je redescend prendre le bus (toujours 6.5®, les larmes en moins) pour l’aéroport. Une fois de plus je me fais débarquer sur le vol mais cette fois ci le retour à la favela se fera dans le calme puisque j’ai bien les bons numéros et que je sais où les trouver.
De retour à la maison vers 19h je me mets donc sur internet afin de voir l’état des vols et je m’aperçois qu’il reste un R1 sur le vol de demain à 19h. Je saute dessus comme la misère sur les pauvres gens car sinon je vais être bloquée ici jusqu’à la fin du mois. Ca ne me dérange pas outre mesure de rester ici. C’est même plutôt agréable mais ce sont les va et vient qui sont fatigants car en fait je perds mon après midi. Demain donc je partirai tranquillement sachant que cette fois c’est pour de bon.
Le soir je pars dîner avec Marie Rose. Elle me racontera son expérince en tant que religieuse, le pourquoi et le comment, les doutes et l’acharnement …. Ce fût une excellente soirée. Nous nous couchons vers minuit.
Le 13 Mai 2008, Rio de Janeiro – Paris – Marseille
Aujourd’hui je me suis autorisé une bonne grasse mat. Je crois que le soulagement de savoir que je suis sure de partir m’aide à me reposer complètement. J’ai donc mis mon réveil à 9h30 de manière à être prête lorsque Marie Rose reviendra de la messe à 10h. Je tiens à profiter de mon dernier jour avec elles.
Nous réussissons à convaincre Mariejo de nous accompagner à la plage. Cette dernière après s’être reposée ce matin voulait ouvrir le bazar. Un des arguments décisif a été que l’on ne se reverrait pas avant un moment et que le bazar pouvait bien attendre un peu. Alors j’ai une l’impression d’être un peu le diable qui pousse à la feignantise mais après tout elles sont tout le temps à la disposition des gens et elles méritent bien un peu de repos. En effet, même les jours de repos elles sont sollicitées tout le temps (pendant qu’on petit déjeunait toutes les 2 il y en a qui sont venus taper à la porte). Nous l’avons donc convaincu de se joindre à nous et nous sommes allées passer 1h sur la plage d’Ipanema. Pour Marie Rose c’est important la mer. Après tout, elle a beau être rentrée dans les ordres, elle n’en reste pas moins wallisienne et toute son enfance a été bercée par la mer. Nous voilà donc partie à l’assaut des vagues qui sont aujourd’hui importantes et tous les surfeurs sont de sortie.
Après le déjeuner je me charge de leur graver les photos de mon séjour afin qu’elles en ai un bon souvenir de ce dernier puis je me prépare tranquillement. A 15h30 je descend prendre le bus (encore !) direction l’aéroport. Le trajet prendra une bonne heure et demie car il y avait un accident. Ca me fait bizarre quand même cette fois de savoir que c’est pour de bon. Petit point à l’estomac.
Je passe sans problèmes toutes les embûches liées à un embarquement (douane, filtres de sécurité etc…) et décide de rentrer dans les premiers puisque le vol est prévu complet et que je tiens à avoir de la place pour mon bagage. 10 minutes après avoir posé mon séant un jeune homme se présente en me disant « vous êtes bien au 22A ? » … ben oui, c’est ce qui est marqué sur ma carte …. Il y avait donc un double seating ce qui m’a permis de voyager en business après changement. C’est cool finalement le double seating !
Le 14 Mai 2008, Aix-en-Provence, France
Je rentre à la maison vers 15h30 après avoir effectué ma correspondance sans problèmes. Je suis crevée mais contente d’être là aussi. Après tout, c’est mon anniversaire aujourd’hui !
Voilà le projet que GRAINES DE JOIE a finançé lors de cette mission. Nous nous penchons maintenant sérieusement sur le projet UNICOM monté par Vanessa
FAVELA
PAVAO PAVONSINO
RIO DE JANEIRO
PROJET N° 2
PAROISSE DE LA RESSURECTION
PROJET: CAPACITE POUR LE TRAVAIL
ANNEE 2008
INTRODUCTION
Ce projet s’articule autour de l’éducation des adolescents de la favela de Pavao-Pavaosinho afin qu’ils puissent accéder à un premier emploi.
Depuis quelques années le processus d’apprentissage d’un métier a déjà été mis en place dans cette paroisse. L’expérience démontre largement que les élèves qui ont bénéficié de ce projet ont pu arriver au développement de leur capacité humaine et ont eu la possibilité d’entrer dans la vie professionnelle. De fait, ils ont vu s’éloigner le marginalisation, provoqué par l’ambiance de leur environnement (ce sont des jeunes qui vivent dans les favelas de beaucoup de quartiers de Rio de Janeiro).
LES BIENFAITEURS DU PROJET
Le gouvernement de l’état de Rio de Janeiro collabore au projet par la mise à disposition d’une assistante sociale, d’une secrétaire et d’un professeur.
L’église participe avec des bénévoles qui donnent des cours de portugais mathématique et religion, en dehors du temps scolaire.
NECESSITE ACTUELLE
La rapidité du processus de globalisation et d’informatisation des entreprises exige un minimum de connaissance informatique. Nous envisageons les besoins de développer un cours d’informatique qui aide environ 60 jeunes entre 14 et 16 ans inscrits dans ce projet.
Les cours seront donnés trois fois par semaine avec des dix élèves car nous n’avons que 10 ordinateurs.
Le prix par professeur est de 100 real par cours (10 real par élève).
Coût global en euros : 2700€
Le projet dure trois mois avec des cours de lundi à vendredi de 8 h du matin à midi.
L’évaluation du même projet sera réalisée par la Paroisse et par le représentant du gouvernement de l’Etat.
Levée aux aurores (6h15) j’ai traîné jusqu’à ce que les autres se lèvent. Après un bon petit dej nous partons à l’assaut des boutiques du centre. C’est monstrueux l’énergie qu’il faut déployer pour faire les boutiques. Entre les transports et le shoping nous passerons 6 heures à piétiner. Mon dos cri « au secours » et nous rentrons, Laurent et moi, complètement liquéfiés, pendant que Paolo et Patricia finalisent leurs emplettes.
« El Centro » c’est le royaume du brouhaha où se bouscule une foule frénétique venue pour faire des affaires car ici on peut acheter de tout pour pas cher. Entre autre il y a le magasin Caçula, enseigne mythique pour les cariocas car ici on trouve TOUT pour faire les costumes pour le carnaval, des chaussure aux paillettes en passant par les plumes, plus magnifiques les unes que les autres. Une odeur saisissante de naphtaline règne au rayon plume et ses dernières sont gardées comme un trésor digne des rois d’Espagne. Les vieilles maisons du XVIII sont en souffrance et de gros travaux de restauration des façades seraient bénéfiques. De part le monde qui circule, les rues ressemblent aux avenues françaises à la veille de Noël. Nous nous arrêtons dans un des traditionnel lanchonete, pour siroter un de leur délicieux jus de fruit.
Après le déjeuner tardif nous faisons une tentative pour aller à la plage mais il y a du vent et nous avons froid. Retour au bercail pour faire les comptes et préparer les bagages afin de ne pas être pris de cours ce week-end.
Après un petit apéro qui finira de nous achever nous ressortons juste en bas de la maison au Via Sete, afin d’y manger un excellent filet de bœuf. Je rentre à la maison tandis que les autres partent se balader à Copacabana.
Le 10 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Nous avions rendez vous à 17h à la paroisse de la Resureção car le père Roberto souhaitait nous voir. Finalement nous ne l’apercevrons que quelques minutes avant qu’il ne célèbre la messe. MarieJo demande à Patrick, un des enfants de la favela de nous accompagner là-haut afin que nous puissions assister à l’office de 18h30 car les enfants de la chorale seront présents. Comme nous sommes en avance, nous allons voir le marché artisanal. En fait ce sont des mamans de la favela qui se sont regroupées et ont investi l’ancien dispensaire. Chacune fabrique des petits objets selon ses moyens et son talent afin de toucher quelques revenus. On y trouve des figurines en pâte à sel, des boucles d’oreille, des chaussons en crochet, des savons etc. Je trouve ça chouette que chacune se mobilise pour essayer de s’en sortir et, même si cela reste dérisoire, au moins elles s’occupent et cela leur permet de sortir un peu de leur quotidien souvent morose, parfois violent.
Alors que nous étions à l’intérieur il y a un ado armé qui est rentré. Il nous a surveillé un moment puis est ressorti sans rien dire. Après avoir acheté 3 babioles nous sommes rentrés dans l’église pour assister à la messe qui n’a rien à voir avec les célébrations catholiques en France. On est loin des chichi-ponpons des messes françaises. Ici tout le monde chante, tape dans les mains et participe. C’est fou le nombre d’enfants qui participent à cette célébration. L’église est pleine, c’est un peu le foutoir comparé à la France, il y en a qui sortent, d’autres qui rentrent, ici on ne se retourne pas pour voir qui arrive en retard. Chacun vient quand il veut et surtout quand il le peut. D’ailleurs, pendant la messe, le garçon armé de tout à l’heure est venu faire un tour et je ne suis pas sure que ce soit pour y communier.
Nous sommes à l’honneur ainsi que les mères de familles car demain c’est la fête des mères au Brésil. A la sortie nous saluons beaucoup de monde. Des enfants que connaissent Paolo et Laurent arrivent pour les saluer. Ils ont visiblement bien grandi. Ca doit être chouette effectivement de suivre le parcours de ses gosses.
Paolo m’a parlé de William : un jeune footballeur très prometteur qui a été repéré par les belges. Ils croyaient tellement en lui qu’il se sont débrouillés pour le faire venir en Europe. Malheureusement il a été contrôlé positif (drogue) lors de la visite médicale et ils l’ont renvoyé au Brésil. Le gosse a mal tourné et fait désormais parti de la bande qui contrôle aujourd’hui la favela. Ici c’est vraiment le problème majeur. La misère est telle que les gosses ne veulent pas s’ennuyer à faire des études pour s’en sortir et, quand bien même le voudraient-ils ils n’en auraient pas les moyens financièrement. Donc, comme ici on vit au jour le jour, le plus simple est encore de dealer. L’argent et rapide et « facile » mais on-t-ils seulement conscience du danger ? Ils savent que leur amis meurent, qu’ils sont même parfois torturés (j’ai entendu des choses horribles comme ces gens que l’on met dans des bacs remplis d’eau et que l’on électrocute ou encore les méthodes peu orthodoxes des BOPE qui étouffent leurs victimes avec des sacs en plastique pour leur faire cracher le nom de leur chef) …. Et pourtant … rien ne pourrait les empêcher de gagner 3 sous rapidement.
Après la messe le père et Marie Rose décident de nous sortir. Nous passons à l’église de la Resureção afin qu’il se change et hop le col blanc disparaît). Nous rencontrons le père Roberto qui est en réunion chez lui avec des jeunes puis nous repartons en direction de Copacabana. Nous sommes au Barril 1800, un restaurant de cuisine traditionnelle où ils jouent de la musique. Le père nous choisi plusieurs plats typiques et on arrose le tout allègrement de Caipirinha. Arrivés à la moitié Paolo et moi sommes saouls. C’est la première fois de ma vie que je mange du cœur de palmier frais c’est à dire présenté dans le tronc coupé en deux et grillé au barbecue. Nous rentrons à pied afin de digérer (non sans avoir souhaité une bonne nuit à nos deux compères). Je m’écroule comme une masse.
Le 11 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Paolo et Laurent sont partis assister à la messe de 9h. En bonne feignante laïque que je suis j’ai préféré rester à la maison. Patricia s’étant proposé de me ternir compagnie (c’est beau la solidarité féminineJ). Nous avions donné rendez vous en bas de la favela à 10h15 afin qu’on vienne nous chercher. C’est un jeune garçon qui passe nous prendre.
Aujourd’hui c’est le grand bazar au sens propre et figuré du mot. En effet, avec tous les bagages que nous avons emmenés, plus tous ceux que Graines de joie leur fait passer via des amis qui viennent à Rio, les sœurs se sont constitué un véritable trésor de vêtements et ont organisé un grand bazar. Cet évènement à plusieurs atouts. Le premier et majeur et de permettre aux gens de la favela de s’habiller pour pas cher. Les revenus étant faibles voir quasi inexistant, il est toujours difficile pour eux de se fournir en vêtements. Ici tout coûte entre 2 et 5 ® (entre 1 et 2€). L’autre avantage non négligeable est celui de permettre aux sœurs de se constituer un petit pécule qui les aidera dans leurs projets. Rien que la journée a rapporté 640® (246€). A l’ouverture à 10h c’était paraît-il comme les jours des soldes aux galeries Lafayette. Tout le monde se bousculait à la porte. Il y a avait de tout et pour tout le monde : des vêtements de bébés en passant par les chaussures et les sacs. Ils avaient tous l’air content !
Après le bazar nous avons été invités à un churrasco. Une partie des femmes de la communauté nous ont préparé un repas délicieux et c’est Rogelio, le mari de Wanda qui préparait le barbecue. Nous avons donc partagé un excellent moment avec eux. A 15h nous avons du nous échapper car nous devions partir pour l’aéroport. Nous avons donc pris le taxi pour l’appart ou nous attendait Maragarida. A 16h nous quittions la rue Visconte do Piraja en direction de l’aéroport. Les autres sont en R1. En ce qui me concerne je ne sais pas si je pars alors Laurent me donne le numéro des sœurs au cas où. Elles m’ont dis que je pouvais rester chez elles sans aucun problème au cas où je ne partirai pas. Il n’y a pu qu’à croiser les doigts !
Le 12 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil
Comment pourrais-je trouver les mots pour décrire l’angoisse, la peur et cette sensation d’impuissance que j’ai pu ressentir hier soir. Comment peut on expliquer aux autres véritablement ce que l’on ressent quand on ne sait plus quoi faire. Quand toutes les idées qui traversent notre esprit ne sont plus qu’un sac de nœud … quand on a l’impression que rien ne va et qu’on n’arrive pas à trouver une solution ! Pour la première fois de ma vie je me suis sentie vraiment mal par rapport à une situation que je ne savais pas gérer. Mais plus que cette situation en soi je me suis surtout sentie très très seule. Si encore j’avais eu quelqu'un à mes côtés …
Paolo et les autres ayant embarqué je me suis retrouvée toute seule. Non pas que la chose en soi m’effraye, j’en ai l’habitude. C’est plutôt de ne pas savoir où j’allais qui commençait à m’angoisser. Les sœurs m’avaient bien proposé de m’héberger dans la favela au cas où je ne pourrais embarquer mais je n’arrivais pas à les joindre depuis l’aéroport. Hors, je ne pouvais me présenter seule avec ma valise à roulette qui me donnait cet air de « allez y dépouillez moi ». En plus de nuit ! Je discute avec 4 garçons qui eux aussi se sont fait débarquer mais ils font leur vie et prennent un taxi pour aller dans un hôtel à Flamengo. Je me retrouve donc complètement seule et les options qui se présentent à moi n’ont pas lieu de me rassurer. La première serait d’arriver à joindre les sœurs, de prendre un bus et qu’elles viennent me chercher … mais elles ne répondent ni au fixe ni au portable … la deuxième serait de retourner à l’église car le père m’a aussi proposé de m’héberger mais je n’ai pas de contact téléphonique et je ne sais pas si l’église est encore ouverte à cette heure ci …. Il ne me resterait plus qu’à me présenter directement avec l’espoir accroché au cœur qu’elle le soit. La troisième serait de contacter Margarida, qui nous a loué l’appart mais elle est injoignable et je ne peux même pas me pointer chez elle puisque je n’ai pas prêté attention à son adresse. C’est ça le problème de voyager en groupe, j’ai baissé mes défenses et mon attention, mon sens de l’orientation a été réduit à néant et j’en suis devenue distraite. Dieu sait que je m’en suis voulu ce soir de m’être laissée bercer par la facilité. Résultat je suis dans la merde jusqu’au cou et je ne peux m’en prendre qu’à moi même.
Au fur et à mesure de mes essais téléphoniques pour joindre les uns et les autres mon désespoir prend place. J’essaye de garder la tête froide et de penser à d’autres solutions. Il y aurait bien ce type d’hospitality club mais je n’ai pas son téléphone, le guide du routard ... je l’ai laissé à l’appart car je ne pensais pas en avoir besoin …. Aller au Sofitel et demander de l’aide à la réception … bof … mais ça aurait été l’option en dernier recours car je ne voulais absolument pas traîner mes guêtres la nuit seule dans Rio sachant que je ne peux faire confiance à personne qu’à moi même. J’ai le moral dans les chaussettes et décide de prendre le bus pour Copacabana. 6.5®, envie de pleurer incluse. Pendant l’heure et demi de trajet j’essaye comme une frénétique de joindre les sœurs … en vain.
Plus le bus roule plus je suis angoissée. Que vais-je faire une fois arrivée. J’aimerais pouvoir dormir dans ce bus. Je voudrais juste ne pas être dans la rue à cette heure tardive. Je maudis ma valise cabine. Une larme s’échappe de mes yeux et le monsieur a côté de moi me demande ce qui se passe. Je lui raconte mes malheurs et je lui dis que la seule solution serait d’aller à l’église en espérant qu’elle soit ouvert et il me demande quelle église …. Nostra Senhora da Copacabana … mais je ne connais pas l’adresse exacte. Il me propose de m’y emmener puisqu’il ne descend pas loin. Nous voilà donc partis à pied pour finalement arriver en 5 minutes sauf que là, je réalise que je ne suis pas à la bonne église … mais alors pourquoi lui ai-je donné se nom puisque je n’y ai jamais mis les pieds ??? je suis stupéfaite et à la fois surprise quand à ce qu’il a pu penser de moi … cela restera un grand mystère. Quoi qu’il en soit je réfléchi un peu et le nom de la bonne église me revient en mémoire … Igleja da Resurreçao … mais je ne connais pas l’adresse exacte. Des vieilles dames qui étaient là lui donnent l’adresse tant recherchée et me proposent de prendre le bus numéro 455 …. Je ne tiens plus en place et ne désire qu’une chose c’est monter dans un taxi et filer là-bas voir si mon calvaire pouvait s’achever. Je ne veut plus perdre de temps avec encore des bus qui prennent trois plombes … au plus tôt j’arriverai au plus j’aurais de chance de trouver les portes de l’église ouvertes. Le jeune homme me fait monter dans un taxi et parle avec le chauffeur … La course ne l’intéresse pas et il me fait sortir de sa voiture. Il négociera ferme avec un deuxième taxi qui finira par m’emmener au point voulu mais il se trompe en tournant dans la rue et je fais le reste du chemin à pied, en « priant » pour qu’il ne m’arrive rien …. Je retiens ma respiration pour faire les 10 derniers mètres … mon cœur est prêt à lâcher … ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii … il y a de la lumière et les portes sont ouvertes !!!!! MERCI MERCI MERCI !!! J’explique tant bien que mal la situation au gardien mais c’est quand je vois arriver le mari de Christiana que je mes nerfs lâchent et que je met a pleurer de soulagement …. Je pleure et rigole en même temps trop heureuse de me savoir entre de bonnes mains. Nous rigolons de l’absurdité de cette expérience. Tout se règle rapidement : après avoir réussi à joindre les sœurs, c’est Marie Rose qui viendra me chercher. Je passerai la nuit chez elles bien au chaud après avoir dîné avec elles et papoté jusqu’à minuit.
