samedi 8 novembre 2008

Brésil - Mission Mai 2008 1ère partie

Mardi 6 mai 2008, Marseille – CDG – Rio de Janeiro, Brésil
Parce qu’il y a des jours ou rien ne va … parce que ce matin, à part le fait que je me sois réveillée naturellement à 3h51, juste un peu avant que mon portable ne sonne, tout allait de travers. Parce que pour des raisons peu raisonnable j’ai le cœur en berne, parce que ce matin en voulant ne pas faire de bruit tout m’a échappé des mains, parce que même le temps, à l’égal de mon humeur était maussade et qu’il pleuvait sur les toits comme sur mon cœur. Pour toutes ces raisons je suis arrivée d’une humeur peu agréable à l’aéroport.

J’ai donc rejoins Paolo, Laurent et Patricia et nous nous sommes envolés pour Rio via CDG avec 250 kilos de bagages. Grâce aux nombreuses connaissances de Paolo nous avons été surclassés en business ce qui, pour un vol de 11h est un élément non négligeable. J’ai fait plus ample connaissance avec Patricia car lors de notre première rencontre à Ouagadougou, le nombre important des participants ne permettait pas d’apprendre à tous se connaître. Nous nous sommes découvertes et elle m’a surtout écouté car, comme si le flot de mes mots pouvait faire disparaître mon mal être, j’ai ouvert les robinets, noyant ainsi le poisson. C’était un peu un comme fuir le fait que je ne voulais pas parler et aurais préféré restée prostrée dans mon moi si triste. J’ai essayé de dormir mais mes larmes ont pris le relais et j’ai passé une bonne partie du vol à pleurer.

A l’arrivée à Rio nous avons passé plusieurs contrôles. Le premier un rayon X contrôlant les bagages à main, le classique passage de douane, la récupération des bagages puis un autre rayon X qui contrôlait tous les bagages en soute. Le tout prenant 2h. Un van nous attendait car avec tous ces bagages il aurait été trop compliqué de prendre des taxis et surtout moins sure. Il nous faudra environ 40 mns de route pour rejoindre la favela de Pavãosinho (le petit paon) ou nous attendait Sœur Marie Rose (carmélites du troisième ordre). Deux personnes ont transportés sur leur dos les 14 paquets que nous leur avions préparés pour les monter à la mission. Ensuite Alejandro nous a emmené chez Margarida chez qui nous avions fait une réservation. Sa pousada n’étant finalement pas libre elle nous emmena dans un de ses appartements. Le grand luxe, nous avons chacun notre chambre, cuisine lave linge et tutti quanti ! Pour le prix à payer nous verrons demain. Margarida nous a prêté 300.000 Reals pour pouvoir payer Alejandro (180.000 R) et voir venir demain matin puis elle a filé car elle était pressée.

Il est 21h, nous sommes tous dans nos chambres respectives, trop fatigués pour redescendre manger quoi que ce soit. On verra bien demain.



Le 7 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil

La nuit fût parfaite. Réveillée sans aucune notion du temps je me suis levée car il faisait jour et que j’entendais du bruit. Il était 7h et tout le monde venait de se lever. Nous nous sommes préparé un bon petit déjeuner. Une jeune femme s’est présentée très étonnée de nous voir déjà attablés. Elle était là pour nous, nous apportant petits pains chauds et croissants locaux. Nous avons donc mangé avec plaisir avec vue sur un Corcovado ensoleillé. Un de ces petits moments de bonheur que nous offre la vie. Avec les premiers rayons du soleil mon cœur s’est un peu réchauffé et l’envie de descendre dans la rue est montée en moi. L’envie d’affronter Rio et ses rues bruyantes, d’être habillée en tenue estivale, d’entendre parler une langue étrangère que je ne comprends que vaguement. Vouloir découvrir la favela, envie d’autre chose, envie de ne plus penser à moi mais aux autres.