J’ai dormi comme un bébé me sachant en lieu « sur » … oui petite recommendation quand même, si jamais j’entend des affrontements ou des tirs il faut que je reste allongée dans ma chambre car c’est la pièce la plus sure de la maison. Rassurant tout ça ! Mais hier j’étais loin de penser à tout ça.
Levée à 8h30 j’ai pris le petit déjeuner avec les sœurs puis je suis descendue au bazar pour aider Marie Jo à sortir de nouveaux vêtements et à remettre de l’ordre. Hier elle a vendue pour 100€ de marchandises. Après le déjeuner je redescend prendre le bus (toujours 6.5®, les larmes en moins) pour l’aéroport. Une fois de plus je me fais débarquer sur le vol mais cette fois ci le retour à la favela se fera dans le calme puisque j’ai bien les bons numéros et que je sais où les trouver.
De retour à la maison vers 19h je me mets donc sur internet afin de voir l’état des vols et je m’aperçois qu’il reste un R1 sur le vol de demain à 19h. Je saute dessus comme la misère sur les pauvres gens car sinon je vais être bloquée ici jusqu’à la fin du mois. Ca ne me dérange pas outre mesure de rester ici. C’est même plutôt agréable mais ce sont les va et vient qui sont fatigants car en fait je perds mon après midi. Demain donc je partirai tranquillement sachant que cette fois c’est pour de bon.
Le soir je pars dîner avec Marie Rose. Elle me racontera son expérince en tant que religieuse, le pourquoi et le comment, les doutes et l’acharnement …. Ce fût une excellente soirée. Nous nous couchons vers minuit.
Le 13 Mai 2008, Rio de Janeiro – Paris – Marseille
Aujourd’hui je me suis autorisé une bonne grasse mat. Je crois que le soulagement de savoir que je suis sure de partir m’aide à me reposer complètement. J’ai donc mis mon réveil à 9h30 de manière à être prête lorsque Marie Rose reviendra de la messe à 10h. Je tiens à profiter de mon dernier jour avec elles.
Nous réussissons à convaincre Mariejo de nous accompagner à la plage. Cette dernière après s’être reposée ce matin voulait ouvrir le bazar. Un des arguments décisif a été que l’on ne se reverrait pas avant un moment et que le bazar pouvait bien attendre un peu. Alors j’ai une l’impression d’être un peu le diable qui pousse à la feignantise mais après tout elles sont tout le temps à la disposition des gens et elles méritent bien un peu de repos. En effet, même les jours de repos elles sont sollicitées tout le temps (pendant qu’on petit déjeunait toutes les 2 il y en a qui sont venus taper à la porte). Nous l’avons donc convaincu de se joindre à nous et nous sommes allées passer 1h sur la plage d’Ipanema. Pour Marie Rose c’est important la mer. Après tout, elle a beau être rentrée dans les ordres, elle n’en reste pas moins wallisienne et toute son enfance a été bercée par la mer. Nous voilà donc partie à l’assaut des vagues qui sont aujourd’hui importantes et tous les surfeurs sont de sortie.
Après le déjeuner je me charge de leur graver les photos de mon séjour afin qu’elles en ai un bon souvenir de ce dernier puis je me prépare tranquillement. A 15h30 je descend prendre le bus (encore !) direction l’aéroport. Le trajet prendra une bonne heure et demie car il y avait un accident. Ca me fait bizarre quand même cette fois de savoir que c’est pour de bon. Petit point à l’estomac.
Je passe sans problèmes toutes les embûches liées à un embarquement (douane, filtres de sécurité etc…) et décide de rentrer dans les premiers puisque le vol est prévu complet et que je tiens à avoir de la place pour mon bagage. 10 minutes après avoir posé mon séant un jeune homme se présente en me disant « vous êtes bien au 22A ? » … ben oui, c’est ce qui est marqué sur ma carte …. Il y avait donc un double seating ce qui m’a permis de voyager en business après changement. C’est cool finalement le double seating !
Le 14 Mai 2008, Aix-en-Provence, France
Je rentre à la maison vers 15h30 après avoir effectué ma correspondance sans problèmes. Je suis crevée mais contente d’être là aussi. Après tout, c’est mon anniversaire aujourd’hui !
Voilà le projet que GRAINES DE JOIE a finançé lors de cette mission. Nous nous penchons maintenant sérieusement sur le projet UNICOM monté par Vanessa
FAVELA
PAVAO PAVONSINO
RIO DE JANEIRO
PROJET N° 2
PAROISSE DE LA RESSURECTION
PROJET: CAPACITE POUR LE TRAVAIL
ANNEE 2008
INTRODUCTION
Ce projet s’articule autour de l’éducation des adolescents de la favela de Pavao-Pavaosinho afin qu’ils puissent accéder à un premier emploi.
Depuis quelques années le processus d’apprentissage d’un métier a déjà été mis en place dans cette paroisse. L’expérience démontre largement que les élèves qui ont bénéficié de ce projet ont pu arriver au développement de leur capacité humaine et ont eu la possibilité d’entrer dans la vie professionnelle. De fait, ils ont vu s’éloigner le marginalisation, provoqué par l’ambiance de leur environnement (ce sont des jeunes qui vivent dans les favelas de beaucoup de quartiers de Rio de Janeiro).
LES BIENFAITEURS DU PROJET
Le gouvernement de l’état de Rio de Janeiro collabore au projet par la mise à disposition d’une assistante sociale, d’une secrétaire et d’un professeur.
L’église participe avec des bénévoles qui donnent des cours de portugais mathématique et religion, en dehors du temps scolaire.
NECESSITE ACTUELLE
La rapidité du processus de globalisation et d’informatisation des entreprises exige un minimum de connaissance informatique. Nous envisageons les besoins de développer un cours d’informatique qui aide environ 60 jeunes entre 14 et 16 ans inscrits dans ce projet.
Les cours seront donnés trois fois par semaine avec des dix élèves car nous n’avons que 10 ordinateurs.
Le prix par professeur est de 100 real par cours (10 real par élève).
Coût global en euros : 2700€
Le projet dure trois mois avec des cours de lundi à vendredi de 8 h du matin à midi.
L’évaluation du même projet sera réalisée par la Paroisse et par le représentant du gouvernement de l’Etat.
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Burkina Faso - Mission Mars 2008 1ère partie
Je voudrais commencer ce carnet de voyage par un extrait du livre « Ebène, aventures africaines » de Ryszard Kapuscinski. Ce livre m’a conquis dès l’instant ou je l’ai ouvert. Je ne connaissais rien alors de l’Afrique Noire mais déjà je ressentais son appel. Livre de chevet, lu et relu au fil des ans. Je voudrais vous faire partager cette lecture qui m’a si profondément touché.
« Le début, le choc, Ghana, 1958
Premier choc : la lumière. De la lumière partout. Intense, vive. Du soleil partout. Hier encore, Londres, dégoulinant sous une pluie d’automne, un avion ruisselant ‘eau, un vent froid et les ténèbres. Ici, dès le matin, l’aéroport baigne dans le soleil, nous baignons tous dans le soleil.
Autrefois, lorsque les gens traversaient le monde à pied, à cheval ou en bateau, ils avaient le temps de s’accoutumer aux changements. Les images de la terre défilaient sous leurs yeux lentement, le film du monde tournait tout doucement. Comme leur voyage durait des semaines, des mois, ils se familiarisaient progressivement à l’environnement, aux paysages nouveaux. Le climat lui aussi changeait par étapes ; Avant d’atteindre la fournaise équatoriale, le voyageur venu de la froide Europe avait déjà traversé la douceur de Las Palmas, la canicule d’El-Mahary et l’enfer du Cap-Vert.
Que reste-t-il aujourd’hui de cette gradation ? Rien ! L’avion nous arrache violemment de la neige et du gel pour nous plonger le jour même dans le gouffre des flammes tropicales. Nous avons à peine le temps de nous retourner que nous nous retrouvons au cœur d’un braiser humide. Dès notre arrivée, nous sommes en nage. Si nous quittons l’Europe en hiver, nous jetons manteaux et pulls : voilà le geste initiatique que nous, les gens du Nord, exécutons en débarquant en Afrique.
Les gens du Nord. Vous rendez-vous compte que les gens du Nord sont en train de devenir nettement minoritaire sur notre planète ? Canadiens, Polonais, Lituaniens, Scandinaves, Américains pour partie, Allemands, russes, 2cossais, Lapons, Esquimaux, Evenks, Yakoutes. La liste n’est pas si longue. Je me demande même si elle englobe plus de cinq cents millions d’hommes – moins de dix pour cent de la population mondiale. En revanche, la majorité écrasante de l’humanité vit dans la chaleur, passe sa vie au soleil. D’ailleurs, l’homme n’est-il pas né au soleil, ses traces les plus anciennes n’ont-elles pas été retrouvées dans les pays chauds ? Quel était le climat du paradis biblique ? Toujours chaud, pour ne pas dire caniculaire, au point qu’Adam et Eve vivaient nus, ignorant le froid même à l’ombre d’un arbre.
Sur la passerelle de l’avion nous sommes accueillis par un parfum nouveau : celui des tropiques. Nouveau ? Cette odeur embaumait la boutique de monsieur Kanzman, « Articles coloniaux et autres », rue Perec à Pinsk : amandes, clous de girofles, dattes, cacao, vanille, feuilles de laurier, oranges, bananes à l’unité, cardamome, safran au poids. Et Drohobycz ? Et les boutiques de cannelle de Schulz ? « Faiblement éclairées, sombres et solennelles, elles étaient imprégnées de l’odeur lourde des teintures, de la laque, de l’encens, de l’arôme des pays lointains et des étoffes rares ! » Le parfum des tropiques est pourtant différent. Nous ressentons d’emblée son poids, sa viscosité. Il nous signale immédiatement que nous nous trouvons dans un endroit du globe où la vie biologique, luxuriante et inlassable, travaille sans relâche, engendre, croît et fleurit tout en se désagrégeant, en se vermoulant, en pourrissant et en dégénérant.
C’est l’odeur d’un corps chauffé, du poisson qui sèche, de la viande qui se décompose et du manioc frit, des fleurs fraîches et des algues fermentées, bref tout ce qui plaît et irrite en même temps, attire et repousse, allèche et dégoûte. Cette odeur nous poursuit, s’exhalant des palmeraies environnantes, de la terre brûlante, s’élevant au-dessus des caniveaux putrides de la ville. Elle ne nous lâche plus, elle colle aux tropiques.
Et enfin la découverte la plus importante : les hommes, les gens du pays, les indigènes. Etonnant, la façon dont ils s’accordent à ce paysage, à cette lumière, à cette odeur ! Stupéfiant, la manière dont l’homme et son environnement vivent en symbiose, forment un ensemble indissociable et harmonieux, s’identifient l’un à l’autre ! Incroyable, le degré d’intégration de chaque race à son paysage, à son climat ! C’est nous qui façonnons notre décor et c’est lui qui sculpte les traits de notre visage ; Parmi ces palmiers, ces lianes, cette forêt vierge et cette jungle, l’homme blanc est comme une pièce rapportée, bizarre et discordante. Pâle, faible, la chemise trempée de sueur, les cheveux collés, sans cesse tourmenté par la soif, par un sentiment d’impuissance, par le spleen. Il a constamment peur : des moustiques, des amibes, des scorpions, des serpents. Tout ce qui bouge l’effraie, le terrorise, le panique.
Avec leur force, leur charme et leur endurance les gens du pays se déplacent naturellement, librement, à une cadence fixée par le climat et la tradition, à un rythme régulier, un peu ralenti, nonchalant – puisque de toute façon on n’a pas ce qu’on veut dans la vie et qu’il faut en laisser pour tout le monde ! »
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Mercredi dernier je suis allée à Marseille pour me faire faire mon visa pour le Burkina. Le consul, un vieil homme charmant a décidé de ne plus faire les visas par correspondance afin de pouvoir bavarder un peu avec les gens qui désormais sont obligés de se déplacer. Il faut dire qu’il doit s’ennuyer un peu.
J’ai déjeuné avec Paolo et Laurent et nous avons donc pu discuter de la mission du mois de mars. J’ai un cahier rempli de numéros de téléphone, de personnes à contacter, et de choses à faire. Il me faut bien ça pour ne pas oublier quoi que ce soit avec la mémoire de poisson que j’ai.
Au boulot ces deux derniers jours ont été intenses car il y a eu une tempête, beaucoup de vols annulés et de vols déroutés. Ils m’ont bien crevé. J’ai récupéré Flo à l’aéroport le mardi soir. Nous avons papoté jusqu’à 2h30 du mat et le réveil a été dur.
Mercredi 12 mars 2008, Paris – Ouagadougou
Nous sommes arrivées à l’aéroport presque en même temps que Laeti qui arrivait par le train de 12h30. Après avoir déposé mon uniforme dans mon casier nous sommes allées déposer les bagages au terminal E. Une fois libérées de nos fardeaux nous sommes allées déjeuner à la cantine. Le passage de la douane a été fluide, celui du filtre de sécurité long et nous sommes arrivées sans stress en porte 5 minutes avant l’embarquement. Nous sommes toutes les 3 ravies de partir.
A bord l’équipage a été adorable et nous a surclassé en business. La cerise sur le gâteau a été pour Flo un atterrissage en poste dans le cockpit. On nous a chouchouté. Très bon vol ! Nous arrivons à Ouaga à 21h, il fait 25°C, ça fait du bien !
A la douane on est passées la tête basse en se faufilant derrières les passagers qui eux se sont fait attraper pour ouvrir leurs bagages. Ca nous fait gagner du temps. Maxime était au rendez vous, comme d’habitude, fidèle au poste et ça me fait vraiment plaisir de le revoir. Il nous dépose à Carmen Kisito ou nous prenons possessions de nos chambres. Nous profitons qu’il y ai de l’eau pour nous prendre une micro douche. Ca fait vraiment du bien. Il est 23h30, je n’ai pas vraiment sommeil. Lecture sous la moustiquaire jusqu'à ce que le sommeil me gagne … il tarde à venir … et juste au moment ou je tombais dans les limbes j’entends… psssssssst ... tu dors ? Uuuuuuuuuuuuuuuuuuuum … ben non maintenant je dors plus …. Fin de la conversation mais moi je n’arrive pas à me rendormir. Ca doit être de famille cette manie ! Va falloir que ça change !
Jeudi 13 mars 2008, Ouagadougou
J’avais mis le réveil à 8h sur mon portable français (ne connaissant pas encore les fonctions du portable de Paolo) … sauf que j’avais oublié le léger détail qu’il y avait 1h de décalage avec la France. Il était donc 7h quand j’ai réveillé le reste de la troupe. Dur Dur !!!! Bon on ne va pas rechigner 120 ans, après tout on n’est pas en vacances alors debout les filles ! En attendant le petit dej nous défaisons les paquets afin de nous organiser pour savoir quoi part où. Au petit dej un expresso maison accompagné de pain à la vache qui rit.
Je me suis entretenue avec Sœur Marie. Je lui ai annoncé le joli don de 5 machines à coudre de la part du collège de Saint Joseph des maristes et lui ai demandé quelques conseils sur l’achat des denrées alimentaires. Nous avons convenu de partir acheter les machines demain matin ensemble.
Maxim nous récupère à 9h. Après avoir fait du change (1€ = 656 CFA) nous partons pour l’orphelinat HOME KISITO où nous avions rendez vous avec Sœur Sébastienne pour convenir des besoins du centre en lait maternisé. Malheureusement cette dernière étant indisposée elle ne peut nous recevoir. Je décide d’appeler Monsieur Achille afin de voir quand est-ce qu’on pourrait aller visiter le terrain ainsi que l’avancement du chantier du nouveau centre KAMZAKA qui sera destiné à accueillir 60 garçons (au lieu de 22 aujourd’hui). Il se trouve que monsieur Achille avait prévu d’y aller cet après midi en visite surprise. Ca tombe très bien. Nous nous donnons donc rendez vous à 15h à son bureau.
En attendant nous décidons de passer au Koostaama S.Y (anciennement Kari Bio) pour commander les produits que nous désirons ramener en France.
Nos estomacs français nous indiquent qu’il est grand temps de les remplir et nous décidons d’aller à l’Eau vive. Seulement nous avions oublié le détail du décalage horaire et il n’était que 11h20 lorsque nous sommes arrivés. Les sœurs étant elles mêmes entrain de prendre leur repas nous décidons d’aller au Verdoyant après nous être assuré qu’ils étaient bien ouvert. Très bon déjeuner avec en prime la honte pour Flo car nous avons insisté pour qu’elle ait une bougie sur sa glace. Héhéhé !!!! Nous avons eu le droit à une petite sieste salvatrice.
A 15h nous sommes allés au RDV avec Monsieur Achille puis avons pris la route en direction du future centre de Kamzaka qui se situe a environ 5km de là ou nous sommes. Monsieur Achille nous fit visiter les lieux sous un soleil de plomb. Il fait 40°C. Les maçons étaient en plein travail. Ils en sont aux fondations de ce qui sera plus tard le dortoir des enfants ainsi que le bloc sanitaire. Tout a l’air en ordre. Quelques directives furent données (comme tamiser le tas de quartz afin de rendre plus solide les fondations car visiblement si on y laisse de la terre et du sable cela les rend plus fragiles car friables). Nous avons également appris que les blocs de latérite qui comblent la fosse ont pour but principal d’éponger les eaux rejetées. Les pierres agissent comme des éponges qui absorbent l’eau. Au bout de 3 ans environ il faut les changer car ses dernières, trop pleines d’eau perdent leur fonction. On peut alors les recycler en les cassant (elles deviennent de par leur teneur en eau très friables) et peuvent servir pour recouvrir le sol de la cours par exemple. Le terrain de Kamzaka fait environ 1000 mètres carrés. Il se trouve actuellement dans une zone disons secondaire et un peu perdue mais je suis sure que d’ici 10 ans on se retrouvera « en ville » car cette dernière et en pleine expansion.
En rentrant nous nous sommes arrêtés pour voir Guy, la personne qui nous loue la voiture. On paye donc 12500 CFA (19€) par jour pour un véhicule sans air conditionné. Le salaire de Maxime étant en sus soit 5000 CFA (7,62€) par jour. Bien entendu Maxime partage notre table midi et soir parce qu’avant tout c’est devenu un ami et une compagnie fort appréciée. Nous nous arrêtons acheter des casettes et des CD car Flo veut ramener de la musique traditionnelle.
Nous rentrons vers 18h avec la ferme intention de nous décrasser avant de ressortir dîner mais une fois de plus il n’y a pas d’eau. Même pas mal ! Quelques lingettes nous serviront à survivre. Nous ressortons à 19h30 en direction de l’Eau vive. Le dîner fût parfait (un bon capitaine à la crème) et la surprise pour Flo excellente car j’avais organisé avec Maxime un petit dessert surprise. Les sœurs ont donc planté 3 bougies dans une belle assiette de glace et sont sorties avec la guitare et le Djembé pour lui chanter joyeux anniversaire. En voyant les bougies sortir, Flo, complètement à côté de la plaque nous dit « tiens il y a un autre anniversaire aujourd’hui » et nous très sérieux … ah ouais … c’est marrant … il fallait voir sa tête qu’en elle les a vu s’approcher de la table. C’est beau l’innocence !
Nous rentrons complètement épuisées de cette première journée. Il y a de l’eau mais j’abandonne. En plus j’ai mon journal à taper. Il est 23h30, allez cette fois c’est la bonne !
Vendredi 14 mars 2008, Ouagadougou
Aujourd’hui la journée fût productive. Tout d’abords la nuit fût bonne mais le réveil toujours un peu douloureux. Sœur Marie nous a rejoins à 9h en bas et nous sommes partis avec Moussa (un monsieur qui était tailleur professionnel et qui aujourd’hui travaille pour la fondation Kisito) acheter des machines à coudre. Ces dernières sont offertes par un collège Marseillais (Saint Joseph des maristes). Il faut que je parle de Laeti un peu. Cette dernière travaille pour l’ANPE et, il y a quelques mois, alors que l’on parlait de partir au Burkina avec Flo, cette dernière s’est branchée sur le site de son CE et elle s’est aperçue que l’ANPE aidait au financement de voyages humanitaires. Elle a donc monté un dossier qui, pour faire simple (car les calculs sont compliqués) lui permettent de rembourser ses frais de déplacements et de logement sur place. C’est génial ! Mais le mieux c’est que l’ANPE, après étude du dossier prend en charge 50% des dépenses (UTILES, cela va de soi) faites sur place avec un plafond de 1000€. Nos machines seront donc remboursées de moitié grâce à l’ANPE et ça c’est vraiment super car l’argent ainsi économisé pourra être investi autrement.
Nous avons donc acheté 4 machines à coudre (avec les tables) ainsi qu’une machine pour le surfilage et 10 bobines de fil pour une somme totale de 300 000 CFA (458€) afin de les offrir à Carmen Kisito. Cela permettra de monter leur nombre à 11 machines. Les jeunes filles mères du centre actuellement sont au nombre de 13. Afin de pouvoir suivre les cours dans de bonnes conditions il est donc important d’avoir plus de machines. Les jeunes filles mères qui étaient là au mois de novembre ont toutes accouché. J’ai donc appris que Jeanne Marie avait eu un petit garçon (Gildas) qui se porte bien. Toutes ces jeunes filles ont pu grâce au travaille des sœurs être réintégrées dans leurs familles. C’est vraiment satisfaisant de voir que tout leur travail porte ses fruits. Pendant que je négociais les prix à l’aide de Moussa Flo est partie chercher des biscuits pour lundi lorsque nous irons à l’école (400 sachets de biscuits = 17600 CFA soit 27€).
Ensuite nous sommes tous repartis à la recherche de sacs de riz pour l’école de Guimtenga. Il nous aura fallu voir dans 3 endroits différents car le riz a beaucoup augmenté dernièrement et les consignes du gouvernement (qui oblige à un prix fixe) ne sont pas respectées. Nous avons donc finalement trouvé un voisin de Max qui nous a fait de bons prix et nous nous en tirons a 184000 CFA (281€) pour 10 sacs de 50kgs de riz 25% de brisure (13600 CFA pièce), 1 carton de 6 boites de concentré de tomate (10250 CFA), 3 sachets de bouillon Maggi (1750 CFA pièce) et 2 bidons d’huile de 20L (16250 pièce CFA pièce), le tout livré à Carmen Kisito qui nous gardera tout ça pour le mois prochain afin de Paolo emmène le tout à l’école car il préfère leur livrer les choses petit à petit et selon leurs besoin plutôt que de grandes quantités qui risqueraient d’être détournées.
Délestée de tout cet argent nous décidons après la livraison de tous les produits à la maison d’aller manger (pour changer) au restaurant Maquis Gracias. L’accueil plutôt sympathique à l’entrée a fini par être désagréable au plus au point une fois la commande (je suppose insatisfaisante à leurs yeux) passée. On ne nous dis même pas aurevoir … adresse à proscrire !
Ce matin à 10h30 il faisait 42°C. Autant dire qu’il fait chaud, TRES chaud et le simple fait de respirer vous fait transpirer. Nous décidons donc d’aller faire une petite sieste d’une heure car de toutes les façons nous sommes complètement liquéfiées.
Nous avions donné RDV à Maxime à 16h afin d’aller acheter le lait maternisé pour Home Kisito ainsi que pour la jeune fille dont nous a parlé Achille et qui est dans le besoin. Cette dernière a accouché de 2 jumelles qui ont aujourd'hui 6 mois et elle n’arrive plus à les nourrir. Re parcours du combattant pour trouver les meilleurs prix et c’est finalement au Scimas que nous trouverons notre bonheur. N’ayant pu contacter Sœur Sébastienne qui est toujours malade et ne connaissant pas les besoins exacts de l’orphelinat nous prenons juste 4 boites (2250 CFA la boite) pour la jeune fille mais au moins nous saurons ou aller directement pour nous fournir en lait.
Nous voulions aller au SCIAO (centre d’artisanat) mais Monsieur Achille m’a contacté pour nous donner rendez vous chez son frère Charlemagne afin que je puisse lui remettre les lunettes de vue et de soleil offertes par l’association « pour un sourire ». Mon amie Nathalie a en effet rencontré Hervé (ancien opticien) qui travaille beaucoup avec la Roumanie en fournissant des lunettes de récupération et des appareils ophtalmologiques là bas. Ce dernier a eu la gentillesse de nous offrir un paquet de lunettes en nous demandant de les remettre au Burkina. Ne connaissant personne dans la partie j’ai demandé à Achille si je pouvais rencontrer son frère. Ce dernier étant gynécologue j’ai supposé qu’il devait connaître des ophtalmologues que ça pourrait intéresser. Il nous a gentiment invité à passer chez lui afin de discuter de ce projet. Je lui ai dit que bien entendu je préférai lui remettre ces dernières afin qu’il les remette en bonne main pour qu’elles profitent vraiment à des gens nécessiteux. Nous avons convenu de rester en contact afin de voir si nous pouvions organiser des transport plus important car Charlemagne fait pari du Lions Club du Burkina et que ce dernier voulait justement organiser des campagnes gratuites contre la cécité. Des ophtalmologues volontaires effectueraient des consultations gratuites et offrirait (si les stocks sont suffisant) des lunettes. Cela me semble être un beau projet et il faudra que je prenne contact avec Hervé pour voir ce que l’on pourrait faire avec ses compétences, ses ressources et nos facilités de transport. Avec un peu de bonne volonté on pourrait arriver à faire quelque chose de sympa !
En sortant de chez Charlemagne nous sommes allés dîner au Verdoyant, source sure tant par la qualité de sa cuisine que par son accueil. Nous rentrons tôt (20h30). Il n’y a plus qu’à espérer qu’il y ai de l’eau ce soir et que j’ai suffisamment de courage pour taper mon carnet de route.
« Le début, le choc, Ghana, 1958
Premier choc : la lumière. De la lumière partout. Intense, vive. Du soleil partout. Hier encore, Londres, dégoulinant sous une pluie d’automne, un avion ruisselant ‘eau, un vent froid et les ténèbres. Ici, dès le matin, l’aéroport baigne dans le soleil, nous baignons tous dans le soleil.
Autrefois, lorsque les gens traversaient le monde à pied, à cheval ou en bateau, ils avaient le temps de s’accoutumer aux changements. Les images de la terre défilaient sous leurs yeux lentement, le film du monde tournait tout doucement. Comme leur voyage durait des semaines, des mois, ils se familiarisaient progressivement à l’environnement, aux paysages nouveaux. Le climat lui aussi changeait par étapes ; Avant d’atteindre la fournaise équatoriale, le voyageur venu de la froide Europe avait déjà traversé la douceur de Las Palmas, la canicule d’El-Mahary et l’enfer du Cap-Vert.
Que reste-t-il aujourd’hui de cette gradation ? Rien ! L’avion nous arrache violemment de la neige et du gel pour nous plonger le jour même dans le gouffre des flammes tropicales. Nous avons à peine le temps de nous retourner que nous nous retrouvons au cœur d’un braiser humide. Dès notre arrivée, nous sommes en nage. Si nous quittons l’Europe en hiver, nous jetons manteaux et pulls : voilà le geste initiatique que nous, les gens du Nord, exécutons en débarquant en Afrique.
Les gens du Nord. Vous rendez-vous compte que les gens du Nord sont en train de devenir nettement minoritaire sur notre planète ? Canadiens, Polonais, Lituaniens, Scandinaves, Américains pour partie, Allemands, russes, 2cossais, Lapons, Esquimaux, Evenks, Yakoutes. La liste n’est pas si longue. Je me demande même si elle englobe plus de cinq cents millions d’hommes – moins de dix pour cent de la population mondiale. En revanche, la majorité écrasante de l’humanité vit dans la chaleur, passe sa vie au soleil. D’ailleurs, l’homme n’est-il pas né au soleil, ses traces les plus anciennes n’ont-elles pas été retrouvées dans les pays chauds ? Quel était le climat du paradis biblique ? Toujours chaud, pour ne pas dire caniculaire, au point qu’Adam et Eve vivaient nus, ignorant le froid même à l’ombre d’un arbre.
Sur la passerelle de l’avion nous sommes accueillis par un parfum nouveau : celui des tropiques. Nouveau ? Cette odeur embaumait la boutique de monsieur Kanzman, « Articles coloniaux et autres », rue Perec à Pinsk : amandes, clous de girofles, dattes, cacao, vanille, feuilles de laurier, oranges, bananes à l’unité, cardamome, safran au poids. Et Drohobycz ? Et les boutiques de cannelle de Schulz ? « Faiblement éclairées, sombres et solennelles, elles étaient imprégnées de l’odeur lourde des teintures, de la laque, de l’encens, de l’arôme des pays lointains et des étoffes rares ! » Le parfum des tropiques est pourtant différent. Nous ressentons d’emblée son poids, sa viscosité. Il nous signale immédiatement que nous nous trouvons dans un endroit du globe où la vie biologique, luxuriante et inlassable, travaille sans relâche, engendre, croît et fleurit tout en se désagrégeant, en se vermoulant, en pourrissant et en dégénérant.
C’est l’odeur d’un corps chauffé, du poisson qui sèche, de la viande qui se décompose et du manioc frit, des fleurs fraîches et des algues fermentées, bref tout ce qui plaît et irrite en même temps, attire et repousse, allèche et dégoûte. Cette odeur nous poursuit, s’exhalant des palmeraies environnantes, de la terre brûlante, s’élevant au-dessus des caniveaux putrides de la ville. Elle ne nous lâche plus, elle colle aux tropiques.
Et enfin la découverte la plus importante : les hommes, les gens du pays, les indigènes. Etonnant, la façon dont ils s’accordent à ce paysage, à cette lumière, à cette odeur ! Stupéfiant, la manière dont l’homme et son environnement vivent en symbiose, forment un ensemble indissociable et harmonieux, s’identifient l’un à l’autre ! Incroyable, le degré d’intégration de chaque race à son paysage, à son climat ! C’est nous qui façonnons notre décor et c’est lui qui sculpte les traits de notre visage ; Parmi ces palmiers, ces lianes, cette forêt vierge et cette jungle, l’homme blanc est comme une pièce rapportée, bizarre et discordante. Pâle, faible, la chemise trempée de sueur, les cheveux collés, sans cesse tourmenté par la soif, par un sentiment d’impuissance, par le spleen. Il a constamment peur : des moustiques, des amibes, des scorpions, des serpents. Tout ce qui bouge l’effraie, le terrorise, le panique.
Avec leur force, leur charme et leur endurance les gens du pays se déplacent naturellement, librement, à une cadence fixée par le climat et la tradition, à un rythme régulier, un peu ralenti, nonchalant – puisque de toute façon on n’a pas ce qu’on veut dans la vie et qu’il faut en laisser pour tout le monde ! »
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Mercredi dernier je suis allée à Marseille pour me faire faire mon visa pour le Burkina. Le consul, un vieil homme charmant a décidé de ne plus faire les visas par correspondance afin de pouvoir bavarder un peu avec les gens qui désormais sont obligés de se déplacer. Il faut dire qu’il doit s’ennuyer un peu.
J’ai déjeuné avec Paolo et Laurent et nous avons donc pu discuter de la mission du mois de mars. J’ai un cahier rempli de numéros de téléphone, de personnes à contacter, et de choses à faire. Il me faut bien ça pour ne pas oublier quoi que ce soit avec la mémoire de poisson que j’ai.
Au boulot ces deux derniers jours ont été intenses car il y a eu une tempête, beaucoup de vols annulés et de vols déroutés. Ils m’ont bien crevé. J’ai récupéré Flo à l’aéroport le mardi soir. Nous avons papoté jusqu’à 2h30 du mat et le réveil a été dur.
Mercredi 12 mars 2008, Paris – Ouagadougou
Nous sommes arrivées à l’aéroport presque en même temps que Laeti qui arrivait par le train de 12h30. Après avoir déposé mon uniforme dans mon casier nous sommes allées déposer les bagages au terminal E. Une fois libérées de nos fardeaux nous sommes allées déjeuner à la cantine. Le passage de la douane a été fluide, celui du filtre de sécurité long et nous sommes arrivées sans stress en porte 5 minutes avant l’embarquement. Nous sommes toutes les 3 ravies de partir.
A bord l’équipage a été adorable et nous a surclassé en business. La cerise sur le gâteau a été pour Flo un atterrissage en poste dans le cockpit. On nous a chouchouté. Très bon vol ! Nous arrivons à Ouaga à 21h, il fait 25°C, ça fait du bien !
A la douane on est passées la tête basse en se faufilant derrières les passagers qui eux se sont fait attraper pour ouvrir leurs bagages. Ca nous fait gagner du temps. Maxime était au rendez vous, comme d’habitude, fidèle au poste et ça me fait vraiment plaisir de le revoir. Il nous dépose à Carmen Kisito ou nous prenons possessions de nos chambres. Nous profitons qu’il y ai de l’eau pour nous prendre une micro douche. Ca fait vraiment du bien. Il est 23h30, je n’ai pas vraiment sommeil. Lecture sous la moustiquaire jusqu'à ce que le sommeil me gagne … il tarde à venir … et juste au moment ou je tombais dans les limbes j’entends… psssssssst ... tu dors ? Uuuuuuuuuuuuuuuuuuuum … ben non maintenant je dors plus …. Fin de la conversation mais moi je n’arrive pas à me rendormir. Ca doit être de famille cette manie ! Va falloir que ça change !
Jeudi 13 mars 2008, Ouagadougou
J’avais mis le réveil à 8h sur mon portable français (ne connaissant pas encore les fonctions du portable de Paolo) … sauf que j’avais oublié le léger détail qu’il y avait 1h de décalage avec la France. Il était donc 7h quand j’ai réveillé le reste de la troupe. Dur Dur !!!! Bon on ne va pas rechigner 120 ans, après tout on n’est pas en vacances alors debout les filles ! En attendant le petit dej nous défaisons les paquets afin de nous organiser pour savoir quoi part où. Au petit dej un expresso maison accompagné de pain à la vache qui rit.
Je me suis entretenue avec Sœur Marie. Je lui ai annoncé le joli don de 5 machines à coudre de la part du collège de Saint Joseph des maristes et lui ai demandé quelques conseils sur l’achat des denrées alimentaires. Nous avons convenu de partir acheter les machines demain matin ensemble.
Maxim nous récupère à 9h. Après avoir fait du change (1€ = 656 CFA) nous partons pour l’orphelinat HOME KISITO où nous avions rendez vous avec Sœur Sébastienne pour convenir des besoins du centre en lait maternisé. Malheureusement cette dernière étant indisposée elle ne peut nous recevoir. Je décide d’appeler Monsieur Achille afin de voir quand est-ce qu’on pourrait aller visiter le terrain ainsi que l’avancement du chantier du nouveau centre KAMZAKA qui sera destiné à accueillir 60 garçons (au lieu de 22 aujourd’hui). Il se trouve que monsieur Achille avait prévu d’y aller cet après midi en visite surprise. Ca tombe très bien. Nous nous donnons donc rendez vous à 15h à son bureau.
En attendant nous décidons de passer au Koostaama S.Y (anciennement Kari Bio) pour commander les produits que nous désirons ramener en France.
Nos estomacs français nous indiquent qu’il est grand temps de les remplir et nous décidons d’aller à l’Eau vive. Seulement nous avions oublié le détail du décalage horaire et il n’était que 11h20 lorsque nous sommes arrivés. Les sœurs étant elles mêmes entrain de prendre leur repas nous décidons d’aller au Verdoyant après nous être assuré qu’ils étaient bien ouvert. Très bon déjeuner avec en prime la honte pour Flo car nous avons insisté pour qu’elle ait une bougie sur sa glace. Héhéhé !!!! Nous avons eu le droit à une petite sieste salvatrice.
A 15h nous sommes allés au RDV avec Monsieur Achille puis avons pris la route en direction du future centre de Kamzaka qui se situe a environ 5km de là ou nous sommes. Monsieur Achille nous fit visiter les lieux sous un soleil de plomb. Il fait 40°C. Les maçons étaient en plein travail. Ils en sont aux fondations de ce qui sera plus tard le dortoir des enfants ainsi que le bloc sanitaire. Tout a l’air en ordre. Quelques directives furent données (comme tamiser le tas de quartz afin de rendre plus solide les fondations car visiblement si on y laisse de la terre et du sable cela les rend plus fragiles car friables). Nous avons également appris que les blocs de latérite qui comblent la fosse ont pour but principal d’éponger les eaux rejetées. Les pierres agissent comme des éponges qui absorbent l’eau. Au bout de 3 ans environ il faut les changer car ses dernières, trop pleines d’eau perdent leur fonction. On peut alors les recycler en les cassant (elles deviennent de par leur teneur en eau très friables) et peuvent servir pour recouvrir le sol de la cours par exemple. Le terrain de Kamzaka fait environ 1000 mètres carrés. Il se trouve actuellement dans une zone disons secondaire et un peu perdue mais je suis sure que d’ici 10 ans on se retrouvera « en ville » car cette dernière et en pleine expansion.