Nous descendons dans la rue vers 9h. Il fait 21°C. C’est parfait ! Nous allons tout d’abords faire du change. 1€ vaut 2.60 Reals et le 1$ vaut 1.60 ®. Nous avons rendez vous avec Sœur Marie Rose à 14h ce qui nous laisse tout le temps d’effectuer nos premiers achats. En effet Paolo veut ramener des maillot et des tongs pour les revendre afin de récolter l’argent dont nous avons besoin pour boucler nos divers projets notamment celui de Kamzaka. Nous allons donc Rua Santa Clara, 33 chez By Dina Maia. Là s’en suit une loooooooooooongue série d’essayage pour Patricia et moi …. Chacun y allant de son choix et préférence. Le prix moyen d’un bikini nous revenant à 11.5€. Monica la gentille vendeuse est bien contente de sa journée et du coup elle a fermé le magasin pour nous faire les paquets. Un problème de payement nous obligera à revenir et de toutes les façons nous avons terriblement faim et il est déjà 13h. Nous laissons donc un acompte et partons nous restaurer dans un Rodizio. Pour 17.9O® (boisson non inclue) on peu manger à volonté. Dans un rodizio le principe est simple. Chacun se sert au buffet puis se présente à votre table des jeunes gens munis de brochettes énormes de viandes. Les viandes sont juteuses à point et le ballet des serveurs incessant. C’est idéal pour les gros mangeurs ou les gens faisant un régime hyperprotéiné J !!!

Une petite marche digestive nous amène au pied de la favela où nous avons rendez vous avec Sœur Marie Rose car il faut absolument être accompagné pour pouvoir pénétrer dans le Moro (ce mot (mont) est utilisé pour désigner les favelas qui sont toutes construites sur le même modèle c’est à dire un enchevêtrement de maison construites à flan de colline). Le mot favela est très péjoratif ici et il faudra donc lui préférer celui de Moro afin de ne pas froisser la population locale.

Sœur Marie Rose est au rendez vous et nous pénétrons donc dans le Moro. Les premières marches passées nous franchissons le premier poste de « sécurité ». Je mets ici le mot sécurité entre parenthèse car en fait il s’agit de jeunes de la favela, armés, qui fument des pétards et sont en poste afin de prévenir leurs collègues de l’arrivée de la police. Ils sont deux et l’un d’entre eux porte un revolver dans son caleçon. Quelques marches plus haut, en jetant un coup d’œil furtif sur la gauche nous en verrons 4 de plus (dont un armé d’une kalachnikov) et il en est ainsi jusqu’aux dernières maisons de la favela.

Les rues ne sont qu’un dédale de bric et de broque, étroit et insalubre où cours des égouts noirs dont l’odeur vous saute à la gorge. Nous rentrons chez les sœurs, à l’abri, enfin si tant est que l’on puisse y être, à l’abri. En effet, ici rien n’est moins sure car d’un moment à l’autre tout peut basculer, comme il y a 15 jours : le mercredi Marie Rose nous a raconté que les policiers sont rentrés dans la favela et on tiré sur les réverbères afin de plonger le moro dans l’obscurité. Il paraît que l’on ne voyait plus que les flashs des tirs et de grenades. Le BOPE (bataillon des opérations policières spéciales) appelé ici la tropa de elite est un bataillon composé d’une centaines d’homme qui ont subit un entraînement impitoyable tant physique que moral afin de lutter contre le trafique de drogue omniprésent ici à Rio et plus particulièrement dans les favelas. La sœur nous a raconté la peur de cet intrusion, le bruit de l’hélicoptère qui sert à la traque et celle de la vue de l’imposant camion blindé estampé de la tête de mort aux deux pistolets, symbole plutôt évocateur de cette troupe sensée protéger les habitants de Rio. Chaque intrusion de ces policiers dans la favela évoque la mort qui, avec un peu de chance, atteint l’objet convoité (le caïd ou le trafiquant recherché) et avec moins de chance celles de personnes « innocentes ». En effet les balles perdues ne sont pas rares et de nombreuses personnes sont blessées ou tuées lors de ces raids. Au mois de février c’est 6 petites filles qui ont péri lors des affrontements entre la police et les trafiquants dans diverses favelas de la ville.

15 jours ce sont donc passés depuis cette « attaque » et depuis la sœur n’ose plus trop sortir quand la nuit tombe. Mais dans cette communauté extrêmement pauvre il semble que tous les malheurs du monde se soient rassemblés. En plus de la pauvreté, la drogue et les armes il y a en ce moment une épidémie de dengue. Il faut dire que toutes les conditions sont réunies pour que les moustiques prolifèrent dans l’opulence. Et comme si cela ne suffisait pas, le seul dispensaire qui pouvait offrir des soins a été fermé car les subventions du gouvernement ont été coupées. Il n’y a donc plus rien ici pour soigner les gens de cette communauté. Il ne leur reste plus qu’à mourir.