En rentrant nous nous sommes arrêtés pour voir Guy, la personne qui nous loue la voiture. On paye donc 12500 CFA (19€) par jour pour un véhicule sans air conditionné. Le salaire de Maxime étant en sus soit 5000 CFA (7,62€) par jour. Bien entendu Maxime partage notre table midi et soir parce qu’avant tout c’est devenu un ami et une compagnie fort appréciée. Nous nous arrêtons acheter des casettes et des CD car Flo veut ramener de la musique traditionnelle.
Nous rentrons vers 18h avec la ferme intention de nous décrasser avant de ressortir dîner mais une fois de plus il n’y a pas d’eau. Même pas mal ! Quelques lingettes nous serviront à survivre. Nous ressortons à 19h30 en direction de l’Eau vive. Le dîner fût parfait (un bon capitaine à la crème) et la surprise pour Flo excellente car j’avais organisé avec Maxime un petit dessert surprise. Les sœurs ont donc planté 3 bougies dans une belle assiette de glace et sont sorties avec la guitare et le Djembé pour lui chanter joyeux anniversaire. En voyant les bougies sortir, Flo, complètement à côté de la plaque nous dit « tiens il y a un autre anniversaire aujourd’hui » et nous très sérieux … ah ouais … c’est marrant … il fallait voir sa tête qu’en elle les a vu s’approcher de la table. C’est beau l’innocence !
Nous rentrons complètement épuisées de cette première journée. Il y a de l’eau mais j’abandonne. En plus j’ai mon journal à taper. Il est 23h30, allez cette fois c’est la bonne !
Vendredi 14 mars 2008, Ouagadougou
Aujourd’hui la journée fût productive. Tout d’abords la nuit fût bonne mais le réveil toujours un peu douloureux. Sœur Marie nous a rejoins à 9h en bas et nous sommes partis avec Moussa (un monsieur qui était tailleur professionnel et qui aujourd’hui travaille pour la fondation Kisito) acheter des machines à coudre. Ces dernières sont offertes par un collège Marseillais (Saint Joseph des maristes). Il faut que je parle de Laeti un peu. Cette dernière travaille pour l’ANPE et, il y a quelques mois, alors que l’on parlait de partir au Burkina avec Flo, cette dernière s’est branchée sur le site de son CE et elle s’est aperçue que l’ANPE aidait au financement de voyages humanitaires. Elle a donc monté un dossier qui, pour faire simple (car les calculs sont compliqués) lui permettent de rembourser ses frais de déplacements et de logement sur place. C’est génial ! Mais le mieux c’est que l’ANPE, après étude du dossier prend en charge 50% des dépenses (UTILES, cela va de soi) faites sur place avec un plafond de 1000€. Nos machines seront donc remboursées de moitié grâce à l’ANPE et ça c’est vraiment super car l’argent ainsi économisé pourra être investi autrement.
Nous avons donc acheté 4 machines à coudre (avec les tables) ainsi qu’une machine pour le surfilage et 10 bobines de fil pour une somme totale de 300 000 CFA (458€) afin de les offrir à Carmen Kisito. Cela permettra de monter leur nombre à 11 machines. Les jeunes filles mères du centre actuellement sont au nombre de 13. Afin de pouvoir suivre les cours dans de bonnes conditions il est donc important d’avoir plus de machines. Les jeunes filles mères qui étaient là au mois de novembre ont toutes accouché. J’ai donc appris que Jeanne Marie avait eu un petit garçon (Gildas) qui se porte bien. Toutes ces jeunes filles ont pu grâce au travaille des sœurs être réintégrées dans leurs familles. C’est vraiment satisfaisant de voir que tout leur travail porte ses fruits. Pendant que je négociais les prix à l’aide de Moussa Flo est partie chercher des biscuits pour lundi lorsque nous irons à l’école (400 sachets de biscuits = 17600 CFA soit 27€).
Ensuite nous sommes tous repartis à la recherche de sacs de riz pour l’école de Guimtenga. Il nous aura fallu voir dans 3 endroits différents car le riz a beaucoup augmenté dernièrement et les consignes du gouvernement (qui oblige à un prix fixe) ne sont pas respectées. Nous avons donc finalement trouvé un voisin de Max qui nous a fait de bons prix et nous nous en tirons a 184000 CFA (281€) pour 10 sacs de 50kgs de riz 25% de brisure (13600 CFA pièce), 1 carton de 6 boites de concentré de tomate (10250 CFA), 3 sachets de bouillon Maggi (1750 CFA pièce) et 2 bidons d’huile de 20L (16250 pièce CFA pièce), le tout livré à Carmen Kisito qui nous gardera tout ça pour le mois prochain afin de Paolo emmène le tout à l’école car il préfère leur livrer les choses petit à petit et selon leurs besoin plutôt que de grandes quantités qui risqueraient d’être détournées.
Délestée de tout cet argent nous décidons après la livraison de tous les produits à la maison d’aller manger (pour changer) au restaurant Maquis Gracias. L’accueil plutôt sympathique à l’entrée a fini par être désagréable au plus au point une fois la commande (je suppose insatisfaisante à leurs yeux) passée. On ne nous dis même pas aurevoir … adresse à proscrire !
Ce matin à 10h30 il faisait 42°C. Autant dire qu’il fait chaud, TRES chaud et le simple fait de respirer vous fait transpirer. Nous décidons donc d’aller faire une petite sieste d’une heure car de toutes les façons nous sommes complètement liquéfiées.
Nous avions donné RDV à Maxime à 16h afin d’aller acheter le lait maternisé pour Home Kisito ainsi que pour la jeune fille dont nous a parlé Achille et qui est dans le besoin. Cette dernière a accouché de 2 jumelles qui ont aujourd'hui 6 mois et elle n’arrive plus à les nourrir. Re parcours du combattant pour trouver les meilleurs prix et c’est finalement au Scimas que nous trouverons notre bonheur. N’ayant pu contacter Sœur Sébastienne qui est toujours malade et ne connaissant pas les besoins exacts de l’orphelinat nous prenons juste 4 boites (2250 CFA la boite) pour la jeune fille mais au moins nous saurons ou aller directement pour nous fournir en lait.
Nous voulions aller au SCIAO (centre d’artisanat) mais Monsieur Achille m’a contacté pour nous donner rendez vous chez son frère Charlemagne afin que je puisse lui remettre les lunettes de vue et de soleil offertes par l’association « pour un sourire ». Mon amie Nathalie a en effet rencontré Hervé (ancien opticien) qui travaille beaucoup avec la Roumanie en fournissant des lunettes de récupération et des appareils ophtalmologiques là bas. Ce dernier a eu la gentillesse de nous offrir un paquet de lunettes en nous demandant de les remettre au Burkina. Ne connaissant personne dans la partie j’ai demandé à Achille si je pouvais rencontrer son frère. Ce dernier étant gynécologue j’ai supposé qu’il devait connaître des ophtalmologues que ça pourrait intéresser. Il nous a gentiment invité à passer chez lui afin de discuter de ce projet. Je lui ai dit que bien entendu je préférai lui remettre ces dernières afin qu’il les remette en bonne main pour qu’elles profitent vraiment à des gens nécessiteux. Nous avons convenu de rester en contact afin de voir si nous pouvions organiser des transport plus important car Charlemagne fait pari du Lions Club du Burkina et que ce dernier voulait justement organiser des campagnes gratuites contre la cécité. Des ophtalmologues volontaires effectueraient des consultations gratuites et offrirait (si les stocks sont suffisant) des lunettes. Cela me semble être un beau projet et il faudra que je prenne contact avec Hervé pour voir ce que l’on pourrait faire avec ses compétences, ses ressources et nos facilités de transport. Avec un peu de bonne volonté on pourrait arriver à faire quelque chose de sympa !
En sortant de chez Charlemagne nous sommes allés dîner au Verdoyant, source sure tant par la qualité de sa cuisine que par son accueil. Nous rentrons tôt (20h30). Il n’y a plus qu’à espérer qu’il y ai de l’eau ce soir et que j’ai suffisamment de courage pour taper mon carnet de route.
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Burkina Faso - Mission Mars 2008 2ème partie
Samedi 15 mars 2008, Ouagadougou
Il y avait bien de l’eau hier soir mais je n’avais plus le courage de me doucher en rentrant. Les filles elles s’en sont données à cœur joie avec lavage de cheveux et tutti quanti. Je restais donc pouilleuse …
Le matin nous avions donné RDV à Maxime à 8h45 afin d’être au SIAO (salon international de l’artisanat de Ouagadougou) car jusqu’à demain il y a une exposition sur l’art de tout l’ouest africain. Laeti y a trouvé de quoi faire ses cadeaux ainsi que Flo. Nous sommes passées au Scimas ensuite pour acheter du lait maternisé 1er âge pour l’orphelinat ainsi que de quoi faire un goûter avec les garçons de KAMZAKA. Du coup, épuisées par la chaleur nous avons aussi acheté de quoi grignoter à midi afin de ne pas passer 3 heures au resto. Nous avons donc profité d’une bonne sieste avant de repartir avec Maxime chercher Adèle, Parfait, Kevin et le petit Yael (et Basile) afin qu’il nous emmène voir sa maison qui est en construction depuis 3 ans. Nous avons passé quelques heures là-bas à papoter avec son père, sa famille et ses voisins, à prendre des photos. En rentrant nous avons filé sur internet après avoir déposé toute la famille. Les connexions sont lentes, très lentes (17 minute pour accéder à ma boite de réception)… puis nous décidons de manger au DANY ICE juste en face de Carmen.
Dimanche 16 mars 2008, Ouagadougou
RDV donné à 9h à Max pour aller acheter les bananes pour l’école (350 bananes à 250 CFA le kilo soit un total de 12000 CFA pour 49 kilos ... héééééééééé oui ... il fallait bien que je négocie quelque chose !) le transport des bananes et leur conservation jusqu'à demain nous a posé quelques difficultés qui ont pris une bonne demi heure avant d’être résolues. Du coup nous sommes arrivées vers 11h à KAMZAKA. Les garçons étaient en pleine lessive, il y en avait partout. Nous avons donc passé la journée avec eux. Le goûter a été avalé avant le déjeuner. Peu importe, aujourd’hui c’est jour de fête car les visites sont rares. J’ai distribué les quelques affaires que l’on m’avait demandé (le sac a dos de jean Nana avec ses fournitures scolaire (sac qu’il n’a pas lâché de la journée)), les lettres etc … Flo avait amené quelques jeux dont un twister qui a fait un malheur. Je me suis fait plumée aux dames. Ces gosses sont doués. Après le déjeuner nous sommes parties avec Max et Marius (le trésorier), Moussa (animateur éducateur), Blaise ((rasta) idem) prendre un verre pendant que les enfants se reposaient. Nous sommes rentrés pour le cours de dessin car tous les dimanche vient un professeur d’art plastique pendant 2h afin d’apprendre aux enfants à dessiner. Nous avons suivi la classe et je dois avouer que jamais on ne m’avait expliqué aussi bien comment dessiner un personnage. Le type est vraiment doué. Nous avons pas mal rigolé, certains ont dormis. C’était un moment vraiment privilégié.
N’ayant pas déjeuné ni fait de sieste nous étions littéralement épuisées. Nous avons « demandé notre route » vers 17h et sommes passée chez Monsieur Achille pour déposer le lait pour la jeune fille qui a des jumelles. Ensuite nous nous sommes précipitées au verdoyant en espérant qu’il soit ouvert. Nous étions là à 18h, mortes de faim et de fatigue, la cuisine n’ouvrant qu’à 18H30 nous avons patienté bon gré mais surtout mal gré avec un coca. Le repas n’a jamais été aussi apprécié qu’aujourd’hui.
Il fait toujours aussi chaud mais si on n’est pas en plein soleil c’est supportable. Je pense qu’ entre midi et deux on doit atteindre les 45-48 ... sachant que le soir a 19h30 il fait 35°. Le seul moment de fraîcheur est celui ou l’on sort de la douche et qu’on passe sous le ventilo mais ça ne dure pas … Ce soir on se couchera après une « bonne » douche. C’était vraiment une super journée.
Lundi 17 mars 2008, Ouagadougou – Guimtenga
Nous avions rameuté les troupes à 7h30 (c’est a dire la famille d’allemands qui loge aussi à Carmen Kisito) ainsi que Manu et sa mère Monique (dites pour faire simple M&M (des amies de Thierry de l’association « Enfance en Péril »)) qui sont en vacance ici. Je voulais partir au plus tard à 8h … seulement il y eu un malentendu sur le programme de M&M qui en fait devait aller à Kamzaka et non pas a Guimtenga. Du coup, Marius qui devait aussi nous rejoindre et resté lui aussi à Kamzaka. Nous voilà donc partis (les allemands et nous) pour Guimtenga. Nous arrivons à l’école vers 9h. Les cours avaient bien évidemment commencé puisqu’ils débutent leur journée à 7h30. Tonton Raphaël était là pour nous accueillir. Nous avons discuté un moment avec les différents professeurs et nous sommes présentés aux 3 classes. Après avoir raconté l’histoire de cette école à la famille allemande ils sont repartis et nous avons intégré les locaux nous répartissant chacune dans une classe. Je commence par la classe de CE1. Ils sont 101 élèves. Leur professeur Monsieur Kaboré Sibidi est aussi le directeur de l’école. Laeti a attaqué par le CP2. Ils sont 87 car il y a 3 absents. Agnès leur professeur les mène à la baguette mais avec humour. Flo quand a elle est partie chez les petits, le CP1 dont la maîtresse s’appelle Binto. Ils étaient 57 sur 66. Nous avons donc eu le droit à des maths, de la lecture, une composition. Nous avons été chacune très étonné par leur désir d’apprendre. Bien sur il y a toujours dans les classes un artiste, un cancre, une tête et un chouchou mais ils se battent pour répondre aux questions et ça c’est incroyable à voir.
A 10h30 il y a eu le récré. Flo a sorti son appareil à faire de bulles ce qui a provoqué une liesse général surtout lorsque Maxime leur a dit qu’il donnerait 100 CFA à celui qui lui en ramènerait une. Pendant que les enfants s’amusaient je me suis rapprochée des cuisinières qui préparaient le riz. En effet j’étais curieuse de savoir la quantité de riz utilisée par jour. Afin de nourrir les 257 enfants inscrits (sans compter les absents) il faut compter un sac de riz de 5OKg par jour ainsi qu’une boite de concentré de tomate plus le bouillon Maggi.
Nous avons repris les cours jusqu’à midi. S’en est suivi la distribution du repas. Aujourd’hui est un jour spécial car en plus de la traditionnelle gamelle de riz nous leur avons distribué à chacun un paquet de gâteau et une banane. Les enfants une fois les gamelles remplies partent selon leurs affinités s’asseoir à l’ombre des arbres environnant. Ils sont sensés s’y reposer jusqu’à 15h. Le temps m’a semblé très long. Heureusement l’intervention des blanches les aura distrait. Entre Laeti qui leur a appris une chanson plus celles qu’ils nous chantaient de leur cru ont occupé une bonne partie de cette pause. Quant à essayer de leur apprendre à faire la ronde ou a jouer a 1,2,3 soleil … c’était mission impossible vu le nombre. Pendant que les filles continuaient à jouer avec eux je me suis entretenue avec une mère de famille qui est venue me présenter son projet de monter un AME (Association des mères éducatrices). Elles sont 67 à s’être inscrites avec le projet de mettre en place un jardin potager et ils recherchent des fonds pour les aider mais le projet bien que sympathique est beaucoup trop vague. A part la liste des mamans volontaires (chacune verserait 250 CFA et donnerait de son temps), et un papier officiel expliquant ce qu’est une AME aucun budget ni étude approfondie n’a été faite. Je lui ai donc suggéré de monter un projet solide avec leurs besoins réels et un budget prévisionnel afin de le soumettre à Paolo mais en leur précisant bien que malheureusement on était très sollicité de tous les côtés et que pour l’instant la priorité était donnée à la fin de la construction et de la réfection de l’école.
Au bout de 2h nous nous sommes octroyé une mini sieste à même le sol avec, cela va sans dire, quelques dizaines de paires d’yeux qui nous dévisageaient mais bon … la chaleur et la fatigue nous aidèrent à faire abstraction. Nous reprîmes les cours de 15h à 17h en échangeant nos classes. A la fin des cours nous avons assisté à la descente du drapeau avec l’hymne national chanté par les enfants. Nous avons essayé de prendre la route, notre problème de batterie restant le même nous nous sommes littéralement fait catapultés par des dizaines de mains. Je me demande d’où ces gosses tirent toute cette énergie.
Couvertes de poussière de la tête au pied et complètement déshydratées (nous avions cependant emmené beaucoup d’eau), nous nous sommes jetées sur un coca comme la misère sur les pauvres gens avant de rentrer à Carmen. Nous sommes ressorties dîner avec M&M au verdoyant. Je vais bouquiner un peu avant de dormir. Demain c’est grasse mat youuuuupi !!!
Mardi 18 mars 2008, Ouagadougou
Note de Flo : « Levées à 8h17 environ, nous sommes parties fraîches et de bonne humeur pour aller rendre visite a un copain de Maxime qui est artiste et peint de très beaux tableaux. Il fait en fait des panneaux publicitaires et peint sur le coté des tableaux qui sont revendus ensuite par plein de gens dans les rues de Ouaga. Laetitia a acheté deux jolis tableaux, et moi (Flo) deux cougourdes colorées.
Apres cette séance de shopping endiablé (hum hum), nous sommes allées retirer des sous puis sommes revenues a Carmen pour déposer lesdits sous et faire nos comptes d’apothicaire.
Après maints calculs foireux, nous en sommes venues aux mains. Non, en fait on a réussi à bien s’en sortir.
Ah oui ! Nous sommes aussi allés, toujours avec notre vaillant Maxime, chercher les beurres de Karité et autres produits qu’on avait commandé en début de semaine.
Pose déjeuner à l’Eau Vive, ou tout le gratin politique du Burkina s’était donné rendez-vous. Maxime ne savait plus où donner des yeux de la tête ! Il y avait plein de ministres partout.
Après le repas nous sommes rentrées faire une bonne sieste. Vers 16 h, Maxime est venu nous chercher pour aller visiter le parc urbain de la forêt classée de Bangr-weoogo. On a marché un peu et vu un croco flemmard ainsi que de jolis oiseaux colorés.
Bref, la journée est très vite passé et nous voilà de retour à Carmen, ou nous nous sommes « décraspouillées » avant d’aller manger un petit morceau au restau d’en face (Dany Ice, yahoooooooooooooooooo !).
Maintenant nous sommes en train de dire des tas de bêtises et rigoler dans la suite présidentielle de Laetitia. »
Mercredi 19 mars 2008, Ouagadougou
Nous avions donné rendez vous à Maxime à 9h à Carmen avec toute sa famille afin de les emmener voir le zoo de la forêt. Nous nous sommes acquittées des droits d’entrée (100 CFA pour les enfants, 200 pour les adultes et 1000 pour l’appareil photo) et avons effectué la visite avec un guide. Après un petit rafraîchissement nous avons déposé Adèle et les enfants à la maison et lui avons offert les cadeaux que nous avions ramené de France dont la machine à coudre de Laeti. Elle était vraiment très émue. Le petit Yael est à croquer, toujours entrain de sourire.
Après avoir eu Paolo au téléphone nous sommes allées retirer de l’argent afin de racheter du lait maternisé 1er âge. Malheureusement il n’y avait plus de cartons entiers de la marque la moins cher (Marque Frisola à 2250 CFA la boîte). Nous avons donc vidé le rayon de ce qu’il restait (16 boites) et avons pris du lait de la marque Gallia et Blédina (qui sont eux à 3250 CFA la boîte). Le tout nous est revenu à 198500 CFA (302 €). Nous sommes allée déposer le tout à l’orphelinat (76 boites offertes par graines de joie et 12 boites offertes par les américains) ainsi que tous les jouets offerts par Flo dont un tapis d’éveil qui a rendu particulièrement heureuse la secrétaire car elle nous a dit l’avoir demandé depuis longtemps mais que jusqu’à présent personne n’en avait ramené. Chaussures, lingettes et vêtements ont également été déposés par Flo. Aujourd’hui nous avons décidé de pique niquer à Carmen ce qui, en plus de nous faire faire des économies nous permet de nous reposer (ce qui est moins évident lorsque l’on va au restaurant). Nous sommes également passées récupérer les papiers phytosanitaires pour le karité ainsi que l’attestation de produit biologique puis avant de rentrer nous avons récupéré les tableaux que nous avons achetés. Le gars, un ami de Maxime est vraiment doué (15000 le grand 6000 le petit 1000 la calebasse). Très gentil il nous a offert une calebasse chacune ainsi qu’un tableau pour Flo.
Marius nous a appelé pour nous inviter à un petit concert. Il y a en effet une française (Susie) qui, (tombée amoureuse du ou au Burkina, je ne sais pas), a monté un groupe avec d’autres musiciens. Elle joue de l’accordéon, il y a un djembé et un autre instrument dont je ne me souviens pas le nom. L’ayant rencontré l’autre jour je lui avais demandé s’il était possible d’organiser un petit concert à Kamzaka car j’étais curieuse d’écouter ce mélange. En plus ça ferait quelque chose de nouveau pour les garçons. Donc Marius nous avait donné RDV à 16H mais finalement nous a dit que le concert débuterait à 19H30. Nous avons décidé (puisque c’est jour de fête) d’aller acheter des pizzas et des fruits pour le dîner seulement voilà, on est arrivés à 18h dans une pizzeria. Le type nous informe que le cuistot n’arrive qu’à 18h30 (ce qui n’aurait pas été un problème s’il n’avait pas menti sur la suite) et qu’il pouvait enfourner jusqu'à 10 pizzas ensemble. Nous en commandons 15 et prenons un rafraîchissement en attendant. Nous faisons une rencontre qui pourra s’avérer fort intéressante dans le futur. En effet, alors que nous patientions désespérément je fais la connaissance de Ouali. Ouali travaille pour l’ANPE burkinabé. Il est spécialisé dans la formation des jeunes n’ayant pas reçu d’éducation. Je lui parle de Kamzaka et lui propose de rencontrer Marius. Les minutes passent, les heures … Lasses et nous voyant en retard nous demandons régulièrement « dans combien de temps » et la réponse est toujours aussi malhonnête. Ca va du « quelques minutes » au « il n’en reste que 6 à cuire » en passant par « 10 minutes » sauf qu’à 20h30 on ne voyait toujours rien venir. Je rappelle donc Marius pour m’excuser une fois de plus lorsque Flo complètement excédée demande à voir les pizzas qui sont déjà prêtes ... quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit qu’il n’y en avait que 10 de cuites. Elle lui somme de nous rembourser la différence et nous partons à 20h45 avec nos 10 pizzas et les boules d’avoir raté le concert et d’arriver aussi tard. Heureusement demain c’est Férié. Nous arrivons donc vers 21h30 complètement énervées mais le simple fait de voir les garçons qui nous tombent dessus avec leurs grands sourires dès notre arrivée fait s’évaporer la moindre particule de négativité. Nous passons une bonne heure avec eux à jouer, à écrire nos adresses et à récupérer leur lettres et dessins pour leur parrains et marraines. C’est fou comme ils y sont attachés. Ils me demandent tous si je connais X et Y. C’est important pour eux. Il y a un petit nouveau qui est arrivé hier au centre. Il s’appelle Issa. N’ayant pas encore de parrain Flo s’est proposé de devenir sa marraine. Il faudra cependant attendre le dossier du SAMU Social (c’est eux qui l’ont envoyé à KAMZAKA) et voir s’il passe la période d’adaptation qui dure environ un mois. Ensuite elle pourra remplir les formalités.
Nous rentrons fatiguées tant par l’attente de ces p…..s de pizza que par l’énergie qu’il a fallu déployer avec les garçons. On se couche vers minuit trente. Un record !
Jeudi 20 mars 2008, Ougadougou – Paris via Niamey
Levées à 8h une grosse journée nous attend. Nous commençons par aller régler la voiture à Guy puis filons chez Sandrine Roche (qui fabrique les savons d’Asseitou) pour récupérer les 400 savons (56000 CFA). De là nous allons déposer le tout à Carmen Kisito car ils craignent la chaleur. Nous sommes partis manger au verdoyant puis après un RDV manqué avec Ouali nous sommes passés récupérer Marius (Ismaël s’est tapé l’incruste) pour aller visiter le chantier car il paraît qu’ils ont bien avancé (effectivement les fondations sont comblées et ils sont déjà entrain de monter les murs des sanitaires). Au retour nous passons un moment avec les garçons puis allons chez Achille pour récupérer un courrier et pour lui donner des stylos qui font défaut à l’école. De là, pendant que les filles se douchent j’ai finalement réussi à organiser une rencontre avec Ouali et Marius juste à côté de la maison. Nous sommes allés prendre un verre au « Stade de France Plus » … je ne pouvais partir sans passer par là. Je rentre pour pouvoir faire ma valise car le temps, même s’il semble s’être arrêté aujourd’hui, continu sa course. Max vient nous chercher vers 19h. Nous passons faire un rapide bisous à Adèle avant de repartir pour l’aéroport.
Le voyage de retour sera pénible car premièrement la grande nouveauté c’est qu’une fois qu’on est enregistrés on ne peut plus sortir de l’aéroport. Du coup c’est nul parce que nous on est arrivées super tôt et on comptait passer un moment avec Maxime, boire un dernier verre. C’est vraiment nul nul nul leur système. Du coup on a été obligés de se dire au revoir à travers la vitre. On a poireauté jusqu’à 20h30 dans cet aéroport miteux qui pue les pieds. C’était une infection ! Nous décollons à 21h30 pour 45 minutes de vol plus tard, atterrir à Niamey au Niger. Là nous attend une escale d’1h30 pendant laquelle nous sommes confinées dans l’avion sans rien faire. On a faim, on est fatiguées et on ne peut même pas regarder de film en attendant. On re-décolle vers minuit quelque chose et juste au moment de nous endormir ils servent le dîner. Arrrrrrrrgh !!!! Bref … je me jette sur le plateau car j’ai vraiment trop faim. Le voyage a donc été très long. Heureusement l’équipage était aussi très sympa. Nous arrivons à CDG à 6h30 du mat. Il fait froid et il pleut ! YEEEPA !!!
Il y avait bien de l’eau hier soir mais je n’avais plus le courage de me doucher en rentrant. Les filles elles s’en sont données à cœur joie avec lavage de cheveux et tutti quanti. Je restais donc pouilleuse …
Le matin nous avions donné RDV à Maxime à 8h45 afin d’être au SIAO (salon international de l’artisanat de Ouagadougou) car jusqu’à demain il y a une exposition sur l’art de tout l’ouest africain. Laeti y a trouvé de quoi faire ses cadeaux ainsi que Flo. Nous sommes passées au Scimas ensuite pour acheter du lait maternisé 1er âge pour l’orphelinat ainsi que de quoi faire un goûter avec les garçons de KAMZAKA. Du coup, épuisées par la chaleur nous avons aussi acheté de quoi grignoter à midi afin de ne pas passer 3 heures au resto. Nous avons donc profité d’une bonne sieste avant de repartir avec Maxime chercher Adèle, Parfait, Kevin et le petit Yael (et Basile) afin qu’il nous emmène voir sa maison qui est en construction depuis 3 ans. Nous avons passé quelques heures là-bas à papoter avec son père, sa famille et ses voisins, à prendre des photos. En rentrant nous avons filé sur internet après avoir déposé toute la famille. Les connexions sont lentes, très lentes (17 minute pour accéder à ma boite de réception)… puis nous décidons de manger au DANY ICE juste en face de Carmen.
Dimanche 16 mars 2008, Ouagadougou
RDV donné à 9h à Max pour aller acheter les bananes pour l’école (350 bananes à 250 CFA le kilo soit un total de 12000 CFA pour 49 kilos ... héééééééééé oui ... il fallait bien que je négocie quelque chose !) le transport des bananes et leur conservation jusqu'à demain nous a posé quelques difficultés qui ont pris une bonne demi heure avant d’être résolues. Du coup nous sommes arrivées vers 11h à KAMZAKA. Les garçons étaient en pleine lessive, il y en avait partout. Nous avons donc passé la journée avec eux. Le goûter a été avalé avant le déjeuner. Peu importe, aujourd’hui c’est jour de fête car les visites sont rares. J’ai distribué les quelques affaires que l’on m’avait demandé (le sac a dos de jean Nana avec ses fournitures scolaire (sac qu’il n’a pas lâché de la journée)), les lettres etc … Flo avait amené quelques jeux dont un twister qui a fait un malheur. Je me suis fait plumée aux dames. Ces gosses sont doués. Après le déjeuner nous sommes parties avec Max et Marius (le trésorier), Moussa (animateur éducateur), Blaise ((rasta) idem) prendre un verre pendant que les enfants se reposaient. Nous sommes rentrés pour le cours de dessin car tous les dimanche vient un professeur d’art plastique pendant 2h afin d’apprendre aux enfants à dessiner. Nous avons suivi la classe et je dois avouer que jamais on ne m’avait expliqué aussi bien comment dessiner un personnage. Le type est vraiment doué. Nous avons pas mal rigolé, certains ont dormis. C’était un moment vraiment privilégié.
N’ayant pas déjeuné ni fait de sieste nous étions littéralement épuisées. Nous avons « demandé notre route » vers 17h et sommes passée chez Monsieur Achille pour déposer le lait pour la jeune fille qui a des jumelles. Ensuite nous nous sommes précipitées au verdoyant en espérant qu’il soit ouvert. Nous étions là à 18h, mortes de faim et de fatigue, la cuisine n’ouvrant qu’à 18H30 nous avons patienté bon gré mais surtout mal gré avec un coca. Le repas n’a jamais été aussi apprécié qu’aujourd’hui.
Il fait toujours aussi chaud mais si on n’est pas en plein soleil c’est supportable. Je pense qu’ entre midi et deux on doit atteindre les 45-48 ... sachant que le soir a 19h30 il fait 35°. Le seul moment de fraîcheur est celui ou l’on sort de la douche et qu’on passe sous le ventilo mais ça ne dure pas … Ce soir on se couchera après une « bonne » douche. C’était vraiment une super journée.
Lundi 17 mars 2008, Ouagadougou – Guimtenga
Nous avions rameuté les troupes à 7h30 (c’est a dire la famille d’allemands qui loge aussi à Carmen Kisito) ainsi que Manu et sa mère Monique (dites pour faire simple M&M (des amies de Thierry de l’association « Enfance en Péril »)) qui sont en vacance ici. Je voulais partir au plus tard à 8h … seulement il y eu un malentendu sur le programme de M&M qui en fait devait aller à Kamzaka et non pas a Guimtenga. Du coup, Marius qui devait aussi nous rejoindre et resté lui aussi à Kamzaka. Nous voilà donc partis (les allemands et nous) pour Guimtenga. Nous arrivons à l’école vers 9h. Les cours avaient bien évidemment commencé puisqu’ils débutent leur journée à 7h30. Tonton Raphaël était là pour nous accueillir. Nous avons discuté un moment avec les différents professeurs et nous sommes présentés aux 3 classes. Après avoir raconté l’histoire de cette école à la famille allemande ils sont repartis et nous avons intégré les locaux nous répartissant chacune dans une classe. Je commence par la classe de CE1. Ils sont 101 élèves. Leur professeur Monsieur Kaboré Sibidi est aussi le directeur de l’école. Laeti a attaqué par le CP2. Ils sont 87 car il y a 3 absents. Agnès leur professeur les mène à la baguette mais avec humour. Flo quand a elle est partie chez les petits, le CP1 dont la maîtresse s’appelle Binto. Ils étaient 57 sur 66. Nous avons donc eu le droit à des maths, de la lecture, une composition. Nous avons été chacune très étonné par leur désir d’apprendre. Bien sur il y a toujours dans les classes un artiste, un cancre, une tête et un chouchou mais ils se battent pour répondre aux questions et ça c’est incroyable à voir.
A 10h30 il y a eu le récré. Flo a sorti son appareil à faire de bulles ce qui a provoqué une liesse général surtout lorsque Maxime leur a dit qu’il donnerait 100 CFA à celui qui lui en ramènerait une. Pendant que les enfants s’amusaient je me suis rapprochée des cuisinières qui préparaient le riz. En effet j’étais curieuse de savoir la quantité de riz utilisée par jour. Afin de nourrir les 257 enfants inscrits (sans compter les absents) il faut compter un sac de riz de 5OKg par jour ainsi qu’une boite de concentré de tomate plus le bouillon Maggi.
Nous avons repris les cours jusqu’à midi. S’en est suivi la distribution du repas. Aujourd’hui est un jour spécial car en plus de la traditionnelle gamelle de riz nous leur avons distribué à chacun un paquet de gâteau et une banane. Les enfants une fois les gamelles remplies partent selon leurs affinités s’asseoir à l’ombre des arbres environnant. Ils sont sensés s’y reposer jusqu’à 15h. Le temps m’a semblé très long. Heureusement l’intervention des blanches les aura distrait. Entre Laeti qui leur a appris une chanson plus celles qu’ils nous chantaient de leur cru ont occupé une bonne partie de cette pause. Quant à essayer de leur apprendre à faire la ronde ou a jouer a 1,2,3 soleil … c’était mission impossible vu le nombre. Pendant que les filles continuaient à jouer avec eux je me suis entretenue avec une mère de famille qui est venue me présenter son projet de monter un AME (Association des mères éducatrices). Elles sont 67 à s’être inscrites avec le projet de mettre en place un jardin potager et ils recherchent des fonds pour les aider mais le projet bien que sympathique est beaucoup trop vague. A part la liste des mamans volontaires (chacune verserait 250 CFA et donnerait de son temps), et un papier officiel expliquant ce qu’est une AME aucun budget ni étude approfondie n’a été faite. Je lui ai donc suggéré de monter un projet solide avec leurs besoins réels et un budget prévisionnel afin de le soumettre à Paolo mais en leur précisant bien que malheureusement on était très sollicité de tous les côtés et que pour l’instant la priorité était donnée à la fin de la construction et de la réfection de l’école.
Au bout de 2h nous nous sommes octroyé une mini sieste à même le sol avec, cela va sans dire, quelques dizaines de paires d’yeux qui nous dévisageaient mais bon … la chaleur et la fatigue nous aidèrent à faire abstraction. Nous reprîmes les cours de 15h à 17h en échangeant nos classes. A la fin des cours nous avons assisté à la descente du drapeau avec l’hymne national chanté par les enfants. Nous avons essayé de prendre la route, notre problème de batterie restant le même nous nous sommes littéralement fait catapultés par des dizaines de mains. Je me demande d’où ces gosses tirent toute cette énergie.
Couvertes de poussière de la tête au pied et complètement déshydratées (nous avions cependant emmené beaucoup d’eau), nous nous sommes jetées sur un coca comme la misère sur les pauvres gens avant de rentrer à Carmen. Nous sommes ressorties dîner avec M&M au verdoyant. Je vais bouquiner un peu avant de dormir. Demain c’est grasse mat youuuuupi !!!
Mardi 18 mars 2008, Ouagadougou
Note de Flo : « Levées à 8h17 environ, nous sommes parties fraîches et de bonne humeur pour aller rendre visite a un copain de Maxime qui est artiste et peint de très beaux tableaux. Il fait en fait des panneaux publicitaires et peint sur le coté des tableaux qui sont revendus ensuite par plein de gens dans les rues de Ouaga. Laetitia a acheté deux jolis tableaux, et moi (Flo) deux cougourdes colorées.
Apres cette séance de shopping endiablé (hum hum), nous sommes allées retirer des sous puis sommes revenues a Carmen pour déposer lesdits sous et faire nos comptes d’apothicaire.
Après maints calculs foireux, nous en sommes venues aux mains. Non, en fait on a réussi à bien s’en sortir.
Ah oui ! Nous sommes aussi allés, toujours avec notre vaillant Maxime, chercher les beurres de Karité et autres produits qu’on avait commandé en début de semaine.
Pose déjeuner à l’Eau Vive, ou tout le gratin politique du Burkina s’était donné rendez-vous. Maxime ne savait plus où donner des yeux de la tête ! Il y avait plein de ministres partout.
Après le repas nous sommes rentrées faire une bonne sieste. Vers 16 h, Maxime est venu nous chercher pour aller visiter le parc urbain de la forêt classée de Bangr-weoogo. On a marché un peu et vu un croco flemmard ainsi que de jolis oiseaux colorés.
Bref, la journée est très vite passé et nous voilà de retour à Carmen, ou nous nous sommes « décraspouillées » avant d’aller manger un petit morceau au restau d’en face (Dany Ice, yahoooooooooooooooooo !).
Maintenant nous sommes en train de dire des tas de bêtises et rigoler dans la suite présidentielle de Laetitia. »
Mercredi 19 mars 2008, Ouagadougou
Nous avions donné rendez vous à Maxime à 9h à Carmen avec toute sa famille afin de les emmener voir le zoo de la forêt. Nous nous sommes acquittées des droits d’entrée (100 CFA pour les enfants, 200 pour les adultes et 1000 pour l’appareil photo) et avons effectué la visite avec un guide. Après un petit rafraîchissement nous avons déposé Adèle et les enfants à la maison et lui avons offert les cadeaux que nous avions ramené de France dont la machine à coudre de Laeti. Elle était vraiment très émue. Le petit Yael est à croquer, toujours entrain de sourire.