J’ai fait la connaissance de Sœur Marie Joseph qui est burkinabé. Les sœurs ne sont plus que 2 dans cette communauté car la troisième a été envoyée au Pérou dû à une santé fragile. Sœur Marie Jo vit ici depuis 11 ans et sœur Marie Rose depuis 2 ans (cette dernière est de Wallis et Futuna). Le départ de la 3ème sœur leur porte vraiment préjudice car le travail est immense et il est beaucoup plus difficile à gérer à deux. Elles ont demandé à Rome de leur envoyer quelqu'un mais il semblerait que leur communauté rechigne à envoyer plus de renfort, principalement à cause du manque de sécurité. Travailler ici n’est pas une sinécure.

J’aime le langage franc de sœur Marie Rose. Elle n’a pas la langue dans sa poche et la gestuelle appuie souvent sont découragement. Elles forment une équipe peu orthodoxe. Elles sont curieuses de tout, attendent des nouvelles avec l’avidité d’un enfant qui attendrait le père Noël et l’on sent bien que notre venu leur fait extrêmement plaisir. En effet, mis à part lorsqu’elles sont à l’extérieur, elles vivent en microcosme complet. Les visites sont rares (et aujourd’hui j’ai vraiment compris pourquoi), pour ne pas dire inexistantes. Elles posent donc des dizaines de questions et reconnaissent, non sans demander pardon à leur dieu, qu’elles sont curieuses comme des pies. Elles n’arrêtent pas de se charrier et de rire. C’est un plaisir de partager un moment avec ses femmes. Elles se livrent et nous parlent du découragement qui les assaille parfois, de leur envie parfois de tout envoyer balader, de leur impuissance par rapport à pleins de choses et puis aussi de leur force intérieur, force qu’elles puisent dans leur prières. Je n’ose imaginer dans quelle état elle peuvent être à certaines périodes et je les plaint.

Elles nous ont parlé de la PAC (Projet d’Aide aux Communautés), projet gouvernemental visant à modifier la favela. Ce projet par exemple vise à détruire des dizaines de maisons (dont la leur) afin de construire une route qui traverserait la favela, jetant ainsi des centaines de personnes à la rue. Elles nous ont raconté la loi du silence, la non communication entre le gouvernement et leur communauté (cette favela compte environ 25000 personnes), leur impuissance face à cette situation. Elles nous ont raconté les maternités précoces des filles de la favela. Il n’est pas rare de croiser une fille de 13 ans enceinte …. Du deuxième ou troisième enfant. Ici être grand-mère à 30 ans est presque une règle ….

Elles nous ont aussi parlé d’un projet (baptisé UNICOM) qu’elles ont mis en place avec une jeune fille de la favela (Vanessa) qui suit des cours de psychologie à l’université et qui, grâce à son acharnement, à réussi à faire venir des professeurs bénévoles dans la favela afin qu’ils assurent des cours de soutien scolaire, d’anglais, d’espagnol et de portugais. Les sœurs donnant des cours de persévérance (catéchisme pour ceux ayant effectué leur première communion afin qu’il puissent se préparer à la profession de foi). Ca fait 1 an déjà qu’elles ont mis le projet sur pied, seules, et que les cours sont dispensés 4 jours par semaine. Seulement elles manquent cruellement de soutien car leurs ressources sont maigres et, même si les professeurs sont bénévoles, elles mettent un point d’honneur à leur donner 50® (20€) par mois afin de participer symboliquement à leurs frais de déplacement et de communications téléphoniques. En effet ici personne de rentre dans la favela sans être accompagné et il faut qu’ils les appellent quand ils sont en bas afin que l’une d’entre elle viennent les escorter. Aujourd’hui 50 enfants et 30 adultes profitent de cet enseignement. Les sœurs se sont organisées pour trouver 3 salles afin de pouvoir accueillir ces derniers. Elles ont fourni chaises et tableau mais elles manquent de fournitures et matériel scolaire. Ce projet leur tient vraiment à cœur et c’est probablement pour cela qu’elles ont eu tellement de mal à nous demander notre aide. Nous leur avons assuré que si nous pouvions les aider nous le ferions mais pour cela il faut connaître les besoins réels et faire un devis. Elles étaient ravies de savoir que, même si nous ne pouvions pas leur assurer à 100% que nous pourrions les aider, nous ferions de notre mieux. Elles ont confiance en l’association et je suppose que le fait de savoir que oui, nous sommes là, derrière elle pour les soutenir, doit être un grand soulagement. J’essaye d’imaginer à quel point ça doit être dur et gênant d’avoir à demander de l’aide car, même si l’orgueil est un pêché capital je suppose que dans ce genre de situation on ne doit pas pouvoir s’empêcher d’en ressentir une pointe, pointe qui leur sera probablement pardonné … enfin … si jamais … bien sur !!!! Alors plus que de l’orgueil je considère ça comme un acte de courage.