Après avoir eu Paolo au téléphone nous sommes allées retirer de l’argent afin de racheter du lait maternisé 1er âge. Malheureusement il n’y avait plus de cartons entiers de la marque la moins cher (Marque Frisola à 2250 CFA la boîte). Nous avons donc vidé le rayon de ce qu’il restait (16 boites) et avons pris du lait de la marque Gallia et Blédina (qui sont eux à 3250 CFA la boîte). Le tout nous est revenu à 198500 CFA (302 €). Nous sommes allée déposer le tout à l’orphelinat (76 boites offertes par graines de joie et 12 boites offertes par les américains) ainsi que tous les jouets offerts par Flo dont un tapis d’éveil qui a rendu particulièrement heureuse la secrétaire car elle nous a dit l’avoir demandé depuis longtemps mais que jusqu’à présent personne n’en avait ramené. Chaussures, lingettes et vêtements ont également été déposés par Flo. Aujourd’hui nous avons décidé de pique niquer à Carmen ce qui, en plus de nous faire faire des économies nous permet de nous reposer (ce qui est moins évident lorsque l’on va au restaurant). Nous sommes également passées récupérer les papiers phytosanitaires pour le karité ainsi que l’attestation de produit biologique puis avant de rentrer nous avons récupéré les tableaux que nous avons achetés. Le gars, un ami de Maxime est vraiment doué (15000 le grand 6000 le petit 1000 la calebasse). Très gentil il nous a offert une calebasse chacune ainsi qu’un tableau pour Flo.
Marius nous a appelé pour nous inviter à un petit concert. Il y a en effet une française (Susie) qui, (tombée amoureuse du ou au Burkina, je ne sais pas), a monté un groupe avec d’autres musiciens. Elle joue de l’accordéon, il y a un djembé et un autre instrument dont je ne me souviens pas le nom. L’ayant rencontré l’autre jour je lui avais demandé s’il était possible d’organiser un petit concert à Kamzaka car j’étais curieuse d’écouter ce mélange. En plus ça ferait quelque chose de nouveau pour les garçons. Donc Marius nous avait donné RDV à 16H mais finalement nous a dit que le concert débuterait à 19H30. Nous avons décidé (puisque c’est jour de fête) d’aller acheter des pizzas et des fruits pour le dîner seulement voilà, on est arrivés à 18h dans une pizzeria. Le type nous informe que le cuistot n’arrive qu’à 18h30 (ce qui n’aurait pas été un problème s’il n’avait pas menti sur la suite) et qu’il pouvait enfourner jusqu'à 10 pizzas ensemble. Nous en commandons 15 et prenons un rafraîchissement en attendant. Nous faisons une rencontre qui pourra s’avérer fort intéressante dans le futur. En effet, alors que nous patientions désespérément je fais la connaissance de Ouali. Ouali travaille pour l’ANPE burkinabé. Il est spécialisé dans la formation des jeunes n’ayant pas reçu d’éducation. Je lui parle de Kamzaka et lui propose de rencontrer Marius. Les minutes passent, les heures … Lasses et nous voyant en retard nous demandons régulièrement « dans combien de temps » et la réponse est toujours aussi malhonnête. Ca va du « quelques minutes » au « il n’en reste que 6 à cuire » en passant par « 10 minutes » sauf qu’à 20h30 on ne voyait toujours rien venir. Je rappelle donc Marius pour m’excuser une fois de plus lorsque Flo complètement excédée demande à voir les pizzas qui sont déjà prêtes ... quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle vit qu’il n’y en avait que 10 de cuites. Elle lui somme de nous rembourser la différence et nous partons à 20h45 avec nos 10 pizzas et les boules d’avoir raté le concert et d’arriver aussi tard. Heureusement demain c’est Férié. Nous arrivons donc vers 21h30 complètement énervées mais le simple fait de voir les garçons qui nous tombent dessus avec leurs grands sourires dès notre arrivée fait s’évaporer la moindre particule de négativité. Nous passons une bonne heure avec eux à jouer, à écrire nos adresses et à récupérer leur lettres et dessins pour leur parrains et marraines. C’est fou comme ils y sont attachés. Ils me demandent tous si je connais X et Y. C’est important pour eux. Il y a un petit nouveau qui est arrivé hier au centre. Il s’appelle Issa. N’ayant pas encore de parrain Flo s’est proposé de devenir sa marraine. Il faudra cependant attendre le dossier du SAMU Social (c’est eux qui l’ont envoyé à KAMZAKA) et voir s’il passe la période d’adaptation qui dure environ un mois. Ensuite elle pourra remplir les formalités.
Nous rentrons fatiguées tant par l’attente de ces p…..s de pizza que par l’énergie qu’il a fallu déployer avec les garçons. On se couche vers minuit trente. Un record !
Jeudi 20 mars 2008, Ougadougou – Paris via Niamey
Levées à 8h une grosse journée nous attend. Nous commençons par aller régler la voiture à Guy puis filons chez Sandrine Roche (qui fabrique les savons d’Asseitou) pour récupérer les 400 savons (56000 CFA). De là nous allons déposer le tout à Carmen Kisito car ils craignent la chaleur. Nous sommes partis manger au verdoyant puis après un RDV manqué avec Ouali nous sommes passés récupérer Marius (Ismaël s’est tapé l’incruste) pour aller visiter le chantier car il paraît qu’ils ont bien avancé (effectivement les fondations sont comblées et ils sont déjà entrain de monter les murs des sanitaires). Au retour nous passons un moment avec les garçons puis allons chez Achille pour récupérer un courrier et pour lui donner des stylos qui font défaut à l’école. De là, pendant que les filles se douchent j’ai finalement réussi à organiser une rencontre avec Ouali et Marius juste à côté de la maison. Nous sommes allés prendre un verre au « Stade de France Plus » … je ne pouvais partir sans passer par là. Je rentre pour pouvoir faire ma valise car le temps, même s’il semble s’être arrêté aujourd’hui, continu sa course. Max vient nous chercher vers 19h. Nous passons faire un rapide bisous à Adèle avant de repartir pour l’aéroport.
Le voyage de retour sera pénible car premièrement la grande nouveauté c’est qu’une fois qu’on est enregistrés on ne peut plus sortir de l’aéroport. Du coup c’est nul parce que nous on est arrivées super tôt et on comptait passer un moment avec Maxime, boire un dernier verre. C’est vraiment nul nul nul leur système. Du coup on a été obligés de se dire au revoir à travers la vitre. On a poireauté jusqu’à 20h30 dans cet aéroport miteux qui pue les pieds. C’était une infection ! Nous décollons à 21h30 pour 45 minutes de vol plus tard, atterrir à Niamey au Niger. Là nous attend une escale d’1h30 pendant laquelle nous sommes confinées dans l’avion sans rien faire. On a faim, on est fatiguées et on ne peut même pas regarder de film en attendant. On re-décolle vers minuit quelque chose et juste au moment de nous endormir ils servent le dîner. Arrrrrrrrgh !!!! Bref … je me jette sur le plateau car j’ai vraiment trop faim. Le voyage a donc été très long. Heureusement l’équipage était aussi très sympa. Nous arrivons à CDG à 6h30 du mat. Il fait froid et il pleut ! YEEEPA !!!
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vendredi 7 novembre 2008
Burkina Faso - Mission Novembre 2007 - 1ère partie
7 Novembre 2007, Ouagadougou, Burkina Faso
Il y a quelques mois j’ai rencontré Paolo et Laurent à l’aéroport de Roissy alors que nous attendions notre vol pour Marseille. Paolo travaille pour Air France à l’escale de Marseille. Nos divers sujets de discussions nous ont amené à parler de mon expérience à Madagascar et Paolo m’a alors dit travailler en tant que trésorier pour une association fondée par des agents AF de l’escale de Marseille appelée GRAINES DE JOIE. Cette association a développé plusieurs projets dont certains au Burkina Faso, d’autres en Roumanie et au Brésil. Nous avons tout naturellement échangé nos coordonnées car l’idée de repartir en mission humanitaire m’enchante et me comble.
Paolo m’a contacté pour me parler de la prochaine mission prévue au Burkina Faso. Les dates collaient exactement à mes jours de repos et j’ai sauté sur l’occasion pour lui dire que j’étais partante.
Voilà comment quelques temps plus tard je me retrouve avec 13 autres personnes dans un hôtel au centre de Ouagadougou à minuit passé.
Ce matin j’ai quitté mon hôtel à midi pour me rendre au terminal E. Arrivée en avance j’ai fait la queue dans la file d’attente. Le reste du groupe (composé d’agents AF, de leur conjoints, ayants droits et compagnons) est arrivé au fur et a mesure car ils n’avaient pas pu tous embarquer sur le vol de Roissy. Nous étions donc en tout 17 à partir (14 pour Graines de joie et 3 pour des associations autres mais avec qui ils travaillent). Nous emportons avec nous 800 kilos de bagages, un véritable convoi !
Au terminal E des agents et superviseurs charmants nous font passer en priorité. Le vol n’était pas bon du tout mais heureusement grâce à la collaboration exceptionnelle des agents du sol et de l’équipage (nous ne remercierons jamais assez le commandant de bord qui a accepté 6 Jump Seat au lieu de 3 en transformant leurs couchettes en sièges) nous avons finalement tous pu embarquer.
Le vol s’est très bien passé. Nous sommes arrivés à Ouagadougou à 21h, il faisait 28°C. Le passage de la douane a été un peu long et un peu spécial pour 2 d’entre nous. En effet une autre jeune fille (Alice, une jeune roumaine) et moi même n’avions pas eu le temps de nous occuper des visas. Nous avons donc rempli une fiche auprès de la police des frontières et avons fourni 2 photos en plus de notre passeport. N’ayant pas l’argent pour payer le visa (10.000 CFA soit 100 francs français soit 15 euros) nous avons laissé le tout entre les mains de la police. On nous a donné un sauf conduit afin de pouvoir sortir. Je suis désormais une sans papiers … au sens propre du terme. Ca fait bizarre. Nous avons ensuite récupéré nos 46 colis. Le processus a été un peu long mais bon en même temps c’est normal, il fallait vérifier que nous n’en oublions aucun. Je suis sortie fumer une cigarette et ai attendu les autres dehors. Ils ont tardé à sortir car visiblement le nouveau chef des douanes a voulu ouvrir les paquets. Ils ont parlementé mais il n’y a rien eu à faire. Les douaniers ont donc gardé tous les bagages et nous devrons retourner à l’aéroport demain afin de les récupérer.
Nous nous sommes rendus à l’hôtel en mini bus … j’étais à la fenêtre à regarder les rues poussiéreuses et profiter de l’air sec lorsqu’ un sentiment de bien être m’a envahie. Je me suis mise à sourire. C’est sur, je suis heureuse et je vais adorer cette expérience.
Nous sommes logés au Centre « Carmen Kisito ». Il est géré par des religieuses qui hébergent les jeunes filles en détresse et qui sert aussi d’hôtel. Disons que c’est plutôt un foyer. Nous nous répartissons dans les chambres doubles ou quadruples (la mienne n’a pas de porte). C’est propre et il y a même des moustiquaires. LA CLASSE TOTALE ! Allez ! Je vais éteindre bien que je n’ai pas très sommeil car il faut prendre des forces pour demain.
CARMEN KISITO
Centre d’Accueil et de Réinsertion de la mère et de l’enfant
L’analyse des mutations sociales qui s’opèrent dans le milieu urbain de la ville de Ouagadougou a contraint l’association KISITO à découvrir d’autres formes de structures pour enfants. L’association a donc été amenée à élargir sa mission pour prendre en compte la jeune fille mère désoeuvrée et en difficulté. Par cette option elle entend mener des actions préventives en vue réduire le nombre de plus en plus important d’abandons d’enfants pour diverses raisons.
C’est en 1996 que fut décidé le chantier de la « crèche Hôtel Maternel » baptisée en 2003 en «Centre d’Accueil et Réinsertion de la mère et de l’enfant CARMEN KISITO ». Sa réalisation fut longue et difficile mais le Centre est effectif en 2005 et officiellement inauguré le 11 février 2006.
Objectifs :
(CK) se propose de promouvoir et d’appuyer les volontaires et humanitaires pour le soutien et l’assistance aux jeunes filles mères et aux enfants de 0 à 6 ans.
Objectifs spécifiques :
- Le centre entend promouvoir des actions d’écoute de conseil et de soutien à la femme et jeune fille mère en détresse et à ses proches parents.
- Accueillir, héberger la jeune fille mère en détresse pour une courte durée afin de mieux l’écouter, la conseiller, la soutenir et l’orienter vers une réinsertion familiale et sociale.
- Offrir un cadre d’occupation et de formation aux jeunes filles mères désoeuvrées et aux enfants de 0 à 6 ans pour leur gardiennage et leur éducation.
- Mettre en œuvre toute mesure pouvant contribuer à l’exercice par les jeunes filles de toutes activités à assurer leur mieux être.
Cadre institutionnel :
- Monseigneur l’archevêque de l’archidiocèse de Ouagadougou est le président fondateur de l’association Kisito. L’économe général et le curé de la cathédrale de Ouagadougou sont les 2 autres membres fondateurs. Tous les trois sont garants de l’orientation de l’association.
- CK est présentement géré par les religieuses de la congrégation des sœurs de l’Immaculée Conception (SIC) suivant une convention à durée illimitée passée avec le bureau Exécutif de l’association Kisito.
- Le centre est organisé en départements et services pour lui assurer ses activités en toute autonomie.
Activités :
- La crèche a une capacité d’accueil de 40 à 50 enfants de 0 à 3 ans, suivis journellement dans tous les soins d’hygiène, d’alimentation, de formation, de jeux d’éveil etc.
- L’école maternelle accueille 90 enfants de 3 à 6 ans en 3 sections d’environ 30 enfants par section. Ces enfants sont éduqués et formés par des sœurs et monitrices diplômées et qualifiées.
Volet filles mères :
- En ce qui concerne les filles mères, le centre joue un rôle important en menant plusieurs actions :
- mission d’écoute dispensée à l’intérieur comme à l’extérieur du centre auprès des femmes et mères célibataires en difficulté ainsi que de leurs parents par des cadres compétents.
- Accueil et hébergement de jeunes filles mères et leurs enfants. Cette prise en charge est fonction de l’état physique, psychologique et humanitaire de la mère célibataire. Sa durée relativement courte est déterminée d’avance dès l’admission de la pensionnaire.
- Formation à une activité ou aide à leur formation à un métier afin d’assurer plus tard la réinsertion familiale et professionnelle de la jeune mère.
NB : un médecin vacataire est à la disposition du centre.
Perspectives :
- Les ressources propres de CK proviennent des activités de la crèche et de l’école maternelle. Elles représentent environ 12,26% du budget de fonctionnement. Les autres ressources viennent de l’aide des bienfaiteurs nationaux et étrangers.
-C’est pourquoi comme œuvre humanitaire devant orienter les filles mères vers la recherche de leur propre autonomie, CK travaille à couvrir à 11,67% son budget par des activités génératrices de revenus.
- CK est ouvert à toute personne soucieuse d’apporter son appui matériel et financier aux activités qu’il mène contre la misère des bébés et de leurs mères en détresse
Jeudi 8 novembre 2007, Ouagadougou
J’ai (comme la plupart du groupe) assez mal dormi. Nous nous sommes tous endormis très tard (en ce qui me concerne je crois que c’est un peu à cause de l’excitation et l’envie d’être à demain). Le réveil à 6H45 à été plutôt rude. Paolo est venu me réveiller car nous devons nous rendre à l’aéroport afin de récupérer les colis (et optionnellement mon passeport). Je pars donc avec Maya (la fondatrice de l’association), Paolo, Laurent, Michelle et Christophe en direction de l’aéroport. Nous avions rendez vous à 8h. Maxime (notre dévoué chauffeur nous emmène au bureau du chef des douanes qui nous a donné RDV). Seulement voilà, la personne en question n’est pas là et il n’est pas prévu qu’il arrive avant 10h. Les boules. Les palabres commencent. Paolo appelle Achille (un ami burkinabé à l’origine des projets de construction de l’école par « graines de joie ») afin de venir plaider notre cause. Il faut que j’explique qui est monsieur Achille. Achille fait parti d’une fratrie de 14 enfants. Visiblement ses parents se sont acharnés afin que tous leurs enfants est une bonne situation dans la vie (ce qui est le cas puisqu’il est géomètre) mais avec l’espoir que ces derniers n’oublient jamais d’où ils venaient et en retour favorise le développement de leur village. Leur village c’est Guigmtenga (situé à environ 15kms de Ouagadougou). Actifs pour leur village, ils avaient organisé une collecte entre les villageois (et le village voisin) afin de créer une école pour éduquer tous leurs enfants. En effet aucun enfant n’était scolarisé du à l’éloignement des écoles et au manque d’infrastructure. Avec l’argent qu’ils avaient tous réuni ils avaient construit une paillote afin de pouvoir y donner des cours. C’est là que « graines de joie » intervient. Lors d’une rencontre avec Achille et séduits par leur enthousiasme et leur volonté, Maya et le reste de son équipe ont décidé de venir en aide au village. Ils ont donc construit une école qui accueille désormais 3 classes de 100 enfants. Je développerai ce thème plus tard lorsque j’aurai visité les locaux.
Donc Achille, qui a un certain rang social à Ouaga et s’investit a 100% dans ce projet est venu parlementer avec le chef des douanes. Cela nous a permis de récupérer les colis relativement rapidement (il nous aura fallu 1h30 de patiente au lieu de, je suppose plus de la journée sans son intervention). Pour la forme la douane a ouvert 2 des colis puis nous ont laissé partir.
Nous sommes donc revenus à Carmen Kisito chargés comme des mules. Le reste de la troupe nous a aidés à décharger le tout. (Tiens ça me fait penser que je n’ai toujours pas payé mon visa ni récupéré mon passeport !...).
Nous sommes tous partis « en ville » changer et retirer de l’argent. Cela nous a pris un certain temps vu la taille du groupe et les embûches sur la route (motos, cyclos camions, piétons, carrioles en tout genre etc …). A peine le porte monnaie rempli nous sommes allés le délester de quelques grammes au super marché du coin afin de nous approvisionner notamment en eau pendant que Paolo et Laurent partaient acheter du lait pour les enfants de HOME KISITO Nous avons rejoint Michelle et Charles (2 des personnes qui sont venus avec nous mais qui font partis de l’association TOEGA). Nous sommes allés manger au restaurant « l’eau vive » (qui est tenu par des sœurs missionnaires rattachées aux carmélites) qui prépare et aide des jeunes filles à avoir un métier (notamment en salle pour le service). On y a très bien mangé. C’était très bon. Les sœurs travailleuses missionnaires de l’eau vive accueillent les clients dans plusieurs restaurants à travers le monde. Les revenus leur permettent d’aider les populations locales en difficulté en organisant une soupe populaire mais aussi en formant des jeunes filles et en créant des projets humanitaires. La carte du restaurant propose des plats locaux (comme le To) mais aussi des plats plus européens. La salle climatisée et la cour fleurie contrastent avec le chaos de la rue. Pendant le repas les soeurs se réunissent pour chanter un « ave maria » harmonieux laissant le choix aux clients de les accompagner ou non dans leur prière. Ici quelle que soit sa confession (si tant est qu’on en ait une) chacun se sent à l’aise.
La fatigue est générale. Tout le monde est crevé. Nous pensions avoir le temps de rentrer pour nous reposer avant de repartir mais le service étant très long nous avons du faire une croix sur notre sieste. Dehors il fait une chaleur écrasante qui fragilise allègrement notre énergie. Nous avons tous plus ou moins mal à la tête. Laurent d’ailleurs est parti au début du repas sans rien avaler, terrassé par une migraine fulgurante.
Nous nous rendons donc à notre pension afin de récupérer quelques colis. Je donne un cachet à Laurent contre la migraine et il restera se reposer encore ici. Nous partons en direction de KAMZAKA, un centre d’accueil pour les enfants des rues. Kamzaka est géré par l’association « ENFANCE EN PERIL BURKINA » aidée par « ENFANCE EN PERIL France ». « Graines de joie » est intervenue ici en fournissant des lits jumeaux superposés (les enfants dormaient par terre) et en apportant différentes formes de soutien (comme par exemple le parrainage moyennant 15€ par mois). Tous ces garçons (car il n’y a que des garçons) ont un passé plus ou moins terrible (battus, violés, drogués, etc …). Le plus jeune, Isidore à 8 ans. Ca fait un an qu’il est là avec son grand frère. Kamzaka se charge de les éduquer (lire, écrire) et de leur apprendre un métier. A ce sujet là, j’ai rencontré Emilie, une française de 27 ans qui, déçue par le non aboutissement permanent de ses projets a décidé de prendre une année sabbatique afin de venir y faire du soutien scolaire. Cela fait un mois qu’elle est là. J’ai bien senti que c’était dur pour elle mais je lui ai dit mon admiration et ai essayé de lui remonter le moral. Il est vrai que c’est loin d’être facile ! Au début les enfants dormaient par terre et ne mangeaient qu’une seule fois par jour. Aujourd’hui grâce à des aides plus importantes ils peuvent être mieux logés et mieux manger. Le projet de « graines de joie » (et c’est un peu pour ça aussi que nous sommes venus) de participer à la pose de la première pierre d’un nouveau centre Kamzaka qui pourra accueillir 60 enfants. Cela représente un budget de 62.000 euros, le terrain étant fourni par la ville de Ouaga. Ainsi donc plus d’enfants pourront être sortis de la misère et la famine mais j’ai le sentiment que c’est une goutte d’eau. C’est un peu désespérant quand on voit tout ce qu’il reste à entreprendre. Je sais pertinemment que nous essayons tous de participer de notre mieux et que sur cette pierre reposera beaucoup de joie. Les enfants de Kamzaka sont heureux et CA, ça fait un bien fou au cœur.
Nous sommes rentrés du centre vers les 19h complètement lessivés. Nous nous sommes douchés avec délectation (enfin surtout Christophe et moi car ce matin il y a eu une coupure d’eau et nous n’avons pas pu nous laver (bon ok après c’était réparé mais on avait la flemme)). J’ai bien envie de me coucher sans dîner mais bon … je fais un effort et ressort avec la deuxième partie du groupe vers 21h. Nous allons au « verdoyant », une pizzéria tenue par un français marié à une burkinabée. Avec Christophe on s’est vraiment « poilés » car on était assis à côté de Maxime et Souleymane (le chauffeur de Michelle et Charles) et nous leur avons demandé de nous traduire certains mots de vocabulaire en Mooré (l’une des nombreuses langues parlées ici). Je me suis vraiment payé un bon fou rire.
Nous rentrons nous coucher mais il faut encore que je tape mon carnet … je n’ai vraiment plus de force mais je sais que si je ne le fais pas je n’aurais plus le courage de le faire plus tard.
Je me couche il est 1h du mat mais n’arrive pas à m’endormir avant 4h malgré la fatigue.
Vendredi 09 Novembre 2007, Ouagadougou
Réveillée doucement à 7h45 par Christophe qui a eu l’extrême amabilité de me chanter une chanson dédicacée, je me lève de bien meilleure humeur (on connaît ma légendaire et massacrante humeur au réveil !). Bref il nous reste environ 2O minutes pour faire ce que font les autres en 1 heure, mais ce n’est pas un problème car un café et une clope suffiront à me faire patienter jusqu’au repas de midi.
A 8h30 pétante, nous étions tous en bas à attendre le reste de l’équipe ! En ramenant les tasses de café, je me suis fait kidnappée par les enfants de la crèche. Comme ils étaient bien mignons, bien évidement, je n’ai pas pu résister, ce qui m’a mis légèrement en retard (je tiens cependant à préciser que je n’étais pas la dernière à monter dans le minibus).
Petite note de Critofle (c’est comme ça qu’Isidore a écrit son prénom) : « ce n’est que le deuxième jour, mais il devient évident que les trajets en minibus deviennent de plus en plus pénibles. Imaginez, 14 personnes serrées, sans clim avec une chaleur étouffante, des conditions de circulations chaotiques… Mais bon, chacun prend sur soi afin de ne pas rendre le trajet plus pesant qu’il ne l’est. L’idée d’une escapade en solitaire(s) commence sérieusement à faire son chemin. »
Nous avons commencé la matinée par la visite de l’orphelinat HOME KISITO.
Orphelinat HOME KISITO
Historique
En 1931, des missionnaires soucieux de répondre à la situation des nourrissons et jeunes enfants en détresse privés trop tôt de la présence de leur mère avaient créé une crèche familiale. En 1965, l'institution fut érigée en association par le révérend père Claude Blanc pour administrer la crèche baptisée HOME KISITO. Cette structure accueille des nourrissons orphelins de mère ou abandonnés, sans filiation aucune, des enfants de mère malade mentale errante. Exceptionnellement, il reçoit des enfants de familles en difficulté (enfants incestueux ou adultérins rejetés) en attente de réconciliation des parties.
Le drame vécu chaque jour par la petite enfance a conduit l’association Kisito à élargir son combat pour prendre en compte également les filles mères et les femmes en difficulté au niveau du Centre d’accueil et de réinsertion de la mère et de l’enfant. C’est là que nous logeons. Ce centre est appelé CARMEN KISITO, il est situé aux 1200 logements, secteur 14 de Ouagadougou.
Activités
Le Home Kisito (HK) dont la gestion est à la charge des sœurs de St François d’Assise assure l’accueil, l’hébergement, l’alimentation, la protection sanitaire, le placement et le suivi des bébés orphelins ou abandonnés de 0 à 2 ans.
Capacité d’accueil
L’orphelinat a une capacité d’accueil d’une cinquantaine de nourrissons. Ici les nourrissons sont répartis en 3 sections suivant leur âge : de 0 à 6 mois, de 6 mois à 1 an et de 1 an à 2 ans.
Volume d’activités
Le personnel du HK comprend présentement une infirmière diplômée d’Etat, deux agents itinérants de santé, une sage-femme, 22 nurses, 2 assisstantes sociales, un agent de suivi, 2 cuisinières dont une vacataire, un agent de ménage, 2 buandières, une dizaine d’employés des services généraux et de l’administration financière et comptable. Un contrat d’assistance médicale est passé avec un médecin pédiatre.
Statistiques
Au 31 octobre 2006 :
- 2666 enfants ont été accueillis au HK depuis 1967
- 51 enfants Kisito fréquentent la maternelle
- 43 le primaire
- 23 le secondaire
- 6 l’enseignement technique
- 1 l’enseignement supérieur
Accueil, suivi et adoption des bébés
Dès son admission au Home Kisito, le dossier complet du nourrisson est établi avec les renseignements sur ses parents, les antécédents médicaux et chirurgicaux, les filiations connues, les grossesses de la mère, les circonstances de l’accouchement et (quand c’est le cas) les causes du décès de la mère. Les rapports avec la famille biologique sont maintenus permettant en temps voulu, avant les 2 ans, le retour de l’enfant dans sa famille ou dans une famille d’accueil ou encore dans sa famille d’adoption. L’adoption, surtout pour les enfants abandonnés, se fait en conformité avec les lois et la réglementation en vigueur au Burkina Faso.
Partenaires et parrainages
Depuis sa création le Home Kisito est soutenu matériellement et financièrement par les dons des bienfaiteurs nationaux et étrangers et les contributions des partenaires. A travers le parrainage, des partenaires et bienfaiteurs étrangers viennent en aide à de nombreux enfants Kisito retournés en famille d’origine ou placés dans des familles d’accueil.
Sans aides et parrainages, le HK, qui est une œuvre caritative cesserait toute activité, laissant les bébés orphelins ou abandonnés sans soutien. C’est donc sur la générosité des uns et des autres que les enfants du HK vivent et s’épanouissent pour être les hommes et les femmes de demain.
Pour aider le HK et contribuer ainsi à sauver de la souffrance et de la mort un bébé orphelin ou abandonné, toute intervention qu’elle soit matérielle ou financière est la bienvenue en faisant soit des dons en nature sur place ou des versements financiers.
Apres un bref crochet à la maison et une micro sieste salvatrice, nous repartons au restaurant « l’eau vive ». Il faut savoir qu’au Burkina Faso, le service (et ce dans n’importe quel domaine), est extrêmement long. Afin d’éviter de perdre 3 heures à table (le moral et le physique des troupes étant en baisse, phénomène du a l’exposition prolongée au soleil), nous decidons de ne prendre qu’un plat unique. Flore, Laurent et Christophe n’ayant rien compris en ont commandé 2, voir 3…
Note de Christophe : « J’étais très déçu de ne pas avoir eu mon troisième plat. Rendez vous compte ! Des frites locales ! La déception, le chagrin, la douleur. Mais quel réconfort, la leçon de Magali: Transformer un vulgaire Nescafé en authentique expresso avec son onctueuse mousse et son amertume si douce pour l’âme ! Merci Magouille. Allez ! Demain pour le fun j’en commande quatre… Une fois de plus, à peine rentrés, la spécialiste des micros siestes me lâche encore une fois, je me vengerais ce soir. Finalement, je m’inspire de son karma et arrive à trouver le sommeil. Enfin… car ce que ne vous a pas dit Magouille, c’est que pour l’instant les nuits sont courtes, mais très agréables (surtout les pauses clopes à 2 heures du mat et les innombrables questions existentielles entre moustiquaires) »
Je me lève à 16h bien plus à même d’aborder ma mission c’est à dire aller prendre en photo les enfants de l’école en train de goûter. Ils sont 100, minuscules, plus beaux les uns que les autres. Les institutrices m’ont autorisé à participer à la classe, car je crevais d’envie d’être au milieu de toute cette énergie. Pour le goûter il y a un rituel qui consiste à se laver les mains dans un seau d’eau savonneuse puis se les rincer dans un seau d’eau claire. Ce qui me fait rire c’est qu’ensuite les enfants s’assoient par terre dans cette terre rouge et collante et se retrouvent immédiatement les mains couvertes de poussière. Mais bon, je suppose que c’est plus pour leur apprendre les rudiments de la propreté et de l’hygiène que pour qu’ils soient propres comme des sous neufs. Je me retrouve au milieu de cent enfants qui viennent me saluer en me serrant la main. J’aime cet instant privilégié. En attendant les autres préparent les cartables pour demain. En effet parmi les 800 kilos de bagages nous avons apporté des cartables, des stylos, des crayons et cahiers pour la rentrée des classes. Les femmes de notre groupe se chargent de répartir les fournitures et remplir les cartables suivant le nombre d’enfants de l’école du village à qui nous les donnerons, pendant que Paolo et Laurent vont à des RDV et que Christophe interview la mère supérieure qui gère CK, Soeur Marie. Une fois les cartables comptés et rangés nous repartons « en ville » pour retirer de l’argent, acheter de quoi organiser le pique-nique de demain et passer dans un magasin de produits au beurre de Karité. En ce qui me concerne, j’achète du beurre de karité pur pour 2500 CFA le kilo. J’en connais qui vont être contentes !
Nous rentrons un peu crevés il faut le dire et décidons avec Christophe et Flore de ne pas ressortir pour le dîner. Nous avons tous besoin je crois d’être un peu seuls et de calme. En plus nous n’avons pas très faim. Nous passons donc une agréable soirée à papoter tous les 3 en mangeant de la « vache qui rit » entre 2 Tucs au paprika. Un dîner parfait avec une compagnie parfaite.
Ah oui ! J’ai oublié de dire que j’ai eu un petit coup de blues tout à l’heure car en rentrant j’avais téléchargé toutes mes photos de cet aprèm et ensuite je les ai effacé de ma carte mémoire. Hors ces dernières ont subitement disparu de mon ordinateur. Complètement sous le choc je n’avais vraiment plus envie de sortir car je sais que je n’aurais pas été très réceptive ce soir. Mais voilà ! Heureusement Christophe les a retrouvées une fois l’ordi rallumé. QUELLE JOIE ! QUEL BONHEUR !!!! Merci Saint Christophe, je ne vous oublierai jamais !!!
Il y a quelques mois j’ai rencontré Paolo et Laurent à l’aéroport de Roissy alors que nous attendions notre vol pour Marseille. Paolo travaille pour Air France à l’escale de Marseille. Nos divers sujets de discussions nous ont amené à parler de mon expérience à Madagascar et Paolo m’a alors dit travailler en tant que trésorier pour une association fondée par des agents AF de l’escale de Marseille appelée GRAINES DE JOIE. Cette association a développé plusieurs projets dont certains au Burkina Faso, d’autres en Roumanie et au Brésil. Nous avons tout naturellement échangé nos coordonnées car l’idée de repartir en mission humanitaire m’enchante et me comble.
Paolo m’a contacté pour me parler de la prochaine mission prévue au Burkina Faso. Les dates collaient exactement à mes jours de repos et j’ai sauté sur l’occasion pour lui dire que j’étais partante.
Voilà comment quelques temps plus tard je me retrouve avec 13 autres personnes dans un hôtel au centre de Ouagadougou à minuit passé.
Ce matin j’ai quitté mon hôtel à midi pour me rendre au terminal E. Arrivée en avance j’ai fait la queue dans la file d’attente. Le reste du groupe (composé d’agents AF, de leur conjoints, ayants droits et compagnons) est arrivé au fur et a mesure car ils n’avaient pas pu tous embarquer sur le vol de Roissy. Nous étions donc en tout 17 à partir (14 pour Graines de joie et 3 pour des associations autres mais avec qui ils travaillent). Nous emportons avec nous 800 kilos de bagages, un véritable convoi !
Au terminal E des agents et superviseurs charmants nous font passer en priorité. Le vol n’était pas bon du tout mais heureusement grâce à la collaboration exceptionnelle des agents du sol et de l’équipage (nous ne remercierons jamais assez le commandant de bord qui a accepté 6 Jump Seat au lieu de 3 en transformant leurs couchettes en sièges) nous avons finalement tous pu embarquer.
Le vol s’est très bien passé. Nous sommes arrivés à Ouagadougou à 21h, il faisait 28°C. Le passage de la douane a été un peu long et un peu spécial pour 2 d’entre nous. En effet une autre jeune fille (Alice, une jeune roumaine) et moi même n’avions pas eu le temps de nous occuper des visas. Nous avons donc rempli une fiche auprès de la police des frontières et avons fourni 2 photos en plus de notre passeport. N’ayant pas l’argent pour payer le visa (10.000 CFA soit 100 francs français soit 15 euros) nous avons laissé le tout entre les mains de la police. On nous a donné un sauf conduit afin de pouvoir sortir. Je suis désormais une sans papiers … au sens propre du terme. Ca fait bizarre. Nous avons ensuite récupéré nos 46 colis. Le processus a été un peu long mais bon en même temps c’est normal, il fallait vérifier que nous n’en oublions aucun. Je suis sortie fumer une cigarette et ai attendu les autres dehors. Ils ont tardé à sortir car visiblement le nouveau chef des douanes a voulu ouvrir les paquets. Ils ont parlementé mais il n’y a rien eu à faire. Les douaniers ont donc gardé tous les bagages et nous devrons retourner à l’aéroport demain afin de les récupérer.
Nous nous sommes rendus à l’hôtel en mini bus … j’étais à la fenêtre à regarder les rues poussiéreuses et profiter de l’air sec lorsqu’ un sentiment de bien être m’a envahie. Je me suis mise à sourire. C’est sur, je suis heureuse et je vais adorer cette expérience.
Nous sommes logés au Centre « Carmen Kisito ». Il est géré par des religieuses qui hébergent les jeunes filles en détresse et qui sert aussi d’hôtel. Disons que c’est plutôt un foyer. Nous nous répartissons dans les chambres doubles ou quadruples (la mienne n’a pas de porte). C’est propre et il y a même des moustiquaires. LA CLASSE TOTALE ! Allez ! Je vais éteindre bien que je n’ai pas très sommeil car il faut prendre des forces pour demain.
CARMEN KISITO
Centre d’Accueil et de Réinsertion de la mère et de l’enfant
L’analyse des mutations sociales qui s’opèrent dans le milieu urbain de la ville de Ouagadougou a contraint l’association KISITO à découvrir d’autres formes de structures pour enfants. L’association a donc été amenée à élargir sa mission pour prendre en compte la jeune fille mère désoeuvrée et en difficulté. Par cette option elle entend mener des actions préventives en vue réduire le nombre de plus en plus important d’abandons d’enfants pour diverses raisons.
C’est en 1996 que fut décidé le chantier de la « crèche Hôtel Maternel » baptisée en 2003 en «Centre d’Accueil et Réinsertion de la mère et de l’enfant CARMEN KISITO ». Sa réalisation fut longue et difficile mais le Centre est effectif en 2005 et officiellement inauguré le 11 février 2006.
Objectifs :
(CK) se propose de promouvoir et d’appuyer les volontaires et humanitaires pour le soutien et l’assistance aux jeunes filles mères et aux enfants de 0 à 6 ans.
Objectifs spécifiques :
- Le centre entend promouvoir des actions d’écoute de conseil et de soutien à la femme et jeune fille mère en détresse et à ses proches parents.
- Accueillir, héberger la jeune fille mère en détresse pour une courte durée afin de mieux l’écouter, la conseiller, la soutenir et l’orienter vers une réinsertion familiale et sociale.
- Offrir un cadre d’occupation et de formation aux jeunes filles mères désoeuvrées et aux enfants de 0 à 6 ans pour leur gardiennage et leur éducation.
- Mettre en œuvre toute mesure pouvant contribuer à l’exercice par les jeunes filles de toutes activités à assurer leur mieux être.
Cadre institutionnel :
- Monseigneur l’archevêque de l’archidiocèse de Ouagadougou est le président fondateur de l’association Kisito. L’économe général et le curé de la cathédrale de Ouagadougou sont les 2 autres membres fondateurs. Tous les trois sont garants de l’orientation de l’association.