Le 8 Mai 2008, Rio de Janeiro, Brésil

Ce matin nous sommes allés un peu à la plage car nous n’avons rendez vous avec les sœurs qu’à 15h. Nous allons donc nous étendre sur la plage d’Ipanema chez Jorge et Cris à qui nous louons des chaises. Il fait un temps magnifique et le cadre est idyllique. L’eau bien que froide au début est délicieuse. C’est incroyable comme la mer est un élément apaisant. A chaque fois je suis envahie par une sorte de paix intérieure. En plus la compagnie des autres m’est fort agréable. Nous trinquons à la santé de Maya qui aurait aimé être avec nous pour cette mission et la caipirinha fini de nous plonger dans un état de béatitude presque total. Les garçons remontent à l’appartement pour préparer le déjeuner pendant que Patricia et moi profitons encore un peu de la plage. J’apprécie vraiment sa compagnie et bavarder avec elle.

Après le déjeuner nous allons à la favela. Les sœurs n’étant pas au rendez-vous nous devrons les appeler. Aujourd’hui au « poste de vigilance N°1 » c’est un garçon qui doit avoir à peine quinze ans munit d’une mitraillette qui nous décroche un grand sourire. Il a eu l’aval de ses frères qui squattent derrière un mur. Je me permets un « bonjour » auquel il répond volontiers. Je préfère encore me le mettre dans la poche et surtout qu’il grave nos visages dans son cerveau au cas où, pour X ou Y raisons nous serions amenés à le recroiser sans la présence des sœurs. C’est assez curieux comme sensation, je veux dire le fait de dire bonjour à un gamin armé trafiquant de drogue afin de s’en faire un « ami ». En fait ici ceux qui pourraient nous causer le plus tords sont les policiers car ici nous sommes sous la « protection » du caïd. En effet ils ont ordre de ne pas nous toucher puisque nous venons pour le bien de leur communauté. Donc, une fois qu’ils ont scannés nos visage nous sommes supposer ne plus rien risquer. Il en est tout autrement de la part des policiers pour plusieurs raisons. En effet nous pouvons très bien être pris pour des trafiquant, surtout que nous nous baladons souvent avec des sacs afin d’amener des choses aux sœurs. Donc, nous avons pour consigne, au cas on se retrouverait avec un flingue dans la nuque de crier que nous sommes « gringos » (c’est ce qui est arrivé à Laurent l’année dernière). Personnellement je me balade avec une photocopie de mon passeport afin de pouvoir prouver ma nationalité.

A peine arrivés chez les sœurs nous repartons à la découverte de la favela afin de pouvoir rendre visite aux familles qui connaissent l’équipe. Il paraît qu’ils appellent tous pour savoir si on est arrivés ou quand est ce qu’on repart car tout le monde veut nous voir.

Nous commençons donc notre ascension vertigineuse à travers des ruelles sombres et malodorantes. On monte des centaines de marches nous arrêtant dans diverses maisons dans lesquelles chacun met un point d’honneur à nous offrir un petit café, un gâteau, un coca ou n’importe quoi qui puisse nous montrer à quel point nous sommes les bienvenus.

Et c’est ainsi que je fais la connaissance de ces personnes merveilleuses, accueillantes et sympathiques. Chaque famille nous ouvre leur très humble demeure afin de nous garder l’espace d’un instant, instant qui sera gravé dans leur mémoire et dans nos cœurs. Chacun évoque le passé et les moments exceptionnels qu’ils ont passés lors des différentes missions de graine de joie ici ; comme par exemple cette excursion au Corcovado (ils avaient emmené plus de 60 enfants et adultes), cette journée à la plage ou n’importe quel geste ou attention qu’on ai pu leur prodiguer. Chacun de ces moments si particuliers est évoqué avec nostalgie mais surtout avec une immense gratitude. Comment ne pas tomber sous le charme de ses gens si simples et chaleureux !