- CK est présentement géré par les religieuses de la congrégation des sœurs de l’Immaculée Conception (SIC) suivant une convention à durée illimitée passée avec le bureau Exécutif de l’association Kisito.
- Le centre est organisé en départements et services pour lui assurer ses activités en toute autonomie.
Activités :
- La crèche a une capacité d’accueil de 40 à 50 enfants de 0 à 3 ans, suivis journellement dans tous les soins d’hygiène, d’alimentation, de formation, de jeux d’éveil etc.
- L’école maternelle accueille 90 enfants de 3 à 6 ans en 3 sections d’environ 30 enfants par section. Ces enfants sont éduqués et formés par des sœurs et monitrices diplômées et qualifiées.
Volet filles mères :
- En ce qui concerne les filles mères, le centre joue un rôle important en menant plusieurs actions :
- mission d’écoute dispensée à l’intérieur comme à l’extérieur du centre auprès des femmes et mères célibataires en difficulté ainsi que de leurs parents par des cadres compétents.
- Accueil et hébergement de jeunes filles mères et leurs enfants. Cette prise en charge est fonction de l’état physique, psychologique et humanitaire de la mère célibataire. Sa durée relativement courte est déterminée d’avance dès l’admission de la pensionnaire.
- Formation à une activité ou aide à leur formation à un métier afin d’assurer plus tard la réinsertion familiale et professionnelle de la jeune mère.
NB : un médecin vacataire est à la disposition du centre.
Perspectives :
- Les ressources propres de CK proviennent des activités de la crèche et de l’école maternelle. Elles représentent environ 12,26% du budget de fonctionnement. Les autres ressources viennent de l’aide des bienfaiteurs nationaux et étrangers.
-C’est pourquoi comme œuvre humanitaire devant orienter les filles mères vers la recherche de leur propre autonomie, CK travaille à couvrir à 11,67% son budget par des activités génératrices de revenus.
- CK est ouvert à toute personne soucieuse d’apporter son appui matériel et financier aux activités qu’il mène contre la misère des bébés et de leurs mères en détresse
Jeudi 8 novembre 2007, Ouagadougou
J’ai (comme la plupart du groupe) assez mal dormi. Nous nous sommes tous endormis très tard (en ce qui me concerne je crois que c’est un peu à cause de l’excitation et l’envie d’être à demain). Le réveil à 6H45 à été plutôt rude. Paolo est venu me réveiller car nous devons nous rendre à l’aéroport afin de récupérer les colis (et optionnellement mon passeport). Je pars donc avec Maya (la fondatrice de l’association), Paolo, Laurent, Michelle et Christophe en direction de l’aéroport. Nous avions rendez vous à 8h. Maxime (notre dévoué chauffeur nous emmène au bureau du chef des douanes qui nous a donné RDV). Seulement voilà, la personne en question n’est pas là et il n’est pas prévu qu’il arrive avant 10h. Les boules. Les palabres commencent. Paolo appelle Achille (un ami burkinabé à l’origine des projets de construction de l’école par « graines de joie ») afin de venir plaider notre cause. Il faut que j’explique qui est monsieur Achille. Achille fait parti d’une fratrie de 14 enfants. Visiblement ses parents se sont acharnés afin que tous leurs enfants est une bonne situation dans la vie (ce qui est le cas puisqu’il est géomètre) mais avec l’espoir que ces derniers n’oublient jamais d’où ils venaient et en retour favorise le développement de leur village. Leur village c’est Guigmtenga (situé à environ 15kms de Ouagadougou). Actifs pour leur village, ils avaient organisé une collecte entre les villageois (et le village voisin) afin de créer une école pour éduquer tous leurs enfants. En effet aucun enfant n’était scolarisé du à l’éloignement des écoles et au manque d’infrastructure. Avec l’argent qu’ils avaient tous réuni ils avaient construit une paillote afin de pouvoir y donner des cours. C’est là que « graines de joie » intervient. Lors d’une rencontre avec Achille et séduits par leur enthousiasme et leur volonté, Maya et le reste de son équipe ont décidé de venir en aide au village. Ils ont donc construit une école qui accueille désormais 3 classes de 100 enfants. Je développerai ce thème plus tard lorsque j’aurai visité les locaux.
Donc Achille, qui a un certain rang social à Ouaga et s’investit a 100% dans ce projet est venu parlementer avec le chef des douanes. Cela nous a permis de récupérer les colis relativement rapidement (il nous aura fallu 1h30 de patiente au lieu de, je suppose plus de la journée sans son intervention). Pour la forme la douane a ouvert 2 des colis puis nous ont laissé partir.
Nous sommes donc revenus à Carmen Kisito chargés comme des mules. Le reste de la troupe nous a aidés à décharger le tout. (Tiens ça me fait penser que je n’ai toujours pas payé mon visa ni récupéré mon passeport !...).
Nous sommes tous partis « en ville » changer et retirer de l’argent. Cela nous a pris un certain temps vu la taille du groupe et les embûches sur la route (motos, cyclos camions, piétons, carrioles en tout genre etc …). A peine le porte monnaie rempli nous sommes allés le délester de quelques grammes au super marché du coin afin de nous approvisionner notamment en eau pendant que Paolo et Laurent partaient acheter du lait pour les enfants de HOME KISITO Nous avons rejoint Michelle et Charles (2 des personnes qui sont venus avec nous mais qui font partis de l’association TOEGA). Nous sommes allés manger au restaurant « l’eau vive » (qui est tenu par des sœurs missionnaires rattachées aux carmélites) qui prépare et aide des jeunes filles à avoir un métier (notamment en salle pour le service). On y a très bien mangé. C’était très bon. Les sœurs travailleuses missionnaires de l’eau vive accueillent les clients dans plusieurs restaurants à travers le monde. Les revenus leur permettent d’aider les populations locales en difficulté en organisant une soupe populaire mais aussi en formant des jeunes filles et en créant des projets humanitaires. La carte du restaurant propose des plats locaux (comme le To) mais aussi des plats plus européens. La salle climatisée et la cour fleurie contrastent avec le chaos de la rue. Pendant le repas les soeurs se réunissent pour chanter un « ave maria » harmonieux laissant le choix aux clients de les accompagner ou non dans leur prière. Ici quelle que soit sa confession (si tant est qu’on en ait une) chacun se sent à l’aise.
La fatigue est générale. Tout le monde est crevé. Nous pensions avoir le temps de rentrer pour nous reposer avant de repartir mais le service étant très long nous avons du faire une croix sur notre sieste. Dehors il fait une chaleur écrasante qui fragilise allègrement notre énergie. Nous avons tous plus ou moins mal à la tête. Laurent d’ailleurs est parti au début du repas sans rien avaler, terrassé par une migraine fulgurante.
Nous nous rendons donc à notre pension afin de récupérer quelques colis. Je donne un cachet à Laurent contre la migraine et il restera se reposer encore ici. Nous partons en direction de KAMZAKA, un centre d’accueil pour les enfants des rues. Kamzaka est géré par l’association « ENFANCE EN PERIL BURKINA » aidée par « ENFANCE EN PERIL France ». « Graines de joie » est intervenue ici en fournissant des lits jumeaux superposés (les enfants dormaient par terre) et en apportant différentes formes de soutien (comme par exemple le parrainage moyennant 15€ par mois). Tous ces garçons (car il n’y a que des garçons) ont un passé plus ou moins terrible (battus, violés, drogués, etc …). Le plus jeune, Isidore à 8 ans. Ca fait un an qu’il est là avec son grand frère. Kamzaka se charge de les éduquer (lire, écrire) et de leur apprendre un métier. A ce sujet là, j’ai rencontré Emilie, une française de 27 ans qui, déçue par le non aboutissement permanent de ses projets a décidé de prendre une année sabbatique afin de venir y faire du soutien scolaire. Cela fait un mois qu’elle est là. J’ai bien senti que c’était dur pour elle mais je lui ai dit mon admiration et ai essayé de lui remonter le moral. Il est vrai que c’est loin d’être facile ! Au début les enfants dormaient par terre et ne mangeaient qu’une seule fois par jour. Aujourd’hui grâce à des aides plus importantes ils peuvent être mieux logés et mieux manger. Le projet de « graines de joie » (et c’est un peu pour ça aussi que nous sommes venus) de participer à la pose de la première pierre d’un nouveau centre Kamzaka qui pourra accueillir 60 enfants. Cela représente un budget de 62.000 euros, le terrain étant fourni par la ville de Ouaga. Ainsi donc plus d’enfants pourront être sortis de la misère et la famine mais j’ai le sentiment que c’est une goutte d’eau. C’est un peu désespérant quand on voit tout ce qu’il reste à entreprendre. Je sais pertinemment que nous essayons tous de participer de notre mieux et que sur cette pierre reposera beaucoup de joie. Les enfants de Kamzaka sont heureux et CA, ça fait un bien fou au cœur.
Nous sommes rentrés du centre vers les 19h complètement lessivés. Nous nous sommes douchés avec délectation (enfin surtout Christophe et moi car ce matin il y a eu une coupure d’eau et nous n’avons pas pu nous laver (bon ok après c’était réparé mais on avait la flemme)). J’ai bien envie de me coucher sans dîner mais bon … je fais un effort et ressort avec la deuxième partie du groupe vers 21h. Nous allons au « verdoyant », une pizzéria tenue par un français marié à une burkinabée. Avec Christophe on s’est vraiment « poilés » car on était assis à côté de Maxime et Souleymane (le chauffeur de Michelle et Charles) et nous leur avons demandé de nous traduire certains mots de vocabulaire en Mooré (l’une des nombreuses langues parlées ici). Je me suis vraiment payé un bon fou rire.
Nous rentrons nous coucher mais il faut encore que je tape mon carnet … je n’ai vraiment plus de force mais je sais que si je ne le fais pas je n’aurais plus le courage de le faire plus tard.
Je me couche il est 1h du mat mais n’arrive pas à m’endormir avant 4h malgré la fatigue.
Vendredi 09 Novembre 2007, Ouagadougou
Réveillée doucement à 7h45 par Christophe qui a eu l’extrême amabilité de me chanter une chanson dédicacée, je me lève de bien meilleure humeur (on connaît ma légendaire et massacrante humeur au réveil !). Bref il nous reste environ 2O minutes pour faire ce que font les autres en 1 heure, mais ce n’est pas un problème car un café et une clope suffiront à me faire patienter jusqu’au repas de midi.
A 8h30 pétante, nous étions tous en bas à attendre le reste de l’équipe ! En ramenant les tasses de café, je me suis fait kidnappée par les enfants de la crèche. Comme ils étaient bien mignons, bien évidement, je n’ai pas pu résister, ce qui m’a mis légèrement en retard (je tiens cependant à préciser que je n’étais pas la dernière à monter dans le minibus).
Petite note de Critofle (c’est comme ça qu’Isidore a écrit son prénom) : « ce n’est que le deuxième jour, mais il devient évident que les trajets en minibus deviennent de plus en plus pénibles. Imaginez, 14 personnes serrées, sans clim avec une chaleur étouffante, des conditions de circulations chaotiques… Mais bon, chacun prend sur soi afin de ne pas rendre le trajet plus pesant qu’il ne l’est. L’idée d’une escapade en solitaire(s) commence sérieusement à faire son chemin. »
Nous avons commencé la matinée par la visite de l’orphelinat HOME KISITO.
Orphelinat HOME KISITO
Historique
En 1931, des missionnaires soucieux de répondre à la situation des nourrissons et jeunes enfants en détresse privés trop tôt de la présence de leur mère avaient créé une crèche familiale. En 1965, l'institution fut érigée en association par le révérend père Claude Blanc pour administrer la crèche baptisée HOME KISITO. Cette structure accueille des nourrissons orphelins de mère ou abandonnés, sans filiation aucune, des enfants de mère malade mentale errante. Exceptionnellement, il reçoit des enfants de familles en difficulté (enfants incestueux ou adultérins rejetés) en attente de réconciliation des parties.
Le drame vécu chaque jour par la petite enfance a conduit l’association Kisito à élargir son combat pour prendre en compte également les filles mères et les femmes en difficulté au niveau du Centre d’accueil et de réinsertion de la mère et de l’enfant. C’est là que nous logeons. Ce centre est appelé CARMEN KISITO, il est situé aux 1200 logements, secteur 14 de Ouagadougou.
Activités
Le Home Kisito (HK) dont la gestion est à la charge des sœurs de St François d’Assise assure l’accueil, l’hébergement, l’alimentation, la protection sanitaire, le placement et le suivi des bébés orphelins ou abandonnés de 0 à 2 ans.
Capacité d’accueil
L’orphelinat a une capacité d’accueil d’une cinquantaine de nourrissons. Ici les nourrissons sont répartis en 3 sections suivant leur âge : de 0 à 6 mois, de 6 mois à 1 an et de 1 an à 2 ans.
Volume d’activités
Le personnel du HK comprend présentement une infirmière diplômée d’Etat, deux agents itinérants de santé, une sage-femme, 22 nurses, 2 assisstantes sociales, un agent de suivi, 2 cuisinières dont une vacataire, un agent de ménage, 2 buandières, une dizaine d’employés des services généraux et de l’administration financière et comptable. Un contrat d’assistance médicale est passé avec un médecin pédiatre.
Statistiques
Au 31 octobre 2006 :
- 2666 enfants ont été accueillis au HK depuis 1967
- 51 enfants Kisito fréquentent la maternelle
- 43 le primaire
- 23 le secondaire
- 6 l’enseignement technique
- 1 l’enseignement supérieur
Accueil, suivi et adoption des bébés
Dès son admission au Home Kisito, le dossier complet du nourrisson est établi avec les renseignements sur ses parents, les antécédents médicaux et chirurgicaux, les filiations connues, les grossesses de la mère, les circonstances de l’accouchement et (quand c’est le cas) les causes du décès de la mère. Les rapports avec la famille biologique sont maintenus permettant en temps voulu, avant les 2 ans, le retour de l’enfant dans sa famille ou dans une famille d’accueil ou encore dans sa famille d’adoption. L’adoption, surtout pour les enfants abandonnés, se fait en conformité avec les lois et la réglementation en vigueur au Burkina Faso.
Partenaires et parrainages
Depuis sa création le Home Kisito est soutenu matériellement et financièrement par les dons des bienfaiteurs nationaux et étrangers et les contributions des partenaires. A travers le parrainage, des partenaires et bienfaiteurs étrangers viennent en aide à de nombreux enfants Kisito retournés en famille d’origine ou placés dans des familles d’accueil.
Sans aides et parrainages, le HK, qui est une œuvre caritative cesserait toute activité, laissant les bébés orphelins ou abandonnés sans soutien. C’est donc sur la générosité des uns et des autres que les enfants du HK vivent et s’épanouissent pour être les hommes et les femmes de demain.
Pour aider le HK et contribuer ainsi à sauver de la souffrance et de la mort un bébé orphelin ou abandonné, toute intervention qu’elle soit matérielle ou financière est la bienvenue en faisant soit des dons en nature sur place ou des versements financiers.
Apres un bref crochet à la maison et une micro sieste salvatrice, nous repartons au restaurant « l’eau vive ». Il faut savoir qu’au Burkina Faso, le service (et ce dans n’importe quel domaine), est extrêmement long. Afin d’éviter de perdre 3 heures à table (le moral et le physique des troupes étant en baisse, phénomène du a l’exposition prolongée au soleil), nous decidons de ne prendre qu’un plat unique. Flore, Laurent et Christophe n’ayant rien compris en ont commandé 2, voir 3…
Note de Christophe : « J’étais très déçu de ne pas avoir eu mon troisième plat. Rendez vous compte ! Des frites locales ! La déception, le chagrin, la douleur. Mais quel réconfort, la leçon de Magali: Transformer un vulgaire Nescafé en authentique expresso avec son onctueuse mousse et son amertume si douce pour l’âme ! Merci Magouille. Allez ! Demain pour le fun j’en commande quatre… Une fois de plus, à peine rentrés, la spécialiste des micros siestes me lâche encore une fois, je me vengerais ce soir. Finalement, je m’inspire de son karma et arrive à trouver le sommeil. Enfin… car ce que ne vous a pas dit Magouille, c’est que pour l’instant les nuits sont courtes, mais très agréables (surtout les pauses clopes à 2 heures du mat et les innombrables questions existentielles entre moustiquaires) »
Je me lève à 16h bien plus à même d’aborder ma mission c’est à dire aller prendre en photo les enfants de l’école en train de goûter. Ils sont 100, minuscules, plus beaux les uns que les autres. Les institutrices m’ont autorisé à participer à la classe, car je crevais d’envie d’être au milieu de toute cette énergie. Pour le goûter il y a un rituel qui consiste à se laver les mains dans un seau d’eau savonneuse puis se les rincer dans un seau d’eau claire. Ce qui me fait rire c’est qu’ensuite les enfants s’assoient par terre dans cette terre rouge et collante et se retrouvent immédiatement les mains couvertes de poussière. Mais bon, je suppose que c’est plus pour leur apprendre les rudiments de la propreté et de l’hygiène que pour qu’ils soient propres comme des sous neufs. Je me retrouve au milieu de cent enfants qui viennent me saluer en me serrant la main. J’aime cet instant privilégié. En attendant les autres préparent les cartables pour demain. En effet parmi les 800 kilos de bagages nous avons apporté des cartables, des stylos, des crayons et cahiers pour la rentrée des classes. Les femmes de notre groupe se chargent de répartir les fournitures et remplir les cartables suivant le nombre d’enfants de l’école du village à qui nous les donnerons, pendant que Paolo et Laurent vont à des RDV et que Christophe interview la mère supérieure qui gère CK, Soeur Marie. Une fois les cartables comptés et rangés nous repartons « en ville » pour retirer de l’argent, acheter de quoi organiser le pique-nique de demain et passer dans un magasin de produits au beurre de Karité. En ce qui me concerne, j’achète du beurre de karité pur pour 2500 CFA le kilo. J’en connais qui vont être contentes !
Nous rentrons un peu crevés il faut le dire et décidons avec Christophe et Flore de ne pas ressortir pour le dîner. Nous avons tous besoin je crois d’être un peu seuls et de calme. En plus nous n’avons pas très faim. Nous passons donc une agréable soirée à papoter tous les 3 en mangeant de la « vache qui rit » entre 2 Tucs au paprika. Un dîner parfait avec une compagnie parfaite.
Ah oui ! J’ai oublié de dire que j’ai eu un petit coup de blues tout à l’heure car en rentrant j’avais téléchargé toutes mes photos de cet aprèm et ensuite je les ai effacé de ma carte mémoire. Hors ces dernières ont subitement disparu de mon ordinateur. Complètement sous le choc je n’avais vraiment plus envie de sortir car je sais que je n’aurais pas été très réceptive ce soir. Mais voilà ! Heureusement Christophe les a retrouvées une fois l’ordi rallumé. QUELLE JOIE ! QUEL BONHEUR !!!! Merci Saint Christophe, je ne vous oublierai jamais !!!
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