Nous passerons environs 5h dans la favela profitant d’un point de vue magnifique une fois arrivés presque en haut du Morro. Nous n’irons pas jusqu’en haut car la nuit est tombée et l’on y voit rien. Au cours de notre « balade » nous rencontrerons plusieurs « postes de sécurité » mais celui qui m’a fait le plus rire est le jeune homme adossé au mur (toujours avec son flingue dans le caleçon) qui, avec la plus grand naturel nous dit « vous pouvez y aller, la zone est sécurisée ». C’est le monde à l’envers ! Plus nous montons plus nous apercevons de guetteurs mais notre œil novice a bien du mal à les repérer parfois. Celui des sœurs lui est affûté… à moins que ça ne soit parce qu’ils occupent toujours les même poste. Ils sont munis de talkie walkies.

Leur présence plus accrue me semblera plus évidente une fois que l’on m’aura expliqué pourquoi. En effet nous sommes presque au sommet maintenant et nous allons rendre visite à une certaine Maria. C’est une femme d’un certain âge et il y a chez elle 5 enfants plus mignons les uns que les autres. Nous sommes accueillis comme le messie. Maria est très contente de nous voir et sa joie m’impacte beaucoup. Je suis surprise par ma capacité à communiquer avec les brésiliens. Je ne me souvenais pas que nous nous comprenions si bien. Le petit dernier est un enfant magnifique, presque blanc avec de grandes boucles cuivrées. Paolo discrètement m’explique une fois sur la terrasse que la maison qui est juste à côté est celle du parrain actuel de la favela et qu’en fait, cet enfant si beau n’est autre que le fils de ce dernier qu’il a eu avec la fille de Maria. C’est donc pour cela qu’il y a tout ce confort à l’intérieur et que la petite nous mitraille avec son appareil photo numérique dernier cri. Il n’y a plus qu’à espérer qu’il n’y ai pas de descente de la BOPE ce soir pendant que nous sommes là !

On passe un bon moment chez elle puis elle nous accompagne un petit bout de chemin. Nous empruntons donc le chemin du retour, de nuit et dans le noir. Il faut faire extrêmement attention car les escaliers sont raides, il n’y a que très rarement de rampes et les marches sont irrégulières. Nous passons par un « couloir » que Paolo déteste car en effet il a de cet endroit un très mauvais souvenir. Il y a deux ans un des trafiquants ayant pris Laurent pour cible s’était énervé et c’est grâce à l’intervention de la sœur que tout s’est arrangé. Partout dans la favelas les odeurs se mélangent mais mis à part celle des égouts la plus prédominante reste quand même celle de l’herbe ou du shit. Nous passons ce couloir sans encombre surtout que nous a rejoins Juliana et, comme elle fit partie de la famille du parrain c’est une protection supplémentaire. Je ne sais pas combien de marches nous avons gravit aujourd’hui, des centaines …. Et une fois arrivés chez les sœurs nous continuons notre descente afin de visiter d’autres familles. Nous allons voir Solayana, jeune fille de 18 ans. Elle s’est mariée samedi dernier avec un homme de 28 ans car elle est enceinte de 4 mois. Elle nous met le DVD de son mariage qui a été célébré dans la chapelle des sœurs, la fête ayant lieu dans la salle d’en bas. Cette fille est magnifique. Nous nous entassons donc tous sur le canapé ou parterre afin de regarder le film et je sens bien que les autres sont dans le même état que moi c’est à dire plus morts que vivants. Je me liquéfie sur place. Cette journée a été épuisante tant sur un plan physique que moral car marcher dans la favela est épuisant mais surtout parce que nous avons fait énormément de rencontres et que cela demande de l’énergie. Je suis vidée de mes forces et commence à me décrocher la mâchoire. C’est à celui qui baillera le plus. De retour chez les sœurs ces dernières nous offrent un encas sur lequel je me jette car non seulement j’ai un peu faim mais c’est surtout que je sais que je n’aurais pas la force de ressortir avec les autres puisqu’il faut que j’écrive mon carnet et que la tâche me semble insurmontable ce soir. Je sais qu’il faut que je le fasse car sinon il sera trop tard et je regretterai de ne pas avoir partagé cette expérience fantastique sur le plan humain avec ceux qui me lisent.

Il est 23h, les autres ne sont pas rentrés et je crois que je vais aller me coucher.

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